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Tant que les lions n'auront pas d'historiens, les histoires de chasse tourneront à la gloire du chasseur - Le mensonge se lève très tôt mais la vérité finit par le rattraper - Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage

samedi 30 octobre 2010

Elections ivoiriennes : France3 en campagne

"À l'occasion du scrutin historique qui se déroule ce dimanche en Côte d'Ivoire, nous reparlons de l'affaire Kieffer..." - 15ème minute du 19/20 édition nationale de France3 / 29.10.10 : c'est ainsi que Catherine Matausch introduit le "document exclusif" annoncé en titre.

Et nous voilà avec un reportage de Tual et Dhinault, avec des images de... Stéphane Taponier ! Bien obligé de le mentionner, on rappelle soir après soir qu'il est otage avec Hervé Ghesquière en Afghanistan... depuis 304 jours ce soir-là (29.10.10). Mais cela permet aussi de dater les images du "document exclusif" présenté "à l'occasion du scrutin historique qui se déroule ce dimanche en Côte d'Ivoire"... d'un an environ ! Il y avait donc urgence à nous présenter cet éternel "scoop", où l'on revoit le non moins éternel "témoin", le "militaire ivoirien Alain Gossé", au grade toujours non-défini dans l'armée ivoirienne mais "au service" de Gbagbo, nous redire de quoi braquer le collimateur sur le candidat à l'avant veille du scrutin !

Le tout à l'appui des mêmes sempiternels conditionnels. Ah si ! une nouveauté : on nous montre, "détail troublant", trois gendarmes à vélo, supposés être devant le terrain vague où serait enterré Kieffer, conformément à ce qu'a dit Gossé qui "nous avait mis en garde sur une probable présence policière".



Qu'importe, les enquêteurs de France3 n'auront qu'à "attendre leur départ pour [s'] approcher du terrain où le corps de G.-A. Kieffer aurait été enterré". Une pause casse-croûte semble donc suffire à lever cette présence indispensable pour garder un terrain aussi sensible...

Où le reportage en vient à mettre en cause explicitement le pouvoir ivoirien : "selon nos sources", il aurait refusé au juge Ramaël de fouiller ledit terrain ; cela en contradiction avec l'AFP, pour laquelle le magistrat qui "avait reçu l'aval des autorités ivoiriennes, n'avait finalement pu procéder à aucun acte, faute d'avoir pu bénéficier sur place de la collaboration de ses homologues."

Voilà comment France3 fait campagne ! Curieuse façon de se venger de s'être régulièrement trompé contre la Côte d'Ivoire depuis plusieurs années. Curieuse et vaine : peu d'Ivoiriens verront cet ultime et invariable argument de campagne contre le président-candidat, et ceux qui le verront auront toutes les chances d'y trouver un appui à l'idée que Gbagbo est le candidat du barrage à l'ingérence.

Dernier détail : "À l'occasion du scrutin historique qui se déroule ce dimanche en Côte d'Ivoire", France3 a omis au passage de mentionner les aller-retour des autorités françaises auprès de Gabgbo depuis quelques semaines, et le soutien appuyé que vient de lui prodiguer Henri Emmanuelli.

vendredi 29 octobre 2010

Retraites : "ça s'essouffle"...

Et on retrouve la joie de chanter en travaillant...


Au fond, il n'est question que de quelques années de ce bonheur en plus...


Tout va donc pour le mieux...


Et les enfants manipulés s'amusent...

Alice Cooper - School's out

jeudi 28 octobre 2010

De Frêche à l’AFP parlant de l’Afrique

À l’heure où, à l’Africaine, voulant marquer un minimum de respect pour un mort que l’on accable avant même sa sépulture, il m’a semblé opportun de faire remarquer qu’on a en a fait un « bouc émissaire » un peu facile... Jusques et y compris au jour où il ne peut plus répliquer.

Notre presse donneuse de leçons reste bien incapable de se dégager des mêmes poncifs qu'elle dénonce, des mêmes mots qui la parlent comme ils parlent trop de monde.

