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Tant que les lions n'auront pas d'historiens, les histoires de chasse tourneront à la gloire du chasseur - Le mensonge se lève très tôt mais la vérité finit par le rattraper - Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage

lundi 31 janvier 2011

La manipulation médiatique décryptée


... Où l'on découvre ce que vaut que "l'information" véhiculée par les médias occidentaux relayant la stratégie de communication dans une situation de conflit ; le rôle de l'Onu pour le moins ambigu sinon partisan ; et la valeur des rapports d'Ong humanitaires, fondés non sur le constat de faits, mais sur les "témoignages" comme ceux utilisés pas des médias embarqués...

Quand le pouvoir français juge indispensable que la France se tire une balle dans le pied (4)

Une analyse remarquable dans le journal de la crise ivoirienne nous présente en deux volets l'arrière-plan de la nébuleuse économique qui se déploie dans la "crise ivoirienne". Je cite la conclusion :

"A la lumière de ces diverses révélations concordantes, on comprend mieux l’attitude de Nicolas Sarkozy qui ne travaille pas au bénéfice de la France en ressuscitant la Françafrique. Loin de là, on a pu voir depuis plusieurs semaines que les anciens de la Françafrique tels que Philippe Evano, Jean-François Probst et même Roland Dumas sont à la pointe du combat contre la politique africaine de Sarkozy. Acquis aux intérêts américains au point d’avoir fait adhérer la France à L’OTAN, véritable bras armé des intérêts occidentaux, Sarkozy œuvre pour l’instauration d’un nouvel ordre mondial dirigé par des ploutocrates anglo-saxons tels qu’Anthony Ward ou George Soros, qui maitriseront parfaitement les approvisionnements en matières premières en maintenant les populations des Pays Pauvres Très Endettés esclaves des éternels crédits du FMI. Dans cette optique ultralibérale criminelle, tout souverainiste comme Laurent Gbagbo est un gêneur qu’il faut coute que coute éliminer!"

Les deux volets en entier :
Les traits de la nébuleuse apparaissent...
Les traits de la nébuleuse apparaissent (2)



Et sur ce blog, articles précédents sur le thème "Quand le pouvoir français juge indispensable que la France se tire une balle dans le pied" :

1) Bruits de bottes en Côte d'Ivoire : comment la France se tire une balle dans le pied
2) Quand la France se tire une balle dans le pied (suite)
3) Mais pourquoi donc le pouvoir français juge-t-il indispensable que la France se tire une balle dans le pied ?

dimanche 30 janvier 2011

"Grave injustice" ??

C'est ce qu'aurait dit M. Ban Ki-moon selon l'AFP : "Côte d'Ivoire : un recompte des voix serait une "grave injustice" (Ban Ki-moon)"...

Curieux : voilà les calculettes devenus des instruments injustes, gravement injustes !

Mais soyons justes, reprenons la citation faite par l'AFP en son entier : "'Revenir sur les résultats de l`élection serait une grave injustice et établirait un précédent fâcheux', déclare M. Ban". "Précédent fâcheux" : si l'on comprend bien, on risquerait de se mettre à recompter dans d'autres cas, comme au Gabon, ou en Egypte, ou au Burkina Faso. "Grave" en effet ! Et "fâcheux", pour ne pas dire "injuste" !

Je vous assure mon cher Monsieur, vous avez dit "injuste" ! J'ai dit "injuste" ? Comme c'est bizarre injuste !...


Eh oui, injuste ! Comme chaque verdict des urnes est "injuste" pour le perdant ! Même, et plus encore, s'il avait cru gagner. C'est arrivé plusieurs fois : les chaînes de télé annonçant provisoirement un vainqueur... qui s’avérera au bout du décompte être... le perdant !

Ce serait à cela que ferait allusion M. Ban ? "Grave injustice" si le décompte n'arrivait pas au résultat qui avait pas été prévu ?

Sinon, injuste pour qui ? Reprenons : pas injuste pour le vainqueur qui se verrait confirmé, forcément ! Quant à l'injustice que ressentirait le vaincu, il s'y ferait comme à toute "injustice" de ce type : dura lex, sed lex ! Injuste pour qui alors au fond ? Pour la Cei, composée à 90% d'amis de M. Ouattara, mais qui n'a jamais donné aucun résultat ?... En tout cas, elle ne serait pas infirmée dans le résultat qu'elle n'a pas donné !

Resterait alors M. Bakayoko, qu'un décompte pourrait contredire, et derrière M. Bakayoko annonçant des résultats dont on verrait alors à quoi ils correspondaient, la "communauté internationale"... À savoir, concrètement, ceux qui ont amené M. Bakoyoko au Golf Hôtel, en l'occurrence l'ambassadeur des Etats-Unis et l’ambassadeur de France (et donc ce qu'ils représentent - sauf à être désavoués par leur pouvoir respectif)... et M. Choï, représentant spécial de M. Ban !

"Grave injustice", et "précédent fâcheux", en effet que de risquer voir mettre en lumière certaines pratiques...

Comme celles qui veulent que la calculette soit plus injuste que les armes lourdes... Pratiques contre lesquelles quelques diplomates commencent à s'insurger :

Crise en Côte d’Ivoire, des diplomates à Ban Kimoon: “vous suscitez une guerre pour masquer votre échec, c’est la plus grande honte du siècle”

TWN-New York (USA)-Vendredi 20/01/2011. Un collectif de diplomates en service au siège de l’ONU à New York ont adressé un courrier le Jeudi dernier à Ban Kimoon, courrier dont TWN a reçu copie et dans lequel ces derniers estiment que “la guerre imposée à la Cote d’Ivoire est une façon pour Choi et Ban Kimoon de cacher l’échec cuisant qu’ils ont subi dans la résolution de la crise en Côte d’Ivoire”.

Pour ces diplomates, “rien ne justifie cette guerre dans laquelle des troupes de l’ONU supposées maintenir la paix de façon impartiale et neutre sont aujourd’hui partie prenante” sans que cela n’émeuve personne juste parce que des intérêts sont en jeu”. Ces hommes et femmes (représentant plusieurs missions diplomatiques de leurs pays auprès de l’Organisation mondiale) dont certains disent avoir effectué, secrètement, à leur propre compte le déplacement jusqu’en Côte d’Ivoire, affirment “avoir vu les troupes de l’ONU combattre du coté de la rébellion d’Alassane Ouattara, convoyer de la nourriture aux militaires de ce dernier et surtout transporter les rebelles jusqu’à Abidjan pour se battre contre le camp GBAGBO.

Cela, avec le silence complice du Président OBAMA” Ils terminent leur courrier en soulignant que, “Choi a induit son patron en erreur; une erreur qu’ils n’avaient pas besoin de réparer en imposant une guerre à un pays”. Pour eux, ”c’est la plus grande honte du siècle”. Il faut rappeler que depuis 2002, Alassane Ouattara “a financé et armé une rébellion pour que sa candidature”, rejetée pour nationalité douteuse par les régimes précédents, “ soit retenue”. Le Président de la “République du Golf” et ses rebelles ont massacré des milliers d’ivoiriens avant de consacrer la partition du pays en deux. Malgré les nombreuses injonctions de l’ONU de les voir désarmés avant les présidentielles qui viennent de se dérouler, rien n’y fit. Leurs armes seront plutôt utilisées pour semer la terreur pendant ces élections dans la partie Nord qu’ils occupent toujours.

Résultats: “Alors que la Commission électorale composée à 90% de ses hommes lui ( Ouattara ) attribuait une victoire frauduleuse au “marché noir” annoncée dans son propre QG, le conseil constitutionnel du pays, seul organe compétent en la matière, déclarait définitivement MR GABGBO vainqueur de ces consultations . Choi, dans une méconnaissance avérée de la loi ivoirienne et de son propre rôle, certifie les résultats provisoires de la CEI sous la pression des Ambassadeurs des USA et de la France qui mettront toute la communauté internationale en branle pour les suivre dans ce parti pris “honteux” qui aboutit aujourd’hui à une guerre pour, se justifient -ils, “imposer la démocratie”.


Olivier LEVENIN (via)

samedi 29 janvier 2011

Mais pourquoi donc le pouvoir français juge-t-il indispensable que la France se tire une balle dans le pied ?

"Côte d'Ivoire - Mise à sac de l'ambassade à Paris, Roland Dumas et Jacques Vergès dénoncent la violation de la convention de Vienne sur les relations diplomatiques... à 2 jours du Sommet de l'UA"

Lu dans le Gri-Gri international :

2523082-3554213
Pierre Kipré, dernier Ambassadeur de Côte d'Ivoire en France

"Depuis le 23 janvier, pour les médias français, Ally Coulibaly est "le nouvel ambassadeur de la Côte d'Ivoire en France." Nicolas Sarkozy le leur a présenté ou presque ce jour-là lors d'une conférence de presse. Les Ivoiriens désireux de se rendre au pays, eux, sont au courant que rien ne va plus à l'ambassade depuis une quinzaine de jours. Paris a unilatéralement mis fin à la mission de l'ambassadeur légal Pierre Kipré. Ainsi qu'elle en avait le droit. Le bât commence à blesser après. Le Premier ministre Alassane Ouattara, autoproclamé président, a alors, tout aussi unilatéralement, mais la légalité en moins, "nommé" "son" "ambassadeur". Les échanges de courriers entre l'ambassade et le ministère des Affaires étrangères français (où Mam, elle, ne pipe plus) méritent de figurer dans les livres d'histoire qui décriront la fin de la Françafrique. Entre rire et drame. Comme depuis le début de la crise post-électorale quand on regarde et écoute Paris s'agiter. Comme après la mort des deux jeunes Français au Niger. Comme (juste) avant la chute de Ben Ali. Comme (d'ici peu) pendant la chute d'un autre Ali Ben... Bongo, le fils du Mollah Omar, "le Mollah'Son". Aussi perdant et soutenu par Paris que Ouattara mais ayant, lui, le pouvoir (jusqu'à quand ?).

