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Tant que les lions n'auront pas d'historiens, les histoires de chasse tourneront à la gloire du chasseur - Le mensonge se lève très tôt mais la vérité finit par le rattraper - Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage

dimanche 15 mai 2011

Quid de l'attitude Mamadou Koulibaly et Paul Yao N'Dré face au coup d'Etat ?

Un article récent explique l’attitude Mamadou Koulibaly de Paul Yao N’dré, qui ont suscité bien des incompréhensions, par une stratégie à long terme, suite au constat de l’état de fait : la réussite, pour l’heure, du coup d’Etat sarko-ouattariste.


Je donnerai plus bas quelques extraits de l’article qui me semblent intéressants.

Je n’en ai pas retenu l’aspect polémique, qui stigmatise les appels à la libération des séquestrés FPI et LMP, Gbagbo en tête, une stratégie à long terme n’étant pas contradictoire avec une réelle pression pour dénoncer clairement exactions, tortures, massacre, séquestrations, atteintes aux libertés. Ce avec quoi M. Koulibaly semble s’accorder si l’on s’en tient à ce que l’article cite de son intervention au Golf du 20 avril.

Je n’insiste pas non plus sur les questions que cette stratégie induit en matière de légitimation de fait d’un pouvoir issu d’un coup d’Etat : « Comme beaucoup, Koulibaly, Yao N’Dré, Miaka Ouréto, Bernard Dadié, Eugène Djué et bien d’autres membres du FPI, de LMP, du CNRD et de la galaxie patriotique savent pertinemment que Ouattara n’a absolument pas besoin d’eux pour gouverner. Il peut faire perdurer la situation actuelle jusqu’à l’infini, car il a la force et la communauté internationale avec lui et la loi du plus fort est, cela est bien connu, toujours la meilleure. Ils semblent avoir fait le pari de le faire rentrer dans l’Etat de droit, pour donner une chance au retour de la normalité, afin que tous les Ivoiriens puissent à nouveau jouir de leurs libertés fondamentales : liberté d’opinion, liberté d’expression, liberté de mouvement, liberté de se réunir, liberté de s’opposer, liberté de presse, liberté de vivre en paix et en sécurité, tout simplement. Ce combat est long, ardu et truffé d’embûches ». Certes. N’est-ce pas cependant une stratégie risquée, qui non seulement constate, ce qui est incontournable, mais pourrait glisser à légitimer une nouvelle fois la manière violente d’accéder au pouvoir ?…

Cela dit, l’article pose une défense de M. Koulibaly et P. Yao N’Dré (qui vaudrait aussi pour le Gal Mangou) qui me semble se tenir par d’autres aspects.


Extraits de l’article de Charles Kouassi in L’Intelligent d’Abidjan, le 14 mai 2011, lu in Saoti :

« Pourquoi Mamadou Koulibaly n’a-t-il pas assisté à la prestation de serment de Laurent Gbagbo, mais était présent à celle de Ouattara ? Du côté du RHDP, on revendique ce fait comme étant l’attestation que Koulibaly – reconnu comme intègre et rigoureux même par ses pires ennemis – «n’a pas voulu cautionner le hold-up électoral de Gbagbo». Pendant ce temps, certaines voix pro Gbagbo brocardent la trahison du député de Koumassi «parti rejoindre ses frères Dioula pour enterrer Gbagbo». Rien que des balivernes de tribalistes moutonniers qui ont induit Gbagbo ou l’ont accompagné dans ses graves déroutes. Pour certains, Koulibaly s’est grillé, pour d’autres, il est la voix de la rédemption du camp Gbagbo. Qu’en est-il exactement ?

Enquête faite, le président de l’Assemblée nationale se trouvait hors de Côte d’Ivoire lors de la prestation de serment de Laurent Gbagbo le 4 décembre 2010. Les frontières du pays étant alors fermées, il lui était impossible de revenir participer à la cérémonie d’investiture. Il est d’ailleurs à noter que dès la réouverture des frontières quelques jours plus tard, Mamadou Koulibaly était bel et bien aux côtés de Laurent Gbagbo lors de la rencontre de ce dernier avec les populations du Sud Comoé au Palais du Plateau, le 8 décembre 2010. Au temps pour la soi-disant preuve irréfutable de l’allégeance de Koulibaly à Ouattara.

[…]

Quant au président du Conseil constitutionnel, c’est un juriste chevronné, dont l’amitié avec l’ex-président de la république a été brandie en porte-étendard par les médias occidentaux pour jeter le discrédit sur la proclamation des résultats définitifs de l’élection, déclarant Laurent Gbagbo vainqueur du scrutin. L’arrêt du Conseil constitutionnel du 5 mai dernier démontre, si besoin est, la maestria de Yao N’Dré En effet, le Conseil constitutionnel ne proclame pas Alassane Ouattara vainqueur des élections, mais se borne à le déclarer président de la république, conformément aux décisions du panel de l’Union africaine en date du 10 mars 2010, que toutes les parties ivoiriennes impliquées dans la crise postélectorale avaient au préalable acceptées comme contraignantes. De plus, cette même proclamation établit sans équivoque la légalité constitutionnelle de tous les actes posés par Laurent Gbagbo jusqu’au 5 mai 2011, en parallèle à la «régularisation exceptionnelle» des décisions prises jusqu’alors par Ouattara, dont l’illégalité factuelle est également incluse dans l’arrêt du Conseil constitutionnel.