Ainsi, en période de campagne électorale ivoirienne, voilà notre nationale AFP produisant il y a quelques jours une dépêche qui n’est piquée des vers en matière de néo-colonialisme condescendant.



Et puisqu’il faut être bien vénéneux dès le titre (toujours utile, d’autant plus que nombre de lecteurs s’arrêtent au titre), on intitule la dépêche :

« Côte d’Ivoire: Gbagbo s’engage à respecter le résultat des urnes » (sic) !

La dépêche, publiée le vendredi 15 octobre 2010, sous-entend ainsi d’emblée que c’est là non seulement un scoop, mais en outre, formulé de la sorte, que rien ne permettait de s’attendre à ce respect des urnes, et que du coup, rien ne garantit qu’il faille le croire !

Normal, toute république africaine est bananière ! Ce que confirme la première phrase du... scoop de l’AFP : « Le président ivoirien Laurent Gbagbo, 65 ans, s’engage à respecter le verdict des urnes lors de la présidentielle du 31 octobre, tout en estimant qu’il battra ses adversaires, dans un entretien à paraître dans la prochaine édition de l’hebdomadaire Jeune Afrique. » Voilà qui situe une approche. (Mais les mots ont-ils été mesurés par le(s) responsable(s) de la dépêche ?)

Et qu’importe, si le Président ivoirien souligne, toujours selon l’AFP qui le cite : « en matière électorale, le risque zéro n’existe pas. Mais lorsque dix sondages, huit TNS-Sofres, un Gallup et un Afrobarometer vous placent en tête depuis un an et demi et jusqu’à l’avant-veille du scrutin, il est rare qu`ils se trompent » — l’AFP a donné le ton...

Attendons donc le titre de Jeune Afrique...

Quant à l’AFP, qu’est-ce qui lui permet ce titre insinuant ?... Ceci : « A la question de savoir s’il s’engage à accepter le résultat quel qu’il soit, il répond: "Bien entendu". » Il a dit « Bien entendu » ! La belle affaire !



Tandis que Gbagbo, qui avait remporté la présidentielle d’octobre 2000, poursuit : « "Je ne serai pas battu. Mais je ne serai pas éternellement président et un jour je transmettrai le flambeau à quelqu’un de plus jeune que moi". », l’AFP ne retient que l’interprétation invraisemblable qu’elle nous fait de la réponse naturelle de Gbagbo à qui l’on pose une telle question insensée : « Bien entendu » ! Ce qui sous-entend, au contraire de ce qu’en tire l’AFP, que ce n’est pas extraordinaire ! Évidemment qu’en démocratie, on accepte le verdict des urnes !

Et à l’AFP où l’on ne remarque même pas ce que la question a de déplacé, on fait carrément son titre d’une suspicion sous-entendue, qui n’a pas lieu d’être et qui est d’autant plus incongrue qu'elle vient d'une agence de presse officielle d’un pays dont les comportements réputés bananiers des autorités font les chous gras de la presse étrangère.

Au point qu’il serait fastidieux d’énumérer ne serait-ce que l’actualité de la semaine : ne retenons que la suspicion de passage en force d’une loi (défendue par un pouvoir accusé de collusion avec la finance) refusée par les Français ; quand des policiers sont suspectés d’être, dans les manifestations contre cette loi, en tête des casseurs (vieille pratique des républiques bananières justement) ; tandis que la presse en rajoute dans l’obséquiosité, face à un chef de la police, le ministre d’Intérieur himself, qui est condamné en première instance pour racisme. Tant les mots du racisme semblent entrer dans la banalité, comme dérivatifs d’une vulgate économique désignant la source des problèmes (dernièrement : les Roms), via une certaine logique oblitérée parfois jusque chez les philosophes. Heureusement un certain renversement se dessine dans les mots à contre-courant d’un Mélenchon, par exemple, pour l’instant assez seul.

Ainsi alors que de tels soupçons pèsent sur le pouvoir, quel média de l’importance de l’AFP aurait eu l’indécence de poser au président français se représentant aux élections (ou à Angela Merkel, pour ne rien dire d’un Berlusconi) une telle question : « la question de savoir s’il s’engage à accepter le résultat quel qu’il soit » !

