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Tant que les lions n'auront pas d'historiens, les histoires de chasse tourneront à la gloire du chasseur - Le mensonge se lève très tôt mais la vérité finit par le rattraper - Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage

jeudi 23 septembre 2010

Harkis – Roms. Aucun rapport, évidemment... Quoique

Retour sur le film "La Blessure".

La question est posée sur un blogs Nonobs : ici, plus précisément dans les commentaires qui suivent le post.



Je n'ai pas vu le débat qui suivait le film. Débat au cours duquel, selon un commentateur du post, la journaliste présentant l’émission, B. Schönberg, aurait fait le rapprochement entre Harkis et Roms. Rapprochement que ledit commentateur dénonce, de façon à peu près irréfutable.

"Un seul bémol, dit-il, quand à la fin la journaliste [...] a fait une allusion aux étrangers que les français devraient regarder différemment je pense qu'elle faisait allusion aux Roms... qui n'avaient rien a faire là dedans, les harkis ont combattu avec la France les Roms pas que je sache..." ('Nirep') - Quoique...

L’auteur du post rejoint tout-à-fait le commentateur, ajoutant une argumentation détaillée. L'incongruité du rapprochement semble bien confirmée, faits d’histoire à l'appui :

"Les gitans étrangers n'avaient rien à faire dans cette remémoration de notre histoire :Il s'agissait d'une flétrissure de notre honneur militaire alors que l'expulsion des roms est affaire de simple police."

Concernant "l'amalgame qu'aurait fait la journaliste [...] entre le sort de harkis abandonnés [...] et celui ménagé de nos jours par la France aux étrangers [...] je ne vois aucun lien possible ne serait-ce qu'eu égard aux circonstances. La distance est encore plus grande si l'on suggère les Roms : Il s'agit d'une communauté de gens dont leur pays d'origine profite des statuts de l'Union Européenne pour s'en débarrasser, en ayant accessoirement piqué 20 Milliards à ses 'partenaires' censément pour aider ces populations défavorisées [...]
"Pour ce qui concerne les harkis, il y eut dans ces corps combattants pour la France, c'est connu, de tout comme sociétés, depuis les fidèles soldats qui ont cru à notre république et à un devenir réellement français dès lors qu'ils s'engageaient à fond à 'nos côtés'... jusqu'au fels retournés : prisonniers [qui] avaient 'parlé' et étaient dès lors repérés par la population à laquelle on les exposait ostensiblement et donc condamnés par leurs anciens complices.
En tout état de cause, ces gens ont servi sous notre drapeau et depuis que l'esprit belliqueux et agressif de l'homme s'est étayé de principes cohésifs, celui qui est resté fidèle à une cause, de gré ou de force, doit avoir droit à la protection de son camp : Les harkis ont été lâchement abandonnés."
('Marius')

Irréfutable sous l’angle abordé. Rien à voir entre les Roms et les Harkis. Toutefois - car me semble-t-il, il y a un toutefois, un toutefois qui se présente sous forme de classification, disons "ethnique"...

"Les pouvoirs publics [les] considèrent comme un groupe inadaptable qui serait une charge pour la société française". Un "groupe". De quel "groupe" s'agit-il ? D'un "groupe" de combattants "supplétifs", les Harkis abandonnés ou relégués dans des camps de regroupement ?

"Il revient [...] dans chaque département, aux préfets d'engager [...] une démarche systématique de démantèlement des camps illicites, en priorité ceux de Roms", précise un circulaire désormais fameuse d'août 2010 qui vise les Roms à plusieurs reprises nommément. Ici ce ne sont certes pas les anciens combattants du camp de la République française, c'est un autre "groupe". C'est là le point commun. Admettons le seul, mais il n'est pas négligeable...

C'est cela précisément qui a arrêté la commissaire européenne : "Dans notre Union européenne, aucun citoyen ne doit devenir la cible de l'action répressive seulement parce qu'il appartient à une minorité ethnique ou à une certaine nationalité".

