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Tant que les lions n'auront pas d'historiens, les histoires de chasse tourneront à la gloire du chasseur - Le mensonge se lève très tôt mais la vérité finit par le rattraper - Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage

lundi 24 janvier 2011

Quand la France se tire une balle dans le pied (suite)

Une transition en Tunisie du RCD avec Ben Ali vers un RCD sans Ben Ali n’aurait selon toute vraisemblable rien pour déplaire à la « communauté internationale » sarkozienne… Face à l’ombre islamiste, ex-alibi au soutien de Ben Ali, qui refait surface. Et puisque de toute façon en Tunisie toute opposition démocratique structurée a été laminée, quid de la suite ?…

La stratégie est constante, en œuvre actuellement contre la Côte d’Ivoire, qui consiste précisément à laminer toute alternative vraiment démocratique au règne de la « communauté internationale ».


Avant, il y avait le totalitarisme soviétique, qui discréditait toute option alternative aux dictatures pro-occidentales. Les théologies de la libération ont permis de faire sortir l'alternative de l’ornière : un socialisme avec liberté de conscience est possible (plusieurs expériences le montrent, notamment en Amérique latine).

Cette sortie de l'ornière (qui était effectivement terrible) a commencé à se mettre en place au moment où l'Urss s'effondrait.

Jusque là, les stratégies française et américaine semblaient se superposer. Depuis, elles ont divergé. Côté Washington, on a embrayé sur l’ancrage afghan, où contre l’Urss on avait commencé à surfinancer les fanatiques, future figure (certes affreuse) du nouveau « diable », face auquel les « interventions » apparaîtront comme mains tendues héroïques vers la démocratie. Mais en parallèle on s'est attaché à laminer tout ce qui n'est pas islamisme : tous les régimes laïques (pas forcément idylliques !) qui s'y opposaient en vrai. C’est là qu’apparaît la nouvelle divergence, post 1989 : Paris soutient plus volontiers les dictatures laïques, présentées comme pas si mal que ça. La stratégie américaine, celle de la lutte d’un sauveur contre un « axe du mal » ipso facto favorisé en effet de miroir, semble n’être pas celle de Paris.

Les deux stratégies, soutien des dictatures laïques vs renversement de tout ce qui n’est pas islamisme comme figure à combattre, finissent toutefois par converger : nous voilà à terme avec comme seule alternative apparente aux options de la « communauté internationale », l'incontestablement insoutenable islamisme. Et l'alibi a marché jusqu'à ces derniers jours en Tunisie pour Ben Ali (c'est lui ou rien d'autre que les fanatiques), comme il marchait avec Pinochet contre la menace soviétique. Mais quid de la suite, quand l'opposition démocratique n'est pas structurée ? On peut craindre qu'on ne se retrouve à nouveau avec l’alternative du « diable » contre la « communauté internationale » qui a permis à Ben Ali de se maintenir. Et la facilité avec laquelle s'est faite la transition (et avec l'aval de Ben Ali acceptant sans trop de difficultés de partir, semble-t-il) fait craindre la suite.

Entre temps, le relais, bon an mal an, aura — a déjà, sans doute — été transmis par Paris à Washington.

Où, dans un apparent paradoxe, la Côte d’Ivoire résistante de Gbagbo lutte aussi pour la France — malgré elle, malgré les Sarkozy et MAM (la droite historique ne s’y trompe pas) — ne serait-ce qu'à titre de signe qu'autre chose que le choix entre islamisme (déjà présent dans les rébellions, de la Somalie au Nigeria, au Niger et à la Côte d’Ivoire) et FMI est possible ! Car sans l’autre alternative, démocratique celle-là, sans cet au-delà des truquages électoraux et régimes corrompus, sans la résistance à la corruption internationale que porte le refus des bourrages d’urnes par Gbagbo, on se retrouvera à terme avec l’autre et récurrente alternative, qui profite invariablement à Washington. Déjà Sarkozy et sa « communauté internationale » se sont rendus à cet « état de fait », au grand dam des historiques de la droite et de la gauche mitterrandienne françaises : si on ne relaie pas l’alternative démocratique qui consiste à reconnaître les institutions souveraines de la Côte d’Ivoire, on déroule dans tous les autres cas de figure le tapis rouge pour Washington / FMI.

Pour la Tunisie, dans le même ordre d'idées, l'urgence est donc bien sûr de voir émerger une réelle alternative, entre la dictature laïque que Paris a soutenu jusqu’au bout et l’islamisme face auquel s’ouvrirait un boulevard pour un Washington sauveur.

Et pour en rajouter, comme d’hab., l'unanimité des médias de la « communauté internationale » à se réjouir laisse prévoir pour les futures élections en Tunisie un choix comme celui auquel on tient pour la Côte d’Ivoire depuis 1993 et 1999 : un bonnet blanc et un blanc bonnet de la « communauté internationale », genre Bédié ou Ouattara, vs Ouattara ou Bédié.

Cf. aussi ici.

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