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Tant que les lions n'auront pas d'historiens, les histoires de chasse tourneront à la gloire du chasseur - Le mensonge se lève très tôt mais la vérité finit par le rattraper - Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage

jeudi 26 août 2010

Femmes et libération

40 ans. Au coeur des choses...

Une lutte féministe solidaire, refusant de stigmatiser les uns contre les autres, le Sud contre le Nord. Une lutte au bénéfice de tous - y compris des hommes. Une lutte consciente que la hiérarchie du « blanc » à « l'âne » décrite par Alphonse Daudet dans Tartarin de Tarascon concernant l'Afrique du Nord, comporte autant de chaînons marquants qu'il y a de degrés dans cette « hiérarchie des "races" » : les femmes, toujours sous silence, et au bout du compte, toujours en dernier.



Le drame le plus éloquent de l'écrasement des femmes étant la pratique de l'excision, « j'imagine les lecteurs de bonne volonté que leurs femmes auront décidés à parcourir ce livre* répliquant qu'après tout en Europe elles n'ont pas à se plaindre car on n'a jamais eu recours à la chirurgie pour remodeler leurs organes », écrit Benoîte Groult dans un livre (*Ainsi soit-elle – cit. p. 115) de 1975, mais qui n'a, sur bien des points, pas beaucoup vieilli.

Elle vient de décrire les horreurs des pratiques variées de l'excision, répandues au minimum du Yémen à bande sahélienne jusqu'à l'Atlantique en passant par la vallée du Nil. Elle passe à ceux qui, en Europe, se pensent exempts de critique.

« Eh bien, qu'ils ne se rassurent pas à trop bon compte : c'est faux ! En Europe aussi des hommes auraient bien voulu neutraliser ce petit organe insolent et inutile pour le mâle, donc parfaitement répréhensible. Et eux aussi ont rêvé de chirurgie parce qu'elle constituait le moyen idéal pour extirper à la racine cet odieux plaisir féminin.

Au XVIIe, le chirurgien Dionis effectuait, toujours à la demande des maris, bien entendu, la résection du clitoris « pour faire des femmes de devoir ». Les épouses ainsi rectifiées ne risquaient effectivement plus d'être des femmes de plaisir.

En 1864, Broca, célèbre chirurgien et fondateur l'École d'anthropologie française, proposa dans un souci d'humanité de "mettre le clitoris à l'abri" en suturant les grandes lèvres devant l'organe, au lieu de l'extraire purement et·simplement. Mahomet**, dans un souci d'humanité lui aussi, avait conseillé de n'en enlever que la moitié... Enfin en 1900, le docteur Pouillet recommandait de cautériser au nitrate d'argent les parties sensibles des jeunes filles enclines à "se manueliser". (Cité par Jean Markale dans La Femme celte.) » (Ibid. p. 115-116)

(** B. Groult vient d'écrire qu' « il est juste de dire que le Coran n'est pas l'inventeur de cette mutilation. L'excision comme le voile pré-existaient à l'enseignement de Mahomet. [...] Mahomet fait allusion une seule fois à l'excision, selon les Hadiths, pour recommander de ne pas trop saccager le voisinage en opérant : "N'interviens pas de façon trop radicale, c'est préférable pour la femme." » Ibid. p. 102.)

Concernant l'Europe, « bien sûr, cette pratique ne fut jamais très répandue mais on avait osé y songer... » (Ibid. p. 116).



… À partir du moment où on a cessé d'ignorer l'existence du clitoris !

Car, « puisque cet organe est inutile à l'homme et à la procréation, il faut donc l'ignorer ou le détruire. Ce qu'on a fait. Les manuels d'anatomie jusqu'au siècle dernier n'en faisaient même pas mention et le mot n'est apparu que tardivement dans le Petit Larousse. De même en Inde ou en Perse les fameux traités d'amour dont la réputation érotique est très surfaite ne font jamais allusion au plaisir clitoridien. » (Ibid. p. 91-92)

C'est que, de toute façon, « supposer que la femme puisse éprouver du plaisir sexuel est une vile calomnie », pense Acton, médecin contemporain de Freud (que B. Groult cite en exergue de son ch. 5). Alors...

On en est donc alors bien là : une partie du monde qui ignore l'organe, une partie qui le connait et le mutile ! « Apparu que tardivement dans le Petit Larousse », avec lui, le XIXe siècle européen semble le découvrir. Et là, l'idée de l'amputer séduit !

Jusque, « parmi les complices de la mutilation érotique des femmes, à la désolante Marie Bonaparte entre autres, qui eut l'occasion d'examiner beaucoup de femmes excisées en Égypte et qui conclut dans La sexualité de la femme, en 1951, que cette mutilation est parfaitement justifiée "puisqu'elle parfait la féminisation en supprimant un reliquat inutile du phallus". » (sic !) (Ibid. p. 97)...

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