Dans les jours suivants, l'ambiance aux abords de l'ambassade a commencé à se dégrader. D'une sorte de statu quo à l'intérieur, on est passé à une quasi forteresse subissant le siège. Certains jours, ça restait fermé (mais ouvrait quand même un petit peu). Cela dérapa plusieurs fois. Quatre hooligans "ouattaristes" (?) lynchèrent un sexagénaire. Le 25 janvier, on saccagea le portail, les portes et l'intérieur d'une Ambassade vide. Pour permettre à Ally Coulibaly d'y entrer. Pire, la résidence de l'Ambassadeur Kipré fut prise pour cible, sa femme et ses enfants, injuriés, menacés et séquestrés à l'intérieur. Les hooligans (dont certains ont été identifiés, si l'on encroit la plainte déposée le 27 janvier par Pierre Kipré) n'abandonnant le siège qu'en début de soirée.

Vous trouverez ci-dessous un entretien avec Maître Roland Dumas et Maître Jacques Vergès. Ainsi que leur déclaration officielle, relative à la violation par la France de la Convention de Vienne des relations diplomatiques."


Paris, le 28 janvier 2011 :
"La France a commis un acte grave à l'égard de l'Ambassade de la Côte d'Ivoire le 25 janvier 2011 en permettant (et accompagnant) une bande d'insurgés qui ont violé les locaux de la mission et la résidence de l'Ambassadeur.
Ceci est contraire aux dispositions de l'article 22 de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques de 1961.
L'article 22 précise, au contraire :
'L'État accréditaire a l'obligation spéciale de de prendre toutes mesures appropriées afin d'empêcher que les locaux de la mission ne soient envahis ou endommagés, la paix de la mission troublée ou sa dignité amoindrie.
Les locaux de la mission, leur ameublement et les autres objets qui s'y trouvent, ainsi que les moyens de transport de la mission, ne peuvent faire l'objet d'aucune perquisition, réquisition, saisie ou mesure d'exécution.'

Ces faits graves sont en outre contraires aux usages qui veulent que les personnalités diplomatiques étrangères soient traitées avec égard jusqu'au moment où elles quittent le pays accréditaire."

Roland Dumas       Jacques Vergès
Avocat à la Cour    Avocat à la Cour

Cf. aussi (clic sur l'image) :

Un camp pour la guerre, un camp pour la paix

Un camp pour déchirer, un camp pour coudre...
On aura reconnu l'allusion à l'Ecclésiaste (ch. 3) : un temps pour chaque chose. Après la guerre vient de toute façon le dialogue. Pour les partisans du dialogue, il faut y venir directement, en évitant l'inutile étape guerre, coûteuse en vies humaines, violences et recul en développement.

- - - - - - Dernière dépêche : Le camp Ouattara s’oppose à l’UA et s’en prend au Président Sud-Africain, refusant la solution négociée par «le dialogue» pour une sortie de crise en Côte d’Ivoire que le conseil de Paix et de Sécurité (CPS) a décidé vendredi : mettre en place un «panel» de 5 chefs d’Etat africains des 5 sous-régions d’Afrique, présidé par le Président Mauritanien et qui devra à l’issue d’une évaluation des évènements électoraux et post-électoraux en Côte d’Ivoire, rendre dans un délai d’1 mois des «décisions contraignantes pour toutes les parties ivoiriennes» - - - - - -

Sommet de l’Union africaine à Addis Abeba : bras de fer entre partisans de l'attaque militaire et économique de la Côte d'Ivoire et partisans du dialogue, d'un règlement à l'Africaine...




Deux articles de rue225.com :

"La Côte d’Ivoire divise Addis Abeba" :

"La réunion préparatoire des ministres des Affaires Etrangères doublée d’une réunion extraordinaire des chefs d’Etat membres du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine sur la Côte d’Ivoire livre ses secrets. Ce vendredi jusqu’au moment où nous metions sous presse (19H30), le dossier ivoirien continuait d’accentuer le clivage entre pro et anti décision de la CEDEAO.

C’est d’ailleurs cette organisation sous-régionale qui a posé le préalable suivant : Alassane Ouattara est le Président de la Côte d’Ivoire ; il doit être reconnu comme tel avant tout débat. Niet des pays de l’Afrique digne avec à leur tête l’Afrique du Sud.

Revenu du sommet de Davos, quelques heures auparavant, Jacob Zuma a martellé que l’Afrique australe n’est pas prête à reconnaître Alassane Ouattara comme Président de la République de Côte d’Ivoire dans les conditions que veulent faire accepter la CEDEAO, la France et sa communauté dite internationale.

Même l’exposé sur la question fait par Raila Odinga a été battu en brêche par nombre de Chefs d’Etat qui ont estimé sa démarche dénuée de tout respect dû à la considération dont doit bénéficier un Chef de l’Etat ivoirien, fut-il sortant. En clair, Raila Odinga a eu très peu d’égard vis-à-vis de Laurent Gbagbo ; chose qui a courroucé davantage les Chefs d’Etat.

La volée de bois vert qu’il a reçu était telle que Blaise Compaoré est sorti de la salle sans mot dire. Le même Odinga a été obligé d’improviser une conférence de presse, au sortir de la salle de réunion, pour préconiser un face à face Gbagbo-Alassane, afin de trouver une solution à l’impasse ivoirienne.

Pour le moment, les partisans du compromis emmenés par l’Afrique du Sud, estiment que l’Union africaine est allée trop loin et qu’il faut à tout le moins, continuer à négocier un partage du pouvoir à Abidjan."


"Paris torpille déjà le sommet d’Addis Abeba" :

"Interrogée ce jour sur la chaîne I-télé et Radio Classique, Mme Michelle Alliot-Marie, ministre française des Affaires Etrangères a cru bon d’affirmer que les chefs d’Etat de l’Union africaine, qui se réuniront dès ce vendredi à partir de 17h GMT pour évoquer la question ivoirienne, puis dimanche à Addis Abeba, allaient accroître la pression sur Laurent Gbagbo. "Il y aura probablement des mesures supplémentaires qui vont être prises à cette occasion", affirme-t-elle avec une morgue et une suffisance sans pareille.

On sait que la communauté internationale redoute l’idée du recomptage des voix telle qu’émise par un nombre croissant de Chefs d’Etat africains. Alliot-Marie croit savoir que la présence de Nicolas Sarkozy, président en exercice du G8 et du G20, à ce sommet de l’UA est un sésame et une porte ouverte aux sanctions et à une déclaration de guerre multiforme contre le Président Laurent Gbagbo. Mieux, elle sera une arme dissuasive contre les vélléités souverainistes des tenants de la thèse du recomptage des voix ou à un audit du processus électoral du 28 novembre dernier. L’Afrique devra donc sortir les muscles face aux injonctions de celui qui croit être devenu le maître du monde.

De deux choses, l’une donc. Soit la sortie d’Alliot-Marie est l’expression de la fébrilité qui habite la France officielle à l’approche de ce sommet, soit, elle s’inscrit dans un processus dont le but est de saper les fondements des discussions à ce sommet que l’on qualifie de sommet de vérité, de la rupture, de sommet qui devrait faire date dans l’histoire africaine en matière de défense de la souveraineté des Etats.

D’ailleurs sur la question, les conseillers de Sarkozy ont déjà dit à leur patron d’éviter le voyage d’Addis, de peur de se voir humilier par les prises de positions des uns et des autres. Malheureusement, Sarko a décliné l’offre, tellement l’envie de casser du Gbagbo lui fait perdre toute raison."

vendredi 28 janvier 2011

Préparer l'après crise : pour la France

Aux prochaines élections présidentielles ivoiriennes, les têtes d'affiches politiques auront changé.

L'animosité (pour employer une litote) contre Gbagbo qui est celle des chefs d'Etat français depuis dix ans aura donc perdu son sens : conformément à la constitution, Gbagbo ne pourra pas se représenter (on espère que cette animosité ne sera pas reportée sur un candidat ultérieur !).

Ne serait-ce qu'en regard de ce que le temps passe et que nul n'est immortel, les pouvoirs français auraient tout intérêt à changer d'attitude. Le crédit de la France est actuellement dilapidé jour après jour en Afrique. Les coups les plus durs que ses représentants officiels portent à la France sont assénés dans leur attitude en Côte d'Ivoire.


"Le premier qui a dit la vérité..."... La Côte d'Ivoire vient de poser un coup d'arrêt à cette pratique si habituelle qu'elle finit par être perçue en Afrique comme une règle du désespoir : des élections truquées. La quasi-absence d'exception en Afrique francophone est la mesure de ce désespoir. Et voilà que la Côte d'Ivoire met un grain de sable dans ce rouage ! Deux attitudes sont possibles pour Paris : une attitude qui lui ouvre l'avenir, une attitude suicidaire.

L'attitude suicidaire pour l'ancienne puissance coloniale consiste en ce que l'on a vu depuis deux mois ! Prendre parti de façon outrancière, refuser d'admettre que l'on a emboîté le mauvais pas. Aller jusqu'aux menaces guerrières et économiques, aux sanctions, vaines quant au but recherché, aux censures - non dites mais réelles - et dénigrements des médias hyper-minoritaires de la Côte d'Ivoire républicaine (la RTI) et de ceux qui la soutiennent : des journaux aux blogs et réseaux sociaux... Quand à Abidjan, les journaux de l’opposition, majoritaires, ont pignon sur rue ! Quand pied à pied la Côte d'Ivoire républicaine argumente... et convainc, via les rares journaux qui la soutiennent, par sa rare présence via des blogs et réseaux sociaux sur lesquels on se refuse systématiquement à toute censure, pour un bénéfice évident et qui suscite l'emportement de ceux qui voient ce chemin de patience et d’argumentation conquérir du terrain...


L'attitude juste, propre à ouvrir l'avenir de la France que l'on aime est simplement celle de la bonne foi. Se rendre loyalement aux faits, à la vérité qui avance. Des signes montrent que ce chemin commence à se faire jour, que des doutes apparaissent contre la désinformation en perte de terrain. La France enfin de retour ?