Rien que de relever l’incongruité de la chose permet de mesurer l’indécence de parler ainsi d’un président étranger, et en l’occurrence d’une ex-colonie — jusqu’à aller faire un titre d’article d’un tel préjugé !



Voilà qui permet aussi de mesurer ce dont il s’agit quand Guerlain est parlé par un inconscient collectif largement partagé, de même que Finkielkraut, et qu’il est un peu facile de faire de Frêche le bouc émissaire de ce comportement et de ces mots.

La dépêche en question signe dans son titre que l’AFP elle-même baigne dans ce comportement, qu’elle est elle-même parlée par des mots qui n’ont toujours pas été cernés !

Des mots qui font décidément un peu trop grille du réel. Parlant de Frêche reprenant les mots de Finkielkraut tout en les nuançant, n'est-il pas surprenant que Finkielkraut, philosophe, n'ait pas été plus attentif aux mots ? Au fond c'est à une inattention à cette question qu'il doit peut-être le départ de ses "dérapages". Point de départ signé par sa formule "ne pas laisser à Le Pen le monopole du réel". Formule terrible chez un philosophe qui ne perçoit plus que le réel ne nous advient qu'à travers des mots justement ! Dès lors, depuis ce jour, le "réel" dont il parle est pour lui celui qu'imposent les mots de Le Pen ! Il s'est donc rendu à cette lecture du "réel", que dès lors il prend pour le réel. Cela peut expliquer largement ses glissements ultérieurs, conformes à la lecture du monde - "les mots" - à laquelle il s'est rendu par cette formule...

Mais qui a vraiment contredit ce « réel » à partir duquel Frêche a parlé ? Si ce type de convictions avait été vraiment repensé, l’AFP pourrait-elle encore pondre un tel titre sans rougir ?

mardi 26 octobre 2010

Défendre Frêche...

La mise en regard de deux déclarations sur les bleus « blacks », celle de Georges Frêche et celle faite un an avant par Alain Finkielkraut, appelle quelques questions...

Georges Frêche, novembre 2006 : « Dans cette équipe, il y a neuf blacks sur onze. La normalité serait qu'il y en ait trois ou quatre, ce serait le reflet de la société. Mais, là, s’il y en a autant, c'est parce que les blancs sont nuls. J’ai honte pour ce pays. Bientôt, il y aura onze blacks. Quand je vois certaines équipes de foot, ça me fait de la peine ».

Alain Finkielkraut, novembre 2005 : « Les gens disent que l'équipe nationale française est admirée par tous parce qu'elle est black-blanc-beur. En fait, l'équipe de France est aujourd'hui black-black-black, ce qui provoque des ricanements dans toute l'Europe. »



La déclaration de Frêche semble bien inspirée de celle de Finkielkraut : dans les deux cas trop de « blacks » — même terme ; dans les deux cas honte pour la France.

Mais le parallèle s’arrête là. Le propos de Frêche semble bien plus subtil, plus ambigu, plus difficile à interpréter. À bien y regarder, il peut même sembler nuancer celui de Finkielkraut.

Au premier regard, ce qu’il y ajoute — le problème c’est essentiellement les « blacks » et leur nombre pour Finkielkraut, c’est aussi les « blancs » et leur faible nombre pour Frêche — semble revenir au même : ce qui fait problème de toute façon c’est la couleur de l’épiderme, la classification des Français en regard de la pigmentation de leur peau. Que ce soit les « blacks » seuls qui soient mis en cause pour être trop nombreux parmi les bleus, ou aussi les « blancs » qui sont « nuls », on semble aux prises avec le même problème pigmentaire !

Mais, à y regarder d’encore plus près, les choses peuvent se nuancer encore — et Frêche, me semble-t-il, a aussi plaidé cela.

Ce qui fait « honte », en regard d’autres équipes ou nations et apparemment les autres nations européennes (second point commun avec la déclaration précédente de Finkielkraut parlant de « ricanements ») est en effet nettement plus sujet à débat chez Frêche.