Pour les exégètes du microcosme politique ivoirien, toute supputation autour d’une éventuelle allégeance de Paul Yao N’Dré et Mamadou Koulibaly à Ouattara n’est donc ni plus, ni moins une aberration. Pour autant, après avoir clairement positionné le FPI dans l’opposition lors d’une déclaration officielle faite au nom du parti le 27 avril 2011, le président de l’Assemblée nationale sait qu’il est engagé dans une course de fond, et non un sprint. Cela requiert un mental d’acier, du souffle, un cuir épais et un grand sens stratégique

[…]

Il a été confirmé que lorsqu’il s’est rendu au Golf le 20 avril, Mamadou Koulibaly a pu rencontrer l’ex-première dame Simone Ehivet Gbagbo, qui porte désormais les cheveux coupés courts après qu’ils eussent été arrachés par poignées par les rebelles, Aboudramane Sangare, Narcisse Kuyo Tea, Michel Gbagbo, Philippe-Henri Dakoury-Tabley, Jean-Jacques Béchio, Geneviève Bro Grébé, Diabate Beh, et bien d’autres prisonniers qui avaient été tous sauvagement brutalisés au vu et au su du monde entier quelques jours auparavant. De même, à l’issue de la prestation de serment d’Alassane Dramane Ouattara, le leader du FPI a obtenu l’autorisation d’aller voir ses camarades enfermés à la Pergola, dont beaucoup sont mal en point, déprimés, en mauvaise santé, sans aucun soutien médical ou droit de visite. Il a constaté que des enfants sont incarcérés, sans possibilité d’aller à l’école. La mise en place d’une assistance sanitaire et la libération des épouses et enfants emprisonnés est au centre des pourparlers qu’il a avec le régime en place, tout comme l’avait été précédemment celle des employés du Palais encellulés au Golf avec l’ex-chef de l’Etat le 11 avril.

[…]

Les militants FPI et LMP, les populations Bété, Guéré ou Attié font toujours l’objet de traques politiques implacables et de chasses à l’homme ethniques ou religieuses inacceptables, comme le dénonçait Mamadou Koulibaly, rendant compte à la presse de son entretien avec Alassane Ouattara le 20 avril dernier : «Je lui ai dit par ailleurs, toujours concernant la sécurité, que de nombreux militants du FPI et de LMP, ceux qu’on appelle pro-Gbagbo, étaient très inquiets pour leur sécurité dans les quartiers. Qu’ils étaient dénoncés, indexés, comme si être militant de ce parti ou de ce mouvement était une tare. Ils se cachent, ils se sentent brimés. Nombreux sont également ceux qui ont fui et qui se sont réfugiés au Ghana, au Togo ou au Bénin. Il serait bien d’aller vers une détente pour que ces militants se sentent bien sécurisés. Et de surcroit, je lui ai signalé plusieurs appels reçus d’amis et de proches de populations bété qui me disent, ‘Nous sommes poursuivis, tués dans des quartiers simplement parce que nous sommes Bété.’» […] »


L’article en entier sur Saoti.

3 commentaires:

  1. Il y a toujours de bonnes raisons à la "collaboration". Ce qui se passe en CI n'est pas un simple coup d'Etat. C'est la restauration d'un ordre ancien liberticide, antidémocratique et de renoncement à la souveraineté nationale. Ce n'est pas un renoncement à la souveraineté pour atteindre des objectifs d'intégration à l'échelle régionale mais pour soumettre le pays à une puissance étrangère.
    Mamadou Koulibaly ne peut pas dire qu'il ne perçoit pas cette évolution. Idem pour Yao N'Dré.
    Je suis d'accord qu'ils jouent un role humanitaire en négociant avec le pouvoir des aménagements dans les conditions d'incarcération des uns et des autres mais est-ce le role des politiques? Ils devraient voir dans la "faveur" que leur accorde le pouvoir en leur permettant de visiter les camarades incarcérés la preuvre de sa perversité. Le pouvoir transforme des droits constitutionnels en "faveurs" qu'il octroie selon sa bonnne volonté.
    A mes yeux Koulibaly et N'Dré sont au mieux dans le role croix rouge. Est-ce que l'on peut attendre de responsables d'un parti progressiste ou de présidents d'institution?

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  2. D'accord avec toi sur le fond, Djignab : le coup d’État débouche effectivement sur une "restauration" (encore que : a-t-on jamais atteint pleinement l'indépendance ? En tout cas nulle part ailleurs qu'en CI pendant 2 ans / 2000-2002).
    Mais justement, je suis convaincu moi aussi que MK et Yao N'Dré l'ont bien perçu.
    D'où mes questions : j'ai de la peine à me résoudre à l'idée qu'ils aient basculer dans la collaboration.
    Cela dit, si comme peut l'induire cet article, ce n'est pas le cas, leur attitude n'en est pas moins effectivement périlleuse.

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  3. Je suis d'accord avec toi sur l'indépendance.
    L'enfer est pavé de bonnes intentions. MK est un brillant intellectuel mais je crois un piètre politicien.Il croit pouvoir incarné la rupture et être celui par qui l'indépendance réelle de la CI viendra.Il joue sa partition depuis quelques temps et j'ai en mémoire sa conférence complètement surréaliste (en pleine crise) : http://saoti.over-blog.com/article-mamadou-koulibaly-les-elus-sont-les-serviteurs-des-populations-souveraines-70090106.html
    Mais ce qu'il ne voit pas, c'est qu'il prête main forte à la glaciation alors qu'il n'a de chance à titre individuel que dans un régime ouvert et démocratique.

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