Pour penser l'après crise, renoncer aux menaces et mettre fin à la partialité

L'organisation prématurée des élections ivoiriennes, sans le désarmement préalable exigé par les accords antécédents, a entraîné la fraude et les violences massives que l'on sait. En nier l'importance, comme a tenté de le faire la "communauté internationale", est en soi une injustice grave, dont la suite porte les conséquences, avec la situation actuelle de pré-guerre civile larvée et les violences qui en relèvent.

L'étape menace est en train de faire long feu... Même si le spectre de la guerre n'est pas encore tout à fait écarté. On n'en sait pas moins de plus en plus clairement qu'on n'arrivera à rien par la violence. On a beau inverser les rôles et attribuer à ceux qui n’appellent qu'à la paix, au dialogue et à la conciliation des intentions subversives et des comportements haineux, plus personne n'est dupe. Rien ne se construit ni ne se gagne autrement que par un comportement qui s'oppose à la violence.


Imposer aux pays d'Afrique comme normales des fraudes et violences électorales, dont ne serait-ce que le 100e vaudrait en Europe une évidente annulation et des poursuites pénales, est en soi partial et injuste.

Contre ce deux poids deux mesures quant à ce qui est acceptable, le geste de Damana Pickass, devenu célèbre dans le monde entier - froisser le texte d'une déclaration du porte-parole d'une Cei qui n'avait pu arriver à aucun résultat, - est un geste salutaire pour la démocratie réelle. La décision du conseil constitutionnel de ne pas valider le chiffre arbitraire avancé par Y. Bakayoko (donné invariablement et faussement par la plupart des médias comme "chiffre de la Cei" : la Cei n'a abouti à aucun chiffre !) est salutaire. L'investiture du Président Gbagbo, reconnu par le conseil constitutionnel, est le troisième moment salutaire pour la démocratie en Afrique : on ne pourra plus faire passer pour normales de telles élections, irrecevables dans n'importe quel pays occidental !

Quoiqu'il en soit de ce qu’auraient été les résultats avec une rébellion désarmée sans fraudes ni violences, - s'il n'y avait pas eu ces trois moments essentiels, les choses auraient pu passer comme lettre à la poste : comme l'inversion des résultats l'an dernier au Gabon, le scandale récent des élections togolaise, burkinabè, etc.

Le refus ivoirien de ce qui ne serait jamais accepté en Occident est en passe de déboucher sur ce qui se ferait partout ailleurs qu'en Afrique : recompter...

Et quoiqu'il en soit, la partialité de la "communauté internationale" ne changera rien au fait qu'un tournant a eu lieu : même si la désinformation se poursuit, elle n'est plus reçue. La partialité-même, à présent connue, se retourne contre ceux qui la promeuvent :

"Alors que les violences consécutives aux mots d'ordre de "pays mort" du Rhdp continuent d'endeuiller des familles avec mort de dizaines d'éléments de force de l'ordre, le dernier rapport de l'Ong "Human Rights Watch" est une véritable apologie à la partialité. Tout militant de droits de l'Homme que nous sommes, nous condamnons toute exaction sur un civil, sans distinction de nationalité, de sexe, de religion et de race. Mais ignorer les atrocités de Duékoué, avec une trentaine de morts, commises par les rebelles et maquillées en conflits intercommunautaires, relève d'une cécité intellectuelle qui discrédite dangereusement Human Rights Watch. On peut tuer à Issia, Lakota, etc… et molester un Préfet à Abengourou avant de mettre le feu à sa résidence, ces populations et ces autorités n'ont aucun droit!!!
Si, selon une dépêche de l'AFP, citant une source diplomatique africaine "le président ivoirien (Laurent Gbagbo) a réussi à fédérer autour de lui les pays qui sont frustrés par l`hégémonie occidentale, par idéologie anticolonialiste, mais aussi certains (…) qui ne voient pas d`un bon œil l`ordre donné à Gbagbo de partir, surtout à la lumière de ce qui se passe en Tunisie", c'est bien parce que le deux poids, deux mesures des gouvernements occidentaux agacent énormément et desservent Alassane Ouattara. […] A l'ère des autoroutes de l'information que crée l'Internet, les occidentaux n'ont toujours pas compris que le monde a changé et que les canaux traditionnels de manipulation des peuples par les médias ont désormais leurs limites."
(Sékou Assegoué Godpeace, "Quand l`injustice agace", Le Nouveau Courrier, vendredi 28 janvier 2011)

L'Afrique est en passe de tirer les conséquences de la "crise ivoirienne" en matière de justice électorale : le Gabon déjà ne marche plus ; la Centrafrique exige des élections justes...

Quelque chose a déjà changé...

Penser l'après-crise


"Si les Ivoiriens doivent sortir de l'impasse dans laquelle ils se trouvent et retrouver les chemins d'une réconciliation durable, il n'y a guère d'alternative à une négociation entre les parties en conflit, à un renouveau de l'imagination morale et institutionnelle, et à une refonte radicale de leur système politique. Cette réforme pourrait prendre la forme d'une conférence nationale de laquelle sortirait une assemblée constituante. À une nouvelle constitution fondée sur le principe d'une décentralisation fédérative viendrait s'ajouter une réforme du scrutin. Celle-ci inclurait, de nécessité, une dose de proportionnelle à même d'assurer une représentation minimum de la diversité des «terroirs»". (Achille Mbembe et Célestin Monga, "Côte d'Ivoire : la démocratie au bazooka?", Médiapart)

jeudi 27 janvier 2011

Le site israélien dédié à la lutte contre le terrorisme craint des connexions avec "Aqmi" dans la zone rebelle de la Côte d'Ivoire

Lu ici : "Le site israélien dédié à la lutte contre le terrorisme diffuse à l’attention des israéliens souhaitant se rendre à l’étranger des recommandations, avertissements et mises en gardes diverses. A la rubrique Côte d’Ivoire, le «National Security Council» (ici), affiche ainsi depuis quelque temps une alerte orange, à savoir une «menace concrète élevée». Il s’agit de l’avant dernier niveau sur l’échelle de danger élaborée par le Bureau du Premier Ministre. La raison invoquée ? «Al Qaïda au Maghreb» désignée en France sous le terme «AQMI».

La mise en garde porte sur des risques d’enlèvements par l’organisation terroriste active dans la région y compris désormais en Côte d’Ivoire. Les ressortissants israéliens sont fermement invités à éviter toute visite ou séjour dans ce pays. L’avertissement vaut pour deux autres pays frontaliers à savoir : le Burkina Faso et le Mali. Le Libéria, la Guinée et le Ghana sont pour l’instant considérés comme exempts de risques.

Le site du Cridem, «Carrefour de la République Islamique de Mauritanie» (ici) bien informé sur la situation dans la région donnait déjà en juillet dernier l’éclairage suivant :

«La Côte d’Ivoire dispose de plus de 800 km de frontière, avec deux pays, notamment, le Mali et le Burkina-Faso, bases arrières d’Al-Quaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Dès lors, elle est concernée directement par le sort réservé à la région sahélo-saharienne par la nébuleuse Aqmi... Le contrôle du nord de la Côte d’Ivoire, occupé par une rébellion, échappe totalement au pouvoir d’Abidjan. Ici, certains chefs de guerre, impliqués, généralement dans des trafics en tout genre et des réseaux de crimes organisés, se sont donné des pseudonymes assez évocateurs faisant référence à Ben Laden et Al Qaïda... Des connexions sont à craindre à cause de la vulnérabilité du pays dans sa partie septentrionale... Le nord musulman est devenu une tanière, pour ne pas dire un refuge des criminels de tout acabit. Cette partie du pays pourrait donc être une terre fertile où peut pousser ou prospérer, facilement, les thèses d’Al-Quaïda. Plusieurs Occidentaux dont des Français avaient été kidnappés ces derniers mois dans le Sahel avant d’être acheminés dans le nord du Mali. Il est donc à craindre un effet domino, pour ne pas dire une contagion d’un pays à un autre. De ce point de vue, la Côte d’Ivoire est concernée directement»."

Source ici.

Les choses bougent

Un article publié par Médiapart, intitulé "Côte d'Ivoire : la démocratie au bazooka?" signé par Achille Mbembe et Célestin Monga montre l'évolution qu'a permise ceux qui se sont fait insulter, calomnier, vilipender depuis des semaines pour ne s'être pas pliés à la pensée unique obligatoire en France sur "la crise ivoirienne".

Les voix qui diffèrent, peu nombreuses (presque toutes dans les liens de la liste en bas de ce blog) ont contribué à l'évolution à laquelle on assiste. Les censures n'ont pas manqué. Les insultes non plus, aussi paradoxales soient-elles. Comme celle qui consiste à traiter de propagandiste - où on n'hésite même pas à évoquer les temps les plus sombres de l'histoire européenne du XXe pour tenter de discréditer la petite voix africaine qui dénonce la diffusion massive et quasi-unique du mensonge, et veut éviter la guerre dont la menace s'éloigne heureusement : le nombre augmente de ceux qui ne veulent plus de la guerre ni de la haine et de leur lot de violence et de charniers...

guerre.jpg

Étrange cette façon de ne vouloir que la guerre, et de fustiger toute voix qui s'y oppose, comme si l'on était attristé de ne pas voir le continent africain transformé en ce champ de ruines que fut l'Europe de l'époque dont on semble regretter les noms que l'on évoque en vain.

Mais rien n'y fait, la vérité fait son chemin : "le mensonge se lève très tôt mais la vérité finit par le rattraper". La vérité est en marche, calmement. La vaine colère qui s'y oppose s'agite. On est loin du temps, quelques semaines en arrière, où la "communauté internationale unanime" avait forcément raison.

Et la guerre s'éloigne. Dernier signe : aujourd'hui même les soldats ghanéens demandent leur retrait d'une mission onusienne dévoyée. Car à présent l’option des "thuriféraires du roi nègre" emporte la plupart : le dialogue, et la recherche d'autres options...

Ils sont décidément têtus, les faits. L'article de Achille Mbembe et Célestin Monga en témoigne, témoigne de l’évolution des approches. Encore un effort, et on en sera à cette solution si simple : recompter. La calculette plutôt que le bazooka !