La meilleure qualité technique des « blacks » au foot peut être mise en rapport, comme sous-entendu chez Frêche, avec le fait qu’ils n’ont souvent accès qu’à ce domaine (ou à celui du show-biz). Bref, ce qui peut faire honte en l’occurrence, même si le propos reste douteux, ce n’est pas la « couleur » des joueurs de l’équipe nationale de foot, mais le fait que contrairement à d’autres pays (il ne les nomme pas), la plupart des autres portes sont fermées aux « blacks », d’où leur forte présence dans ce domaine-là.



L’interprétation de la « nullité » des « blancs » devient alors éventuellement plus complexe, en lien avec le fait qu’il n’y a pour eux pas à combattre autant pour faire leurs preuves dans un des seuls domaines ouverts aux « minorités visibles », genre sport ou show-biz, et dès lors, ils peuvent à terme, moins y briller.

Auquel cas, la sortie de Frêche, qui semble bien inspirée de celle de Finkielkraut, aurait aussi pour sens de racheter, tout en l’assumant, la formule du philosophe, de lui donner, pour l’assumer (ce qui reste certes bien ambigu), une connotation différente, une connotation tendant à dénoncer une société à deux vitesses, incapable d’assurer autre chose à ses « minorités visibles » que les domaines où il va falloir se battre pour devancer ceux qui ont pris l’habitude de recevoir ce qui ressemble à des dus — que dès lors ils acquièrent de moins en moins ! Bref, il y aurait, confusément, une part maladroite de dénonciation de la promotion au faciès dans la saillie de Frêche...

En d’autres termes, on serait devant une dénonciation d’une des tares de notre société. Or c’est aussi un des combats que revendiquait Frêche !

Hypothèse tirée par les cheveux ? Peut-être, mais qui rejoint d’autres propos de Frêche dont la dénonciation a été évidemment calomnieuse, notamment celle sur les harkis, où il n’applique en aucun cas la formule — pour le moins malheureuse (et il l’a reconnu) — de sous-hommes aux harkis, mais au contraire à ceux qui à ses yeux les trahissent en s’alliant aux héritiers de ceux qui ont trahi et abandonné les harkis lors de la guerre d’Algérie !

Or dans les deux cas, on est tombé à bras raccourcis sur Frêche : dans le cas des harkis, pour ce qu’il n’avait évidemment pas voulu dire ! Dans le cas des « blacks », il est resté la cible d’un propos ambigu — pour le moins ! —, là où on a oublié médiatiquement l’auteur premier de la formule, et qui lui était beaucoup moins sujet à interprétation, tant c’était clair : Finkielkraut. Voilà qui renforce la thèse d’un règlement de comptes politique dont Frêche aurait joué et abusé.



Et voilà qui fait de lui le bouc émissaire facile d’un type de comportement beaucoup plus habituel qu’on ne le veut (cf. le récent, et plus grave, plus clair, cas Guerlain) : comportement et propos redoutables relevant d’un inconscient collectif qui parle par ceux qui se laissent un tant soit peu aller. À preuve son dernier « dérapage » pour reprendre ce terme éloquent, à propos de Fabius, un de ses ennemis politiques au PS. Si la « tronche » de Fabius n’est, pour Frêche, « pas très catholique », c’est pour cette raison seulement (inimitié politique), et évidemment pas pour des raisons religieuses, pourtant à l’origine d’une formule populaire qui, elle, a parlé la gouaille Frêche de façon malheureuse !

Ce qui fait qu’au fond, Frêche serait, quant à ses « dérapages », la chambre d’écho plus ou moins volontaire d’un parler d’inconscient collectif — mais, chez Frêche, invitant à sa propre correction, à son propre dévoilement. Au jour où il n’a plus ses saillies de bistro pour se défendre, qu’on le laisse donc reposer en paix !

samedi 23 octobre 2010

‘Crime contre l’humanité’ : un concept qui n’est pas tombé du ciel

L'article 6 (c) du statut du tribunal militaire de Nuremberg définit ’les Crimes contre l’Humanité’: "c’est-à-dire l’assassinat, l’extermination, la réduction en esclavage, la déportation, et tout autre acte inhumain commis contre toutes populations civiles, avant ou pendant la guerre, ou bien les persécutions pour des motifs politiques, raciaux ou religieux, lorsque ces actes ou persécutions, qu’ils aient constitué ou non une violation du droit interne du pays où ils ont été perpétrés, ont été commis à la suite de tout crime rentrant dans la compétence du Tribunal, ou en liaison avec ce crime".

