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Tant que les lions n'auront pas d'historiens, les histoires de chasse tourneront à la gloire du chasseur - Le mensonge se lève très tôt mais la vérité finit par le rattraper - Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage

dimanche 5 septembre 2010

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Des journalistes, explorateurs, anthropologues, ethnologues, juges, sociologues, thérapeutes... et « une luxueuse revue d'Air France », etc., parmi les défenseurs la "pittoresque coutume" de "l'exérèse génitale" (c'était dans les années 1970)...

Extraits du dernier livre de Benoîte Groult, Mon évasion, autobiographie, Grasset, 2008, éd. Poche p. 191-193 :

« Il ne faut pas confondre culture et civilisation : les mutilations [féminines génitales] résultent d'un phénomène culturel, donc variable selon le régime politique ou le poids de telle religion. [...] On trouvait bien de-ci de-là quelques reportages de journalistes ou d'"explorateurs" sur ce qu'ils qualifiaient de "pittoresque coutume". Mais la souffrance, l'asservissement physique et moral que représente cette pratique étaient toujours passés sous silence.



Je me souviens d'avoir lu à l'époque, dans une luxueuse revue d'Air France, la description d'une de ces "cérémonies d'initiation" en Haute-Volta, (qui ne s'appelait pas encore le Burkina-Faso), affirmant sérieusement que l'opération avait pour but de "parfaire la féminité des adolescentes". En somme, on accroîtrait la féminité en rasant un organe spécifiquement féminin Suivait un article où le même journaliste s'indignait du scandale des pauvres chiens abandonnés chaque été en France. Et personne ne s'interrogeait sur le scandale des enfants mutilées, car personne ne se souciait d'aborder un sujet aussi dérangeant et... indécent !

Il est inexact de dire que les journalistes et les anthropologues étaient indifférents. C'est pire: ils étaient méfiants. S'ils se défendaient de toute compassion, de toute dénonciation de cette coutume, c'est que partout les hommes ont eu peur de toucher au rapport Homme/Femme. Là-bas, sous prétexte de respecter les coutumes ; ici, parce qu'eux-mêmes n'ont pas réglé leur contentieux avec les femmes. Beaucoup de faits scandaleux sont ainsi restés ignorés, grâce à une immense conspiration du silence. On pense au viol, si longtemps nié ou dont on rejetait la responsabilité sur la victime ; à l'inceste, aux femmes battues, à la pédophilie, etc. "Le silence est la forme la plus civilisée du génocide", écrivait Régis Debray dans Le Pouvoir intellectuel en France.

Plus subtile et plus néfaste encore a été l'argumentation des ethnologues qui furent cités comme témoins dans les affaires d'excision ayant entraîné la mort d'enfants dont a eu à connaître la justice française. Leurs arguments - respect des traditions locales, droit à la différence culturelle - ont conduit les juges, au début, à acquitter les prévenus. Pourtant, cette conception qui se targuait de respecter les ethnies (au point d'avoir été admise dans un premier temps par SOS-Racisme), conduisait à des dérives inquiétantes: l'idée que les droits humains puissent varier selon le sexe, la race ou la religion est, comme l'apartheid, une forme de racisme. Ce fameux droit à la différence était, pour les femmes mutilées, un devoir de différence, le contraire d'une liberté. Si l'on considère les petites filles africaines comme égales aux nôtres, on doit les protéger également, quelle que soit leur couleur, contre toute atteinte à leur intégrité corporelle, et contre toute forme de torture (Article 3 de la Convention européenne des droits et des libertés fondamentales).

Ce prétendu respect des traditions africaines [...] n'étouffait les scrupules de personne quand il s'agissait d'imposer aux peuples d'Afrique des "valeurs" autrement moins humanistes, telles que l'économie de profit, la monoculture aux dépens des cultures vivrières, ou l'urbanisation à outrance.

Certains sociologues, ou prétendus tels, ont même été plus loin. "L'exérèse génitale", comme ils disent sans frémir, aurait son utilité: "L'enfant des pays civilisés, ignorant ce cheminement, semble avoir beaucoup de mal à franchir les diverses étapes de son existence. Loin d'aliéner l'individu, l'initiation l'aide donc à franchir les stades de son évolution sans heurts et sans refoulements." (Robert Arnaud.)

À signaler à nos thérapeutes : la clitoridectomie, facteur de santé mentale ! [...] »

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