On en est proche : déjà le Président de l’Union Africaine (UA), envisage que les bulletins de vote soient recomptés. "Le Chef de l’Etat Malawite, Ngawazi Bingu Wa Mutharika, [a perçu] qu’il s’agit tout simplement d’un contentieux électoral. Et que, par conséquent, étant donné que tous les bulletins de vote existent, toutes les listes d’émargement sont présentes ainsi que tous les procès verbaux, [et comme] M. Laurent Gbagbo a fait savoir [...] la solution la plus simple et la moins coûteuse pour mettre fin à la crise, c’est de se remettre à compter les bulletins de vote. «Cela s’est produit aux Etats Unis et dans plusieurs autres pays lorsqu’il a été question de contentieux électoral. Donc ce qui a marché ailleurs, il n’y a pas de raison que ça ne marche pas en Côte d’Ivoire». [...] Le Président Laurent Gbagbo a proposé une fois de plus à l’envoyé de l’Union Africaine qu’une commission pour le recomptage des voix soit rapidement mise en place afin de résoudre d’une manière pacifique le contentieux électoral." (R. Dibi avec BBC, jeudi 27 janvier 2011, L'intelligent d'Abidjan.)

Les rebelles des Forces Nouvelles sèment la terreur dans "leurs zones"

Des faits qui semblent échapper aux "Ong humanitaires" embarquées :

"ABIDJAN – Plusieurs fonctionnaires en poste dans les zones centre, nord et ouest (CNO) sous contrôle des rebelles des Forces Nouvelles ont rejoint le sud (zone gouvernementale), a appris Directscoop d’une source proche de la Fonction Publique.

Ces personnes ont dû abandonner leurs postes pour préserver leurs vies menacées en raison de leurs appartenances ethniques, religieuses ou politiques. Soupçonnés d’être pro-Gbagbo, elles ont fait l’objet depuis la présidentielle de novembre 2008 de menaces ou d’exactions (lynchages, viols, agressions physiques). « L’administration ne fonctionne quasiment plus au nord. Seul le personnel médical réduit aux autochtones assure un service minimum », confie un responsable de la Fonction Publique.

Plus de 24 000 ivoiriens, fuyant les exactions des rebelles à l’ouest, se sont réfugiés au Liberia. A Mahapleu, village du Directeur Général de la Douane, la rébellion des forces nouvelles a arrêté 8 personnes dont le chef de village qu’elle devait exécuter vendredi. Au centre, plusieurs partisans du Président Gbagbo font l’objet de répressions suite à des dénonciations de militants RHDP (Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix), proche de Ouattara.

Depuis septembre 2002, la rébellion des Forces Nouvelles qui soutient Alassane Dramane Ouattara, a commis des violences extrêmes sur les populations. Un rapport d’Amnesty International rendu public en 2003 fait état de l’assassinat d’une soixantaine de gendarmes à Bouaké en octobre 2002. Même les étrangers vivant dans les régions contrôlées par la rébellion ont fait l’objet de représailles et ont dû les quitter pour le sud du pays.

Le Conseil constitutionnel ivoirien, plus haute juridiction ivoirienne chargée de donner les résultats définitifs de l’élection présidentielle a proclamé Laurent Gbagbo, élu (51, 45%) contre son adversaire Alassane Ouattara (48%). Le chef de la mission de l’Onu en Côte d’Ivoire, Choï en violation de son mandat, a lui aussi déclaré sur les médias français, Alassane Ouattara, élu. L’Angola a demandé qu’il soit « sanctionné ».

Maître Ceccaldi, célèbre avocat international du barreau de Paris, envisage poursuivre Choï devant la CIJ (Cour Internationale de Justice) et le Tribunal administratif de l’ONU. Des organisations de femmes ivoiriennes ont déjà faire part de leur intention de porter plainte auprès de la CPI (Cour Pénal International) contre le sud-coréen, qui est à l’origine des violences post-électorales en Côte d’Ivoire."

(Dépêche Direct Scoop.net)

Quand la crise fait flamber le prix du cacao

"Cacao et déstabilisation de la Côte d’Ivoire : Ouattara à la manœuvre pour Armajaro et Loïc Folloroux"

Article de Didier Depry dans Notre Voie n° 3791 - Mercredi 26 Janvier 2011 :

"Dans un communiqué repris par la presse française, le lundi 24 janvier dernier, et émanant de «la république du Golf», Soro Kigbafori Guillaume a informé «les opérateurs économiques de l’arrêt immédiat de toute exportation de café et de cacao à compter du lundi 24 janvier 2011 et ce jusqu’au 23 février 2011».


Soro affirme avoir agi en tant que «Premier ministre» d’Alassane Ouattara, candidat malheureux à la présidentielle ivoirienne du 28 novembre dernier, mais que la France dit reconnaître comme vainqueur.

Comme il fallait s’y attendre, le gouvernement légal et légitime de Côte d’Ivoire conduit par le président réélu, Laurent Gbagbo, et son Premier ministre, le professeur Aké N’Gbo, a automatiquement réagi, dans l’après-midi du lundi, par la voix du ministre délégué au Budget, Justin Koné Katina, pour signifier la nullité du communiqué de Soro et rassurer les exportateurs de café-cacao quant à la poursuite de leurs activités.

Premier producteur mondial de cacao avec 1,2 million de tonnes (40% de la production planétaire), la Côte d’Ivoire représente un véritable enjeu économique. Dans sa guerre contre le pays et son président réélu et souverainiste, Laurent Gbagbo, Paris, dont Ouattara est le «pion», prospecte toutes les voies pour affaiblir la Côte d’Ivoire et Gbagbo. D’où officiellement ce communiqué trouble-fête produit par Soro-Ouattara sous les ordres de l’Elysée (présidence française) visant à «étrangler financièrement la Côte d’Ivoire afin de contraindre Gbagbo à céder le pouvoir à Ouattara».

Officieusement, ce communiqué de Soro «ordonnant l’arrêt pour un mois des exportations de cacao» constitue, a-t-on appris, un acte visible d’une nébuleuse politico-économique au centre de laquelle se trouveraient Alassane Dramane Ouattara, Guillaume Soro, Loïc Folloroux (fils de Dominique Nouvian épouse Ouattara) et la société de négoce café-cacao Armajaro. A preuve, dès que Soro a rendu public son fameux communiqué, les cours du cacao se sont envolés sur les marchés de Londres et New York avec un bond de 6% dans les premiers échanges. En clair, le prix du cacao a grimpé en flèche. Cette situation est profitable à l’exportateur qui a des stocks de cacao disponibles qui peut alors les vendre au cours du marché du jour. Il s’agit tout simplement de la spéculation. L’exportateur profiteur dans le cas d’espèce de cette flambée des cours n’est autre que la société Armajaro Trading Limited, dont Loïc Folloroux, fils de Dominique Nouvian Ouattara, est le directeur Afrique. Cette société a en stock une partie considérable de la production cacaoyère mondiale de l’année écoulée. Selon l’hebdomadaire parisien très proche de la Françafrique, Jeune Afrique, dans sa publication n°2586 du 1er août 2010, la société Armajaro a épuisé une grande partie des stocks mondiaux de l’année 2010 en achetant 240.100 tonnes de fèves de cacao. Armajaro a déjà revendu une partie des fèves au chocolatier suisse Barry Callebaut. L’autre partie restante a été curieusement stockée par Armajaro. Cette attitude observée par Armajaro est liée au fait que «Anthony Ward (de nationalité britannique, grand patron de la société Armajaro) disposerait d’informations inédites sur l’évolution de la situation politique en Côte d’Ivoire. Le pays va entrer dans une période incertaine à partir d’août (2010, ndlr)… De fin 2001 à août 2002, Ward a beaucoup spéculé sur le cacao, en finissant par acheter 203.000 tonnes de fèves. Le produit a flambé après le coup d’Etat manqué de septembre 2002 en Côte d’Ivoire. Repoussés d’Abidjan, les rebelles se replient sur Bouaké avant de progresser à l’ouest du pays, paralysant les sorties de cacao au port de San Pedro. La tonne avait alors atteint 1600 livres contre 1000 livres en janvier 2002. Les bénéfices d’Armajaro avaient alors été estimés à plus de 60 millions de dollars (environ 62 millions d’euros à l’époque)… Anthony Ward possède, dans son équipe, une carte maîtresse en la personne de Loïc Folloroux, son directeur Afrique, fils de Dominique Ouattara, l’épouse du patron du RDR, Alassane Ouattara, candidat à la prochaine présidentielle», écrit Jeune Afrique dans son édition du 1er août 2010.

Comme on le voit, Armajaro demeure dans la logique inaltérée de se faire des profits comme en 2002. Ce que Jeune Afrique a révélé à demi-mot, c’est qu’Alassane Ouattara et la rébellion armée constituent de solides adjuvants pour Armajaro qui vise à se faire le maximum de fric autour du cacao en Côte d’Ivoire. Evidemment, si Armajaro se fait des sous, il ne saurait oublier ses «bienfaiteurs», Ouattara et les rebelles. Un parfait décryptage pourrait établir le schéma suivant : Ouattara et ses rebelles déstabilisent la Côte d’Ivoire. Mais, avant l’opération, ils informent Loïc Folloroux, qui saisit son patron, Anthony Ward. Armajaro achète et stocke d’importantes tonnes de fèves de cacao. Dès que la crise éclate, les prix du cacao flambent sur le marché mondial et Armajaro s’en met plein les poches. Sans oublier de témoigner «reconnaissance» aux auteurs de la situation.

Des sources proches du RHDP ont soutenu qu’Armajaro a activement contribué à financer le coup d’Etat de septembre 2002 mué en rébellion armée. La société de négoce café-cacao n’a jamais officiellement démenti cela. D’autres sources avancent même que ce serait avec Armajaro que les chefs rebelles, dont Koné Zakaria, pratiquent le trafic illicite de cacao dans les zones encore occupées par la rébellion armée.