Le concept juridique est désormais posé.



Un siècle avant, au cours des débats sur l’abolition de l’esclavage, toutes les marques de ce concept se mettent en place autour de l’esclavage comme ‘crime imprescriptible’, ‘attentat contre l’humanité’, ‘offense à l’humanité toute entière’, etc. :

Comme le pasteur « Benjamin Sigismond Frossard, son prédécesseur à la Faculté de théologie de Montauban, Guillaume de Félice affirme que l’esclavage est une atteinte aux droits de l’homme, “un crime dans sa source et dans ses conditions fondamentales”. Mais Félice pense que seule l’abolition immédiate et complète de l’esclavage est acceptable. “Pour un attentat contre l’humanité (sic) - écrit-il -, il ne peut jamais y avoir prescription. »

À la même époque, Agénor de Gasparin (cf. Nelly Schmidt, Victor Schoelcher, Fayard 1994, p. 65 sq.) pose que : « l’esclavage, qui souille encore les colonies française, est une honte pour notre patrie et une offense à l’humanité tout entière. »

Et Schoelcher - pétition à « messieurs les membres de la Chambre des députés et messieurs les membres de la Chambre des pairs » (le 30 août 1847) cf. Nelly Schmidt p. 66-67 :
« Nous demandons, Messieurs, l'abolition complète et immédiate de l'esclavage dans les colonies françaises.
« Parce que la propriété de l'homme sur l'homme est un crime.
« Parce qu'on ne peut détruire les vices de la servitude qu'en abolissant la servitude elle-même.
« Parce que les notions de justice et d'humanité se perdent dans une société d'esclaves.
« Parce que, en vertu de la solidarité qui lie tous les membres de la nation entre eux, chacun de nous a une part de responsabilité dans les crimes qu'engendre la servitude. »


Autant d’expressions que rassemblent la notion de ‘crime contre l’humanité’, qui est ainsi la raison centrale de l’abolition.

On est en 1848 lorsque l’abolition est proclamée. Tout est donc déjà en place quant aux concepts, comme tout est en place dans la pratique esclavagiste pour mener au débouché génocidaire qui adviendra au cœur de l’Europe, génocide perpétré par les nazis, dont le jugement reprendra les concepts posés au XIXe siècle lors de l’abolition de l’esclavage, qui se scelleront en droit dans la notion de crime contre l’humanité.



On est en droit de se demander s’il n’y a pas déjà tentation révisionniste à nier les origines et l’enracinement du concept de crime contre l’Humanité — et à contester la loi Taubira dont l’essentiel est de dire aujourd’hui la nomination du crime qui est au fondement de l’abolition. Une tentation qui en en vis-à-vis de celle qui est de nier les attitudes et les pratiques enracinées dans l’esclavage racial, et qui ont conduit à une libération de la parole raciste telle qu’elle a fait sauter toutes les barrières qui auraient pu empêcher le génocide nazi.

« Chaque fois qu’il y a eu au Viêt-nam une tête coupée et un œil crevé et qu’en France on accepte, une fillette violée et qu’en France on accepte, un Malgache supplicié et qu’en France on accepte, il y a un acquis de la civilisation qui pèse de son poids mort, une régression universelle qui s’opère, une gangrène qui s’installe, un foyer d’infection qui s’étend et [...] au bout de tous ces traités violés, de tous ces mensonges propagés, de toutes ces expéditions punitives tolérées, de tous ces prisonniers ficelés et “interrogés”, de tous ces patriotes torturés, au bout de cet orgueil racial encouragé, de cette jactance étalée, il y a le poison instillé dans les veines de l’Europe, et le progrès lent, mais sûr, de l’ensauvagement du continent.
Et alors un beau jour, la bourgeoisie est réveillée par un formidable choc en retour : les gestapos s’affairent, les prisons s’emplissent, les tortionnaires inventent, raffinent, discutent autour des chevalets.
On s’étonne, on s’indigne. On dit : “Comme c’est curieux ! Mais, Bah ! C’est le nazisme, ça passera !” Et on attend, et on espère ; et on se tait à soi-même la vérité, que c’est une barbarie, mais la barbarie suprême, celle qui couronne, celle qui résume la quotidienneté des barbaries ; que c’est du nazisme, oui, mais qu’avant d’en être la victime, on en a été le complice ; que ce nazisme-là, on l’a supporté avant de le subir, on l’a absous, on a fermé l’œil là-dessus, on l’a légitimé, parce que, jusque-là, il ne s’était appliqué qu’à des peuples non européens. »
(Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme.)

