"À l'occasion du scrutin historique qui se déroule ce dimanche en Côte d'Ivoire, nous reparlons de l'affaire Kieffer..." - 15ème minute du 19/20 édition nationale de France3 / 29.10.10 : c'est ainsi que Catherine Matausch introduit le "document exclusif" annoncé en titre.
Et nous voilà avec un reportage de Tual et Dhinault, avec des images de... Stéphane Taponier ! Bien obligé de le mentionner, on rappelle soir après soir qu'il est otage avec Hervé Ghesquière en Afghanistan... depuis 304 jours ce soir-là (29.10.10). Mais cela permet aussi de dater les images du "document exclusif" présenté "à l'occasion du scrutin historique qui se déroule ce dimanche en Côte d'Ivoire"... d'un an environ ! Il y avait donc urgence à nous présenter cet éternel "scoop", où l'on revoit le non moins éternel "témoin", le "militaire ivoirien Alain Gossé", au grade toujours non-défini dans l'armée ivoirienne mais "au service" de Gbagbo, nous redire de quoi braquer le collimateur sur le candidat à l'avant veille du scrutin !
Le tout à l'appui des mêmes sempiternels conditionnels. Ah si ! une nouveauté : on nous montre, "détail troublant", trois gendarmes à vélo, supposés être devant le terrain vague où serait enterré Kieffer, conformément à ce qu'a dit Gossé qui "nous avait mis en garde sur une probable présence policière".
Qu'importe, les enquêteurs de France3 n'auront qu'à "attendre leur départ pour [s'] approcher du terrain où le corps de G.-A. Kieffer aurait été enterré". Une pause casse-croûte semble donc suffire à lever cette présence indispensable pour garder un terrain aussi sensible...
Où le reportage en vient à mettre en cause explicitement le pouvoir ivoirien : "selon nos sources", il aurait refusé au juge Ramaël de fouiller ledit terrain ; cela en contradiction avec l'AFP, pour laquelle le magistrat qui "avait reçu l'aval des autorités ivoiriennes, n'avait finalement pu procéder à aucun acte, faute d'avoir pu bénéficier sur place de la collaboration de ses homologues."
Voilà comment France3 fait campagne ! Curieuse façon de se venger de s'être régulièrement trompé contre la Côte d'Ivoire depuis plusieurs années. Curieuse et vaine : peu d'Ivoiriens verront cet ultime et invariable argument de campagne contre le président-candidat, et ceux qui le verront auront toutes les chances d'y trouver un appui à l'idée que Gbagbo est le candidat du barrage à l'ingérence.
Dernier détail : "À l'occasion du scrutin historique qui se déroule ce dimanche en Côte d'Ivoire", France3 a omis au passage de mentionner les aller-retour des autorités françaises auprès de Gabgbo depuis quelques semaines, et le soutien appuyé que vient de lui prodiguer Henri Emmanuelli.
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