En clair, le communiqué du duo Ouattara-Soro avait pour véritable objectif, à l’analyse de la situation, de permettre à Armajaro d’écouler au prix fort sur le marché international ses stocks de cacao qui se trouvent en rétention depuis 2010. Une spéculation qui rapportera gros au négociant britannique. Peut-être qu’en retour, Armajaro pourrait mettre la main à la poche pour «remercier» Ouattara et ses rebelles qui s’activent, avec le soutien de Ouagadougou, pour attaquer de nouveau la Côte d’Ivoire."

mercredi 26 janvier 2011

La différence entre 70% et 80%. Tout est là, le reste n’est que des mots

Devant les faits, les manipulateurs internationaux des élections ivoiriennes paniquent. Entre silence gêné de nos médias et dirigeants et outrance dans la calomnie récurrente prouvant que tout ce qui est outrancier est insignifiant… Quand on n’en vient pas carrément, comme les militants ouattaristes parisiens, à tabasser — jusqu’à leurs alliés PDCI !


La panique ! L’AFP donne dans le comique caricatural, comme lorsqu’elle tente de masquer la manifestation parisienne pour Gbagbo et la souveraineté ivoirienne en la renvoyant dos–à-dos avec une « manifestation » ouattariste illustrée d’une photo prise de telle façon que l’on voie quelques personnes agitant un drapeau et appuyée des chiffres des organisateurs et du journaliste AFP (sic) — quand la manifestation pour la souveraineté de la Côte d’Ivoire se voit dans la même dépêche opposer les seuls chiffres de la police (re-sic ! Chapeau l’AFP !).

Où conduit la panique ! L’on voit affleurer jusqu’aux anciennes calomnies contre Gabgbo (« calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose » a dit un homme politique européen du XXe siècle resté célèbre), calomnies diverses depuis longtemps déboulonnées, genre celles le donnant pour « ethniste » – ignorant que c’est Gbagbo qui, suite à son élection de 2000 et à son forum de réconciliation, a permis l’octroi de la nationalité à Ouattara après avoir voté, en 1993, contre la loi le rendant inéligible, puis en 2005 l’a déclaré éligible en usant exceptionnellement de l’article 48 de la constitution lui accordant les pleins pouvoirs…

Bref, chez les groupies golfiques et internationales, on semble désespéré au point de tenter d’agiter à nouveau le chiffon rouge ethnique que Ouattara a été le premier à instrumentaliser. Mal lui en a pris pourtant, puisque non seulement les « nordistes » ivoiriens, de Fologo à Mamadou Koulibaly, sont sa plus ferme opposition, mais l’appui qu’il est allé chercher chez Compaoré, aujourd’hui faucon pour la guerre, le met en porte à faux avec le peuple et les intellectuels Burkinabè, qui continuent à préférer Sankara (dont ils voient en Gbagbo un continuateur) que ceux qui l’ont combattu avant son assassinat !

La presse Burkinabè d’opposition n’est pas en reste dans le soutien de l’Afrique unanime en faveur de Gabgbo !

Les instigateurs de la tentative de vol électoral sont fondés à paniquer ! Sachant en outre qu’il est de plus en plus question de recompter les voix. Les uns après les autres les dirigeants africains et les observateurs se rangent à cette option raisonnable contre laquelle s’agite à qui mieux mieux le camp de la république internationale du Golf. Dernière sortie : l’UE, et ses observateurs qui s’étaient rétractés après avoir constaté les fraudes et violences massives en zone CNO (mais où sont passés les 17 qui ont appelé au secours et qu’on est venu chercher en hélicoptère ?!).

Voilà donc l’UE qui avance que "les résultats annoncés par la commission électorale indépendante sont crédibles". Contentons-nous d’un vocable modeste : « Crédible » ! Ne nous avançons donc pas trop !

Sans compter, déjà, un problème dans l’énoncé : il est vrai que cet énoncé est passé en boucle depuis deux mois par une presse « internationale » unanime à faire ce qui, au grand jamais, ne saurait être taxé de propagande : « les résultats annoncés par la commission électorale indépendante ». Problème : la Cei n’a jamais annoncé de résultats ! En vidéo :


On n’a qu’une proclamation totalement arbitraire jusqu’à preuve du contraire, de Babayoko. Ce pourquoi, Choï, qui a validé cela, commence à montrer des signes de nervosité…

Ainsi lors d'un briefing onusien (vidéo ci-dessous), Choï avoue à plusieurs reprises avoir « subi des pressions du camp Ouattara et de lui seul ». Ou ne répond rien (sic !) lorsqu'on qu'un journaliste lui rappelle qu'il devait certifier le processus et non le résultat !


Et voilà donc l’UE qui vient à la rescousse de son propre emballement des premiers jours : AFP BRUXELLES : « Les observateurs de l`Union européenne à l`élection présidentielle ivoirienne du 28 novembre ont validé dans leur rapport définitif publié mardi la victoire d`Alassane Ouattara et exclu la nécessité d`un nouveau décompte des voix comme l`a proposé Laurent Gbagbo.
"Les résultats annoncés par la Commission électorale indépendante (ivoirienne) sont crédibles", a estimé l`eurodéputé conservateur roumain Christian Preda, qui a dirigé la mission d`observateurs, en présentant le rapport à la presse à Bruxelles.
Recompter les voix "n`est pas du tout nécessaire", compte tenu du fait que 400.000 voix séparaient Alassane Ouattara du président sortant Laurent Gbagbo, a souligné M. Preda.
"Si le résultat avait été serré, ça aurait pu avoir un sens", a-t-il concédé. »


(… Non sans prétendre donner des leçons de droit constitutionnel au conseil constitutionnel ivoirien ! Seul habilité à trancher un débat sur l’interprétation des articles du Code électoral !)

Or c’est précisément cet écart considérable qui fait problème. C’est cet écart, qui révèle une différence de 10 points entre le taux de participation officiel et celui qui ressort de l'ajout des voix des candidats, qui fait que l’on doit recompter !

Comment est-on passé de 70% de participation reconnus par tous et annoncés en boucle, unanimement et triomphalement dans un premier temps par l’Onu, le camp Ouattara, les « spécialistes » de l’Afrique, les médias, etc. Comment est-on passé de 70% à plus de 80% si l’on fait la simple addition des chiffres donnés par Bakayoko ?

Dépêche AFP du 29 novembre 2010 :
Le taux de participation au second tour de la présidentielle dimanche se situe autour de 70%, en baisse par rapport au premier tour le 31 octobre où elle avait atteint 83%, a annoncé lundi la Commission électorale indépendante (CEI).

Non seulement ce grand écart qu’invoque le représentant de l’UE n’exclut pas un recomptage, mais le requiert !

C’est précisément cet écart qui nécessite le recomptage. Les coups médiatiques, les esbroufes, le retour des calomnies n’y changeront rien. Les faits sont là : la différence entre 70% et 80%. Tout le reste n’est que des mots.

C’est précisément une des bases de la plainte déposée contre Choï :

Hold-up électoral de Choi et affidés : Me Ceccaldi : «Le mécanisme de la fraude se trouve dans le taux de participation»

La tribune des Communicateurs citoyens a accueilli hier, l’avocat français Me Ceccaldi, qui avait à dire et à redire sur la forfaiture de Choi et ses mandants pour proclamer Ouattara vainqueur de la présidentielle.

On ne le dira jamais assez, Choi s’est rendu complice de la fraude et des violences qui ont contribué à cristalliser les tensions post-électorales en Côte d’Ivoire, en faisant croire à l’opinion que Alassane Dramane Ouattara a gagné l’élection présidentielle ivoirienne. Un passage en force cousu de fil blanc mis à nu au fil des jours par les Ivoiriens et amis de la Côte d’Ivoire épris de paix et de justice. Au nombre de ceux-ci, Me Marcel Ceccaldi, avocat international qui a répondu à l’invitation des Communicateurs citoyens, qui ne ménagent aucun effort pour le rayonnement de la démocratie. Hier lundi donc, aux 2 Plateaux, le juriste s’est longuement attardé sur les tenants et aboutissants de la crise actuelle en prenant pour repère le Thème : «Problématique de la Certification des élections en Côte d'Ivoire». Pour l’éminent juriste, «le mécanisme de la fraude se trouve dans le taux de participation». Le disant, il se base sur des faits palpables. Il s’explique en effet difficilement le fait que le taux de participation ait changé en l’espace de quelques jours, sans que cela n’émeuve personne, particulièrement Choi et ses patrons de la communauté dite internationale. «La proclamation des résultats à l’échelle administrative n’a pas été faite. Si la procédure avait été suivie, Choi aurait vu qu’il y avait des incohérences au niveau du taux de participation ; et que dès lors, il y avait un risque de fraude. Le mécanisme de la fraude se trouve dans le taux de participation. De 72% on est passé à 82 % de taux de participation. C’est ça la fraude», a-t-il dénoncé, pointant du doigt le laxisme complice doublé de mauvaise foi, du représentant spécial du secrétaire général de l’Onu en Côte d’Ivoire.
(In Le Nouveau Courrier N°187 du 25 Janvier 2011 par Stéphane Bahi)

mardi 25 janvier 2011

"Tous les textes gênants pour Choi sont supprimés du site de l’Onu" !

C'est ce qu'a découvert Me Ceccaldi, qui annonce : "Nous allons saisir la Cour internationale de justice".

In Notre Voie, mardi 25 janvier 2011, article de Serge Armand Didi :

Acte d’ingérence de Y. J. Choi / Marcel Ceccaldi (avocat de l’Etat ivoirien) : “Nous allons saisir la Cour internationale de justice”

«La problématique de la certification de l’élection présidentielle de Côte d’Ivoire». Ce thème fort à propos a été commenté, hier lundi 24 janvier 2011, aux II-Plateaux, par l’avocat français Marcel Ceccaldi dans le contexte des débats initiés par la Coordination des communicateurs citoyens bénévoles pour le rayonnement de la démocratie.

Pour le conférencier, il est clair que le représentant spécial des nations unies en Côte d’Ivoire, Young J. Choi, a outrepassé ses droits dans son rôle de certificateur de l’élection présidentielle du 28 novembre 2010. «La difficulté vient lorsque le responsable (Choi) des nations unies s’est immiscé dans la proclamation alors qu’il n’avait ni la compétence ni le droit de le faire», a-t-il avancé.