vendredi 22 octobre 2010

"La jeunesse n'est pas une carrière"

La formule est due à Houphouët-Boigny.

Elle répond à merveille aux vieillards pontifiant sur les manifestations lycéennes supposées "manipulées".

Quel est l’argument-clef que l'on entend ?... Mais, mon bon monsieur, ces jeunes devraient manifester pour la (contre-) "réforme" !



Ainsi, Ce soir (ou jamais !) d'hier soir jeudi 21.10 voyait François de Closet tenir la dragée haute à tous ses interlocuteurs. Sa gouaille remarquable laissait dans l'ombre Besancenot lui-même, tandis que Stéphane Hessel tentait la médiation entre ce Besancenot souriant et De Closet exubérant !

Quant à la ministre Valérie Pécresse elle se faisait forte de maintenir que la politique Sarkozy sauvait l'héritage (excusez du peu) du Conseil nationale de la Résistance que venait d'évoquer Hessel... À la trappe le fait que le CNR était tout de même dans une logique largement communiste, pas sarkozienne !

Clef de ce silence de plomb, l’argument-massue de De Closet, asséné d'entrée et répété à l'envi : "ces jeunes manifestent contre leurs intérêts !, mon bon monsieur. Il est scandaleux qu'on leur fasse payer la dette contractée pour assurer nos retraites !" Et ces naïfs de manifester contre la (contre-) "réforme" qui est là pour leur bien !...

Que répondre à cela, sinon qu'il faudrait se mettre à penser à partir d'une autre logique que celle de Bismarck, que nous envoyait sans vergogne un des participants ! Selon une autre logique aussi que la logique banquière qui présidait aux assertions de De Closet. Mais las ! Aucune autre logique n’apparaissait possible ! Joy Sorman corrigeait bien un peu le tir, donnant l’impression d'être un peu seule... On se prenait à regretter l'absence de Mélenchon...



Quant aux "jeunes" "manipulés", à en croire De Closet et consorts, ils sont jeunes pour l'éternité, comme les vieux sont de même en retraite pour l'éternité, éternité renforcée par ce qui aurait fait frémir Bismarck : la durée de vie augmente ! Horreur pour les éternels jeunes qui vont devoir payer indéfiniment la retraite des éternels vieux, qu'eux-mêmes ne seront jamais. Les parents sont bien ingrats ! Et que dire des grands-parents !

Et là, on se prenait à regretter l'absence d'Houphouët-Boigny sur le plateau, lui dont les mânes susurraient avec insistance : "la jeunesse n'est pas une carrière !"

jeudi 21 octobre 2010

L'insolence de Guerlaintintin

Une vidéo d'archive qui montre un Guerlaintintin* plus jeune que le vieux monsieur distingué devant Elise Lucet. Un colon genre normal, qui fait travailler ses nègres au noir (relents modernes de vieilles façons : au noir c'est moins cher, et moins d’impôts : tout bénéf. - et ça vaut bien à l'occasion vengeance économique contre la République tentée de faire valoir le droit...) :



Un autre exemple aux Antilles : un "béké" revendiquant ses 300 ans d'ascendants qui "se sont reproduits en race pure dans les colonies" (sic). Son propos, assez proche des échos répercutés par Guerlaintintin, montre à quel point tout cela est ancré dans le passé esclavagiste :



"Le noir c'est comme un enfant, a dit le béké, il faut être juste, on en obtient ce qu'on veut" (sic). Une insolence dont les effluves transpirent encore dans les mots de Guerlaintintin, et de quiconque ne voit pas le problème de l’énonciation tranquille d'une telle "justice" ! Telle est l'approche sous-jacente à certaine conception du "travail des nègres"...