Problème qu'a très bien perçu le ministre français de l'Intérieur, puisque c'est ce point précis que corrige la nouvelle rédaction, ministérielle, de la circulaire : cette nouvelle version plus courte, précise, au lieu de "Roms", "quels qu'en soient les occupants".



Or dans les années 1960, c'est le même type de considérations ethniques qui a fait obstacle au rapatriement de nombre de Harkis, et qui donc n'est pas sans rapport avec leur abandon aux massacres qu'ils ont subis, et c'est encore le même type de considérations ethniques qui a fait obstacle à l'intégration dans leur pays de ceux qui ont été rapatriés (bref, ils restaient des 'Arabes'). Le "groupe" "inadaptable" mentionné ci-dessus, c'était les Harkis, victimes, malgré leur passé au service de la République de leur statut de "groupe" :

"Les pouvoirs publics considèrent les Harkis comme un groupe inadaptable qui serait une charge pour la société française, un problème supplémentaire pour le secrétaire d'État chargé des rapatriés. Louis Joxe, ministre d'État chargé des affaires algériennes, prend alors des mesures pour dissuader les rapatriements. Le 12 mai 1962, il envoie un télégramme dans lequel il annonce un renvoi de tous les 'supplétifs débarqués en métropole en dehors du plan général de rapatriement'. Le 19, il demande aux préfets de s’opposer à toute installation de harkis qui n’aurait pas été planifiée. Malgré ces limites, 10 000 personnes seront rapatriées (harkis et leur famille).
"L’installation en France est difficile. Certains préfets refusent d’accueillir des harkis dans leur département. Les Harkis sont victimes de nombreux préjugés, ils sont suspects. Le travailleur catalan titre d’ailleurs le 13 octobre 1962 : 'Rivesaltes aura-t-il une municipalité harkie ?' et plus tard 'Que compte faire le conseil municipal pour nous débarrasser des Harkis ?'. Les pouvoirs publics interdisent certains départements (Seine et Oise, Seine, Bouches du Rhône) car il y a déjà de nombreux pieds-noirs."

Alors bien sûr, les choses sont par ailleurs radicalement différentes dans une situation et dans l'autre, comme le soulignent les commentaires cités ci-dessus, mais la coïncidence de l'actualité et du film de France3 ne laisse t’interpeller sur ce fait précis et sur la nécessité toujours actuelle de ne considérer personne comme étant d'abord un spécimen interchangeable d'un "groupe", groupe nommé parfois, au temps des Harkis, au singulier (on parle de l''Arabe', le 'Harki', etc.).

Or la réalité est qu'il n'y a que des individus, ce qui n'est pas un scoop, puisque cette réalité, admise, est au fondement de tout universalisme, notamment républicain...

1 commentaire:


  1. lien vers http://www.dailymotion.com/video/xl0lyn_hocine-le-combat-d-une-vie_news

    En 1975, quatre hommes cagoulés et armés pénètrent dans la mairie de Saint Laurent des arbres, dans le département du Gard. Sous la menace de tout faire sauter à la dynamite, ils obtiennent après 24 heures de négociations la dissolution du camp de harkis proche du village. A l'époque, depuis 13 ans, ce camp de Saint Maurice l'Ardoise, ceinturé de barbelés et de miradors, accueillait 1200 harkis et leurs familles. Une discipline militaire, des conditions hygiéniques minimales, violence et répression, 40 malades mentaux qui errent désoeuvrés et l' isolement total de la société française. Sur les quatre membres du commando anonyme des cagoulés, un seul aujourd'hui se décide à parler.

    35 ans après Hocine raconte comment il a risqué sa vie pour faire raser le camp de la honte. Nous sommes retournés avec lui sur les lieux, ce 14 juillet 2011. Anne Gromaire, Jean-Claude Honnorat.

    Sur radio-alpes.net - Audio -France-Algérie : Le combat de ma vie (2012-03-26 17:55:13) - Ecoutez: Hocine Louanchi joint au téléphone...émotions et voile de censure levé ! Les Accords d'Evian n'effacent pas le passé, mais l'avenir pourra apaiser les blessures. (H.Louanchi)

    Interview du 26 mars 2012 sur radio-alpes.net

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