Une démarche, a-t-il poursuivi, qui a été faite en violation flagrante de toutes les normes et les lois en vigueur en la matière (charte de l’Onu, résolutions et accords politiques). Aujourd’hui, a-t-il révélé, «tous les textes (…) gênants pour Choi sont supprimés du site de l’Onu». Aussi, a affirmé Me Ceccaldi, le collectif d’avocats dont il fait partie se propose de porter plainte contre le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, et son représentant, Choi, auprès de la Cour internationale de justice (Cij). «Nous allons saisir la Cour internationale de justice», a-t-il martelé. La saisine de cette juridiction se justifie, de l’avis de Marcel Ceccaldi, par le fait que Young J. Choi s’est donné le pouvoir d’un haut commissaire aux élections. Qui aurait pu se justifier si la Côte d’Ivoire n’avait pas d’institutions ou qu’elle était sous tutelle de l’Onu. Ou encore si l’organisation mondiale était chargée d’organiser les élections.

Comme on a pu le constater au Cambodge (1993), au Kosovo (2000), en Afghanistan (2010). «J’accuse M. Choi de forfaiture», a fulminé Ceccaldi. «La Côte d’Ivoire n’a pas renoncé à sa souveraineté ! (…) M. Choi doit respecter les organes qui garantissent sa souveraineté», a-t-il insisté.

Il a fait observer que le rôle du représentant de Ban Ki-moon en Côte d’Ivoire est celui «d’un accompagnateur» qui aurait dû s’en tenir à la validation des différentes étapes du processus électoral. Et non à celui qui consiste à proclamer les résultats de l’élection présidentielle à la place du Conseil constitutionnel ivoirien. Par cet acte, Choi, au dire de l’avocat, a porté atteinte à la souveraineté de la Côte d’Ivoire. «La souveraineté appartient au peuple. (…) Aucune structure des Nations unies ne peut porter atteinte à la souveraineté d’un Etat», a-t-il affirmé. Au demeurant, Me Ceccaldi s’est étonné que M. Choi n’ait pas pu aider au désarmement des rebelles (une des étapes à valider) conformément à l’accord politique de Ouaga. «Que font Ban Ki-moon et Choi entre la date de la signature de cet accord et celle des élections ?», s’est -il interrogé.

lundi 24 janvier 2011

Entre bruits de bottes et guerre économique contre la Côte d'Ivoire

CRISE ELECTORALE EN COTE D’IVOIRE
LE FEUILLETON SE POURSUIT EN DIASTOLE ET SYSTOLE

Lu dans San Finna, Hebdomadaire burkinabè

Cette crise ivoirienne, qui draine des menaces de recours à la force sur un fond d’imposture pour imposer Alassane Ouattara au pouvoir, montre avec le temps le caractère irréfragable, incompressible, insubmersible, de la vérité, donc la fragilité d’une telle ambition. Une vérité qui remonte de plus en plus en surface, montrant l’intelligence des hommes qui gouvernent ce pays mais aussi leur courage, la fidélité de ces forces de défense et de sécurité dans une fusion patriotique. Des forces prêtes, avec un Mangou à l’image de son Chef, à faire obole de leurs vies pour la dignité, l’indépendance de leur pays et de l’Afrique. Au moment où s’annonce le Sommet de l’Union africaine, il est à prévoir que cette énergie mise au service de la justice et de la vérité y résonne fortement et séduise. Des pays qui, comme l’Afrique du Sud, l’Angola, ont conquis au prix fort leur liberté, ne sauraient y dénier aujourd’hui leur fraternité à la Côte d’Ivoire engagée dans le même combat libérateur.


Par Victory Toussaint, in San Finna, Hebdomadaire burkinabè, n° 600,
du 24 au 30 Janvier 2011


I. - CETTE ELECTION A TOUT VA
JOUEE A « MALIN/MALIN ET DEMI »

Depuis qu’au sortir du deuxième tour, la Côte d’Ivoire se trouve embarquée dans une crise postélectorale dont le monde n’a jamais été témoin, tout a été dit sur les tenants et aboutissants de cette crise. Les uns et les autres, partisans de Laurent Gbagbo ou d’Alassane Ouattara, ont développé leurs thèses si bien qu’au jour d’aujourd’hui, celui qui dira qu’il n’a pas assez d’éléments sur ce différend électoral et politique, c’est qu’il n’aura pas vraiment cherché, qu’il est de mauvaise foi ou bouché à l’émeri. Il reste tout de même un point sur lequel jusqu’à présent, on n’en a pas vu beaucoup s’exprimer : c’est celui qui met la lumière sur ce poker politique auquel se sont livrés les deux adversaires de cette bataille, Alassane Ouattara appuyé par la communauté internationale et Laurent Gbagbo appuyé par les patriotes africains et les défenseurs de la primauté du Droit.

LE PARI DU COUP D’ ETAT ELECTORAL

Le premier camp, qui a la force avec lui, qui est convaincu d’avoir domestiqué les médias, la justice, pour l’aboutissement de sa « cause », a choisi, après l’échec du coup d’Etat militaire du 19 Septembre, de faire le dos rond et de tout miser sur le coup d’Etat électoral. Les Commissions électorales indépendantes qui donnent des coups de main, les fichiers électoraux bidonnés qui vous tirent d’affaire, sont maintenant des techniques bien éprouvées qui économisent en temps, en argent, en vies humaines. Pourquoi ne pas y recourir en RCI ?

Mais comment ? C’est tout bête. Il suffit de maintenir le statu quo du point de vue territorial et du point de vue des forces militaires. On garde la partition de fait, on refuse le désarmement, la réunification et on pousse aux élections. Voilà l’option qui a été prise. Evidemment, tout cela est enrobé de mièvreries, de promesses, de financement du processus, d’engagement à convaincre les rebelles de désarmer et à réintégrer la république. Et pour convaincre Laurent Gbagbo d’aller dans ces conditions aux élections, on n’oublie pas de jeter à ses trousses les médias de France et de Navarre mais aussi ceux des capitales africaines complices. Et on y allait des insultes, des moqueries : le « boulanger mouille », il sait qu’il sera complètement rétamé aux élections, c’est pour cela qu’il n’a de cesse de les reculer. Quand ça ne suffisait pas, on commandait des sondages pour lui assurer une victoire haut la main, croyant par ce subterfuge, endormir ses appréhensions.

Dans cette stratégie, étaient embarqués tous ceux qui avaient nourri, formé, aidé, encouragé les rebelles dans leur cavalcade en 2002 pour l’évincer du pouvoir mais avec cette fois en première ligne, les USA et les Nations Unies. La pression était trop forte et le temps, cette fois-ci, ne se montrait pas un allié de Laurent Gbagbo. Il lui fallait sortir coûte que coûte du piège, montrer qu’il n’avait pas les pétoches sans pour autant aller se faire étriper dans un scrutin qu’il savait bidouillé, piégé à mort, un scrutin qui se déroulerait contrairement à la Constitution avec un pays non réunifié où des rebelles avaient toujours la haute main au plan militaire et économique sur les populations qu’ils contrôlaient. Il n’y avait pas besoin (cela crevait les yeux) de forcer ces rebelles à faire un hold-up électoral en faveur de Ouattara !

LA BOTTE SECRETE DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL

Laurent Gbagbo finit par entrer dans le jeu, à si bien y entrer qu’il donne l’impression de ne pas soupçonner ce qui va venir. Il laisse faire cette Commission électorale indépendante composée à 90 % de ses opposants. Il met même à sa tête un président du RHDP. Il satisfait toutes les demandes de l’opposition pour un scrutin transparent dans le Sud mais sans qu’on y prenne garde, il bétonne le Conseil constitutionnel grâce à un N’Dri compétent et fidèle. Il se dit « à malin, malin et demi. Vous allez, se dit-il, en amont, m’en faire voir de toutes les couleurs au Nord, vous disant qu’au Sud, vous allez faire le plein de vos voix sans me permettre à moi d’y resquiller puisque les contrôles sont là, vigilants, surabondants. Au Nord, je le sais, vous allez me laminer en faisant un vote si gourmand en faveur de mon adversaire que sa victoire y sera assurée ». Mais voilà, ce que l’intelligence internationale a oublié, c’est que Laurent Gbagbo la voyait comploter à ciel ouvert, que la légitimation qu’elle voulait donner à l’homme de son choix ne pouvait s’opérer dans la méconnaissance que celle-ci, dans un Etat souverain, appartient au seul peuple souverain.

Ce que la communauté internationale a négligé, c’est que selon la loi des lois, selon les institutions de la Côte d’Ivoire, selon la hiérarchie des normes juridiques qui prévalent dans ce pays, la décision finale en matière électorale revient au Conseil constitutionnel.

Elle n’a pas suffisamment mis en perspective qu’elle courrait le risque de se trouver en contradiction avec elle-même en contestant la décision d’un juge suprême quand dans leurs propres pays, ses membres ne peuvent se le permettre. Voilà le carrefour auquel Laurent Gbagbo a su les amener en acceptant d’aller à une consultation qu’il savait pipée au Nord et qu’il comptait bien surmonter en aval grâce à un Conseil constitutionnel qui lui donnerait le dernier mot.

Paré pour la bataille contre une proclamation de victoire prématurée grâce à un accord signé en ce sens avec son adversaire, il n’en oubliait pas pour autant qu’il lui faudrait éventuellement savoir compter avec le temps au cas où on marcherait sur cet engagement pour déjouer le complot électoral. Nous y sommes.

Avec le temps, la lumière a jailli, imposant la vérité aux consciences et aujourd’hui, ils sont de plus en plus nombreux, les pays mais surtout les peuples, à y voir plus clair, à dénoncer le complot électoral international, à affirmer qu’on ne peut pas résoudre la crise postélectorale en RCI par la force et à convenir qu’il faut procéder au recomptage des voix ou en tout cas à une solution politique. C’est un renversement de situation qui donne raison aux plus faibles contre les plus forts car là encore, Laurent Gbagbo sait qu’il a des pièces maîtresses en main ; il sait qu’en refaisant le compte, la duplicité des uns et des autres apparaîtra au grand jour. On saura qu’il y a eu bourrage d’urnes, qu’il y a eu falsification de procès-verbaux, violences de toutes sortes, bref, qu’une association de malfaiteurs emportant bien de démocraties classées parmi les plus exemplaires du monde, a été à la base d’une méga-fraude électorale dont les conséquences, les placent véritablement dans l’antichambre de la Cour pénale internationale.