Héritage d'un temps aux résidus actuels, celui de la pratique esclavagiste que le pasteur Guillaume de Felice, abolitioniste compagnon de route de Schoelcher, nommait précisément "attentat contre l’humanité", posant au milieu du XIXe siècle la base du concept juridique de "crime contre l'humanité"...


*Guerlaintintin : je dois le mot à Nolats (commentaire sous ce post).

mercredi 20 octobre 2010

Le mot nègre...

Poème d'Aimé Césaire, "Mot"





Cité par Audrey Pulvar, "Nègre je suis, nègre je resterai"...

mardi 19 octobre 2010

Séparer Droit et morale ?

S'il est utile de distinguer le travail des historiens de celui de l’Assemblée législative, il est tout aussi utile d'établir la façon dont s'articulent le droit et la morale, articulation allant jusqu'à la consultation de comités d’éthique...

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"La morale peut être individuelle, dans ce cas, il s'agit d'un code d'honneur que l'individu se fixe et qu'il décide d'appliquer ou non. Cependant, la morale peut être collective, et dans ce cas, elle s'apparente au droit. La morale et le droit travaillent tout deux de manière coordonnée ayant pour finalité l'amélioration de la vie en société.
Il existe différentes théories du rapport entre la morale et le droit. Les auteurs ont recours à l'image de deux cercles pour illustrer la morale et le droit. Chez certains, ces deux cercles sont concentriques, et considèrent ainsi que le droit est entièrement absorbé par la morale. D'autres prétendent que ces cercles sont sécants. Il y aurait donc trois catégories : les règles morales sans dimension juridique, les règles juridiques sans dimension morale, et à l'intersection, les règles morales ayant une application juridique. Il faut distinguer la morale du droit en deux points: La morale est personnelle et peux être en accord avec le droit, l'action faite conformément au devoir qui est le fruit d'un impératif kantien ou alors cette morale peut avoir une finalité personnelle et privée, et dans ce sens la morale n'est pas en accord avec le droit: c'est une action faite par devoir, fruit du caractère empirique. Enfin, certains avancent l'hypothèse que ces cercles sont strictement séparés. Cependant, cette dernière thèse admet trop d'exceptions pour être valide.
Le droit et la morale ont des domaines distincts, ils sont séparés, mais ils ont aussi des points de contact ; on ne peut parler ni de séparation, ni de confusion.
La morale peut être le fruit d'une seule personne, et ne s'appliquer qu'à elle ; le droit, en revanche, n'apparait que dans une société." http://fr.wikipedia.org/wiki/Morale#Morale_et_droit

lundi 18 octobre 2010

Est-ce que le PS s'est trompé au sujet de Gbagbo en 2004 ?

Réponse emberlificotée de Cambadélis ("la situation était confuse") qui signifie en clair : "Oui, le PS s'est trompé en jugeant alors Gbagbo 'infréquentable' et en se rangeant derrière Chirac qui faisait parler la force". La force, au bout du compte, n'a rien pu contre le droit.



À l'approche des élections, il est temps pour le PS de négocier son "beau virage", selon la belle expression de Rue89... Rue89 qui continue cependant, dans le même article, à prendre pour argent comptant la parole officielle chiraquienne d'alors selon laquelle "Gbagbo n'avait pas hésité à violer un accord de cessez-le-feu pour pilonner les rebelles à Korhogo et Bouaké. Deux Sukhoi avaient alors tué neuf soldats français à Bouaké, et la France avait réagi en détruisant l'aviation ivoirienne au sol" ! Parole officielle qui autorisait l'attitude confuse du PS en 2004, et que Rue89 répète aujourd’hui (sic !). Une affirmation rabachée à l'époque indépendamment de toute enquête.