II. REUNION A BAMAKO DES CHEFS D’ETAT DE L’UEMOA :
LES LECONS A EN TIRER

La réunion des chefs d’Etat de l’UEMOA à Bamako le 22 janvier 2011 marque (tout porte à le croire) un grand tournant dans la vie de l’institution, du Franc CFA.

Les chefs d’Etat ont confirmé les décisions prises par le Conseil des ministres de l’UEMOA du 23 décembre 2010 et en conséquence ont donné tous les pouvoirs et toutes les signatures à Alassane Ouattara. Ils ont, par la même occasion, fait démissionner le Gouverneur de la BCEAO, Philippe Henri Dacoury Tabley.

Il s’agit d’une position de fermeté extrême dont on sent qu’elle n’a pu être prise qu’avec le soutien de la France qui est un partenaire-clé de la zone CFA. C’est dans la guerre des défis entre Laurent Gbagbo et la communauté internationale, l’escalade pour signifier au président ivoirien et aux siens que la bataille financière est bien lancée et qu’elle ne s’arrêtera pas.

Cette option du reste semble rencontrer un consensus au niveau de l’union beaucoup plus que celle de la guerre pour en finir avec le régime ivoirien.

Si l’on peut se réjouir des progressions enregistrées dans ce domaine du rejet de la guerre, encore que rien ne garantisse qu’elle soit à jamais conjurée, il reste que l’asphyxie économique et financière, à terme, risque de poser autant de dommages que la guerre proprement dite.

Quoi qu’il en soit, après ces décisions, le pouvoir ivoirien est au pied du mur. On attend sa réaction. Acquiescer aux décisions, c’est un signal de recul qui ne peut que déboucher sur la reconnaissance d’Alassane Ouattara auquel tous les pouvoirs sont conférés pour gérer le pays. Refuser contraint à en tirer toutes les conséquences, départ de l’UEMOA et création d’une monnaie nationale. [...]

Suite et fin : ici...

Quand la France se tire une balle dans le pied (suite)

Une transition en Tunisie du RCD avec Ben Ali vers un RCD sans Ben Ali n’aurait selon toute vraisemblable rien pour déplaire à la « communauté internationale » sarkozienne… Face à l’ombre islamiste, ex-alibi au soutien de Ben Ali, qui refait surface. Et puisque de toute façon en Tunisie toute opposition démocratique structurée a été laminée, quid de la suite ?…

La stratégie est constante, en œuvre actuellement contre la Côte d’Ivoire, qui consiste précisément à laminer toute alternative vraiment démocratique au règne de la « communauté internationale ».


Avant, il y avait le totalitarisme soviétique, qui discréditait toute option alternative aux dictatures pro-occidentales. Les théologies de la libération ont permis de faire sortir l'alternative de l’ornière : un socialisme avec liberté de conscience est possible (plusieurs expériences le montrent, notamment en Amérique latine).

Cette sortie de l'ornière (qui était effectivement terrible) a commencé à se mettre en place au moment où l'Urss s'effondrait.

Jusque là, les stratégies française et américaine semblaient se superposer. Depuis, elles ont divergé. Côté Washington, on a embrayé sur l’ancrage afghan, où contre l’Urss on avait commencé à surfinancer les fanatiques, future figure (certes affreuse) du nouveau « diable », face auquel les « interventions » apparaîtront comme mains tendues héroïques vers la démocratie. Mais en parallèle on s'est attaché à laminer tout ce qui n'est pas islamisme : tous les régimes laïques (pas forcément idylliques !) qui s'y opposaient en vrai. C’est là qu’apparaît la nouvelle divergence, post 1989 : Paris soutient plus volontiers les dictatures laïques, présentées comme pas si mal que ça. La stratégie américaine, celle de la lutte d’un sauveur contre un « axe du mal » ipso facto favorisé en effet de miroir, semble n’être pas celle de Paris.

Les deux stratégies, soutien des dictatures laïques vs renversement de tout ce qui n’est pas islamisme comme figure à combattre, finissent toutefois par converger : nous voilà à terme avec comme seule alternative apparente aux options de la « communauté internationale », l'incontestablement insoutenable islamisme. Et l'alibi a marché jusqu'à ces derniers jours en Tunisie pour Ben Ali (c'est lui ou rien d'autre que les fanatiques), comme il marchait avec Pinochet contre la menace soviétique. Mais quid de la suite, quand l'opposition démocratique n'est pas structurée ? On peut craindre qu'on ne se retrouve à nouveau avec l’alternative du « diable » contre la « communauté internationale » qui a permis à Ben Ali de se maintenir. Et la facilité avec laquelle s'est faite la transition (et avec l'aval de Ben Ali acceptant sans trop de difficultés de partir, semble-t-il) fait craindre la suite.

Entre temps, le relais, bon an mal an, aura — a déjà, sans doute — été transmis par Paris à Washington.

Où, dans un apparent paradoxe, la Côte d’Ivoire résistante de Gbagbo lutte aussi pour la France — malgré elle, malgré les Sarkozy et MAM (la droite historique ne s’y trompe pas) — ne serait-ce qu'à titre de signe qu'autre chose que le choix entre islamisme (déjà présent dans les rébellions, de la Somalie au Nigeria, au Niger et à la Côte d’Ivoire) et FMI est possible ! Car sans l’autre alternative, démocratique celle-là, sans cet au-delà des truquages électoraux et régimes corrompus, sans la résistance à la corruption internationale que porte le refus des bourrages d’urnes par Gbagbo, on se retrouvera à terme avec l’autre et récurrente alternative, qui profite invariablement à Washington. Déjà Sarkozy et sa « communauté internationale » se sont rendus à cet « état de fait », au grand dam des historiques de la droite et de la gauche mitterrandienne françaises : si on ne relaie pas l’alternative démocratique qui consiste à reconnaître les institutions souveraines de la Côte d’Ivoire, on déroule dans tous les autres cas de figure le tapis rouge pour Washington / FMI.

Pour la Tunisie, dans le même ordre d'idées, l'urgence est donc bien sûr de voir émerger une réelle alternative, entre la dictature laïque que Paris a soutenu jusqu’au bout et l’islamisme face auquel s’ouvrirait un boulevard pour un Washington sauveur.

Et pour en rajouter, comme d’hab., l'unanimité des médias de la « communauté internationale » à se réjouir laisse prévoir pour les futures élections en Tunisie un choix comme celui auquel on tient pour la Côte d’Ivoire depuis 1993 et 1999 : un bonnet blanc et un blanc bonnet de la « communauté internationale », genre Bédié ou Ouattara, vs Ouattara ou Bédié.

Cf. aussi ici.

dimanche 23 janvier 2011

Pourquoi les peuples d'Afrique soutiennent Gbagbo

Pour l’Afrique, je défends Gbagbo - par Malick Noël Seck (Convergence socialiste - Sénégal)

Lorsque vous entendrez parler de la Côte d’Ivoire, tendez l’oreille, on parle de vous. Il n’y a pas de crise ivoirienne, ce n’est pas la Côte d’Ivoire qui est en crise, il y a une crise des intérêts français en Côte d’Ivoire suite à la décision du Conseil constitutionnel ivoirien de valider la victoire de Laurent Gbagbo à la présidentielle de 2010.

Dès lors, ni l’ONU, ni la France ni une quelconque institution internationale ne peut en aucun cas se substituer à la constitution ivoirienne. Il existe une attitude légaliste, butée et débonnaire, qui persiste à croire que les situations politiques dans l’Ouest Africain doivent être soumises aux mêmes critères d’analyses que leurs variantes occidentales et que les républiques africaines devraient se conformer au droit constitutionnel hérité de la France. Or l’attitude légaliste n’est pas l’unique grille de lecture et la République, qui de fait associe l’intérêt général aux intérêts du peuple, doit être seule à triompher dans tous les cas de figures. Lorsque le président français Nicolas Sarkozy du haut de sa tribune pose un ultimatum au président Gbagbo et à sa femme, je me range automatiquement du côté de Gbagbo parce qu’à ce moment précis il devient une figure emblématique.

Et lorsque cette insulte est proférée au moment même ou nous fêtons le cinquantenaire de nos indépendances octroyées, Gbagbo devient un être providentiel, et les éructations des milieux d’affaires, les menaces d’une intervention militaire et l’unanimité des flics de la presse à le designer perdant, deviennent autant de titres honorifiques qui s’ajoutent à son curriculum. Nous connaissons à présent la composition de la Commission électorale dite indépendante, elle était à 80% ouattariste ! Gbagbo demande le recompte des voix, la communauté internationale lui exige de perdre. Il sait le prix de la défaite ! C’est le renouvellement du Pacte colonial, c’est l’uranium nigérien vendu à vil prix à la compagnie française Areva, le pétrole gabonais à Elf Aquitaine, les projets d’aménagement de nos territoires réservé à Bouygues, les télécommunications au groupe Orange ; paludisme et pieds nus pour les enfants de Cocody, hors-bord et école privée pour les rejetons français de la Lagune, mains calleuses et toits de chaumes pour les cultivateurs de cacao du ZanZan, Jaguar et appartements de luxe pour les chocolatiers de Neuilly ; parce que c’est à ce prix là que l’on mange du sucre en Europe.

Ce que veut la France c’est conserver dans ses territoires l’aristocratie républicaine dressée pour la servir, tels Bongo et Eyadema, ventripotent dans leurs costumes, sergents chefs au syndicat de la trahison et dignes successeurs de leurs pères respectifs. Et lorsque rien ne marche, on fomente une rébellion armée, on exige des élections pour bourrer les urnes, on organise le crime crapuleux et des campagnes de presse, parce qu’il faut vaincre sans avoir raison, parce qu’il faut que les bourgeois de la grande industrie française dorment tranquille, et que les partis politiques français se fassent financer leurs campagnes électorales au détriment de nos peuples. La France ne peut pas nous humilier chez elle et chez nous. Vous connaissez le mythe de la terre d’accueil, les contrôles au faciès, la réalité des rafles nocturnes et des déportations sommaires. De quel côté du revolver êtes-vous ? D’un côté vous avez Ouattara avec ses propriétés parisiennes, ses amis du FMI, ses frères maçonniques et sa femme, de l’autre vous avez Gbagbo dont le seul tort est le refus de négocier les intérêts de la Cote d’Ivoire et pour cela il est calomnié, livré pantelant aux convulsions du brigandage, vilipendé par le même système qui jadis nous vendit le cannibalisme de Bokassa. Les ennemis de la Cote d’Ivoire sont planqués dans un hôtel, incapables d’orchestrer un soulèvement populaire, trahis par les électeurs fictifs qui les ont élus et comble du comble, c’est l’ONU qui les protège. Je vous ferais remarquer au passage que l’ONU a fait un bien meilleur travail à défendre les retranchés de l’hôtel du Golf que les Tutsis de l’hôtel des Milles Collines à Kigali lors des massacres de 1994, parce que ses interventions sont fonction du pédigrée des victimes. Nous ne sommes plus les tirailleurs de la France. Aucun Sénégalais n’ira mourir en Côte d’Ivoire. L’amélioration de nos conditions d’existence passe nécessairement par le contrôle de nos matières premières que seule notre souveraineté nationale peut garantir. Or être souverain c’est pouvoir librement décider de son sort. Gbagbo doit gagner, la marche de l’histoire l’exige ! Et c’est la seule Renaissance Africaine qu’il vous sera donné de vivre.

Malick Noël SECK - SG Convergence Socialiste / Responsable PS à Sicap Liberté

(via)

PS : l'auteur de ce texte participera aujourd'hui au rassemblement organisé autour du ministre de la Jeunesse Charles Blé Goudé à Abidjan.

Et à Paris :

samedi 22 janvier 2011

Le peuple camerounais soutient la souveraineté ivoirienne



(NB : il y a un bug de 40 secondes à la 5e mn. Ne pas couper, patienter)

L'UA pourrait envisager une vérification des résultats du vote

fratmat 22-23.01.11.jpgfratmat 22-23.01.11.jpgC'est ce que plaide le Président sud-africain, Jacob Zuma : il y a "moyen de vérifier les faits et, en fonction des résultats, de pouvoir avancer".

Selon lui "Le prochain sommet de l`Union africaine (qui s`ouvre le 30 janvier à Addis Abeba) devrait étudier la question".

Où l'on découvre pourquoi Sarkozy humilie la France en cherchant à s'inviter au sommet de l'UA. Les partisans de la guerre redoutent plus que tout que la vérité apparaisse. Installer le poulain de la "communauté internationale" à tout prix, avant que la vérité n’apparaisse, le rendrait, à leur yeux, plus inamovible.

Et qu'importe le coût en vies humaines. En cas de guerre, Ouattara le précise dans l'interview qu'il donne à La Croix : "s’il y a des fidèles qui s’accrochent, ils en feront les frais" !

vendredi 21 janvier 2011

Bruits de bottes en Côte d'Ivoire : comment la France se tire une balle dans le pied

La guerre de la "communauté internationale" contre la Côte d'Ivoire que prépare activement Paris et que Ouattara appelle de ses voeux revient pour la France à se tirer une balle dans le pied... En livrant dans tous les cas de figure la Côte d'Ivoire à Washington... De l'art sarkozien de livrer l’Afrique aux USA sur un plateau.


Trois hypothèses sont envisageables quant au débouché de la guerre dont la menace gronde :

1) Les armes parviennent à "déloger" Gbagbo et à installer Ouattara au pouvoir. Le résultat concret est relevé par la droite française historique, depuis Evanno, ancien collaborateur de Foccart, à Probst, ancien conseiller de Chirac : dans ce cas de figure, c'est Washington qui rafle la mise.

Philippe Evanno : "Aujourd'hui, c'est la place et la domination des États-Unis sur le continent africain qui sont en jeu. La divulgation des notes diplomatiques américaines par Wikileaks et leur analyse permettent de démontrer que les Américains étaient très heureux de l'effacement français, puisque cela leur laisse le champ libre sur la totalité du continent». Selon Philippe Evanno, «le bouclage de cette domination se joue sur la présidentielle ivoirienne, puisque c'est sur cette présidentielle que l'on joue l’annulation pure et simple de la souveraineté des Etats africains». Alors, pourquoi Nicolas Sarkozy a-t-il adopté la position américaine ? Réponse de l’expert : «Je crois que c'est tout simplement la sienne. Nous avons, pour la première fois sous la Vème République, un président de la République qui est totalement acquis aux objectifs américains et cela revient à faire de la France un pays supplétif des États-Unis, notamment en Afrique.»"

J.F. Probst : "De mon point de vue, et du point de vue de certains observateurs avertis et connaissant bien les affaires ivoiriennes, il est évident que depuis longtemps la CIA téléguide avec quelques longues cordes, et assez facilement semble-t-il, le couple Alassane et Dominique Ouattara… Les rebelles du nord sont manipulés de l'extérieur, et pas seulement par l'islam avec Al Qaïda, des islamistes du nord de l'Afrique qui voudraient bien pousser jusqu'au sud. Tout cela est un imbroglio dans lequel les États-Unis nagent comme d'habitude à contre-courant. Ils ont engendré beaucoup de guerres et beaucoup de conflits civils, avec de nombreux morts dans de nombreux pays où il y a du diamant, de l'uranium, de l’or, du pétrole et d'autres richesses… Tout le monde fait la danse du ventre autour de la Côte d'Ivoire, mais les États-Unis, avec leurs manières lourdingues et obamesques, un peu comme Bush le faisait en Irak, arrivent à entraîner derrière eux des petits satellites ou des vassaux. Malheureusement pour mon beau pays de France, que le général De Gaulle avait fait sortir du commandement intégré de l'OTAN, le président Sarkozy a réintégré l'OTAN. Le président Sarkozy est à la traîne des États-Unis et la France est un wagon de queue de la grosse locomotive américaine… Les USA voudraient le Maroc, la Mauritanie, le Sénégal, la Guinée, le Mali, le Niger et cette Haute-Volta, devenue Burkinabè, qui veut percer vers le sud jusqu’à Yamoussokro pour, disent-ils, transformer la basilique Houphouët-Boigny de Yamoussoukro en mosquée. Obama, comme Sarkozy, c'est un peu une marionnette entre les mains du complexe militaro-industriel américain"

Notons que la gauche historique mitterrandienne, qui s'est exprimée par Roland Dumas et Me Vergès, va dans le même sens : "Monsieur Gbagbo a donné aux sociétés françaises un cadeau royal : le port à Bolloré, le pétrole à Total et l’eau à Bouygues […] il fait la part belle aux Français." (J. Vergès)

Que Paris se rassure, ce premier débouché est peu probable : dans l'hypothèse où les armes parviendraient à renverser Gbagbo, l’installation de Ouattara ne serait pas acquise pour autant : resterait encore l'étape peuple dont il est à présent clair qu'il rejette désormais l'ancien représentant du FMI. Pour n'en donner qu'un seul signe : ses appels répétés à la grève générale qui ne reçoivent aucun écho. La comparaison avec d'autres situations similaires est frappante.


Un tel scénario, qui poserait d'emblée Washington en position privilégiée, déboucherait toutefois sur un chaos tel qu'il faut être attentif à un second cas de figure, relevé par des Français de Côte d’Ivoire :

2) Le maintien de l'ordre en une Côte d'Ivoire ingérable supposerait une occupation durable du pays, dont l’intermédiaire et bénéficiaire immédiat serait l'autre puissance qui compte dans la sous-région.

C'est un journal suisse, Le Temps, qui le note - article de Béatrice Gurrey 19 janvier 2011 intitulé "La grande solitude d'Alassane Ouattara" :
"Comme nombre des Français du secteur économique, ce chef d’entreprise qui réside depuis trente ans en Côte d’Ivoire a d’autres craintes: il est évident à ses yeux que, si la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) veut déloger M. Gbagbo par la force, c’est le Nigeria, le plus gros contributeur, qui viendra. Non seulement ce n’est pas une démocratie exemplaire, mais il est assuré qu’il mettra ainsi la main sur tout le pétrole du golfe de Guinée. «Ils ne partiront plus d’ici, c’en sera terminé de la Côte d’Ivoire», dit-il."

Le choix récent, apparemment inexplicable, fait par le "médiateur" anglophone Odinga en faveur de Ouattara confirme cette tentation...

Dans ce second cas de figure comme dans le premier, c'est donc Washington qui rafle la mise.

Ce cas de figure toutefois est peu envisageable non plus quand on est attentif à la réalité de la Côte d'Ivoire en particulier et de l'Afrique en général. Derrière les quelques fantoches au pouvoir qui opteraient pour l'attaque de la Côte d'Ivoire, il n'y a que force militaire. Mais aucun soutien populaire.

Les populations d’Afrique sont unanimes derrière Gbagbo, et de plus en plus de dirigeants prennent acte et se positionnent et faveur du Président réélu en Côte d’Ivoire.

3) On n'a jamais vu de guerre quels que soient les moyens techniques et militaires déployés, qui soit remportée contre un peuple, a fortiori contre le peuple d'un continent unanime.

En cas de guerre, la "communauté internationale", quels que soient ses succès apparents, sera au bout du compte défaite, et n'aura fait qu'ouvrir vers l'indépendance de l'Afrique.

Paris, instigateur des violences qui déferleraient alors sur la Côte d'Ivoire et le continent, serait le grand perdant. En regard de ce 3e cas de figure, le plus probable en cas de guerre, Washington s'est déjà positionné pour tirer les marrons du feu.


Entretien du Président Laurent Gbagbo avec George Curry / NNPA / RTI