On sait depuis que cette affirmation est loin de correspondre à une vérité avérée. Le PS n'y a sans doute jamais vraiment cru... D'où les positions d'alors d'Emmanuelli, Mélenchon (alors au PS), Labertit, et depuis, de Jack Lang, Rocard, et maintenant de Cambadélis et du PS officiel... qui soutient à présent son camarade jadis excommunié. Mieux qu'un "beau virage", voilà un beau retour de l'histoire...


King Crimson: Overhead floor mats under toe

dimanche 17 octobre 2010

Confondre Droit et Histoire

Quand vous entendez pinailler sur la traite et l’esclavage, tendez l’oreille, on parle de la Shoah... (Cf. Frantz Fanon : « Quand vous entendez dire du mal des juifs, tendez l’oreille, on parle de vous »)

Confondre droit et histoire : c’est dans doute le problème de Pétré-Grenouilleau et de ceux qui lui tressent ses couronnes de martyr. Tout le monde se souvient de l’historien élevé au statut de porte-parole des contestataires de la Loi Taubira, votée à l’unanimité par la représentation parlementaire des deux chambres, loi passée sans aucune réserve du Conseil constitutionnel.

... Mais pas sans les réserves abondantes de ceux qui ont tressé à l’historien sa première couronne de martyr — un martyre, une « mise au pilori », particulièrement redoutable puisque consistant à être primé par un Sénat apparemment repentant d’avoir voté à l’unanimité une telle loi ! Avec dans la foulée d’autres prix littéraires...



Depuis le martyre de l’historien « mis au pilori » a franchi deux degrés supplémentaires, puisque d’ « historien inconnu au bataillon » (Marianne), il est devenu rapidement professeur à l'Institut d'études politiques de Paris, puis dans la foulée inspecteur général de l'Éducation Nationale : terrible mise au pilori en effet !... Effet de réponse à une attaque en justice : non pas, pour son livre ! Ni non plus, contrairement à ce qu’on lit dans Marianne, parce qu’il a effectivement dit que « les traites ne sont pas des génocides » ! Mais parce que, contestant la loi Taubira, il a nié qu’il y ait eu là crime contre l’humanité ! Cela à l’encontre de tous les textes de l’époque de Schoelcher ! Et au prix d’une activation de la funeste concurrence des mémoires Shoah/Traites... Comme s’il y avait lieu à concurrence !

Et à présent, comme inspecteur général de l'Éducation Nationale, il refait parler de lui, non pas sur la relativisation des déportations esclavagistes atlantiques cette fois, mais sur l’enseignement de la Shoah, dont Catherine Pederzoli, professeur d’histoire géographie à Nancy — comment dire — abuserait ! Déjà le terme – « Shoah » !... Puis des voyages à Auschwitz... Faut pas exagérer !

« Concurrence des mémoires », quand tu nous tiens ! Et voilà les lois mémorielles à nouveau — comment dire (bis) —... mises au pilori... pour le coup ! Et voilà la constitutionalité de la loi... Gayssot, cette fois, mise en question !



Où l’on découvre, dans les forums notamment, qu’il serait temps de s’interroger sur ladite « concurrence des mémoires ». Si à l’époque on a souvent fait l’impasse sur les mises en question de l’ « œuvre » de P.-G., on découvre à présent que c’était dû, entre autre, à ce qu’on ne voulait pas gêner l’historien dévoilant (sic) la traite arabe. C’était donc ça : ceux qui ne savaient pas que la traite arabe n’était un secret pour personne étaient reconnaissants envers celui dont la couronne de martyr avait fait le vulgarisateur de ce qu’ils ignoraient jusque là ! (Sans compter l’ancrage dans les certitudes d’une « traite interne » sans aucune base textuelle antérieure au... XXe siècle !) Le tout au prix de l’ignorance du propos du livre et de son exaltation médiatique : relativiser la traite dont la loi Taubira venait de reconnaître qu’elle était, conformément à ce qu’en disait déjà la loi Schœlcher, un crime contre l’humanité.

Et quand on veut à tout prix s’enferrer où on s’est enferré !... On va même chercher pour cela appui chez Robert Badinter ! Selon Marianne, « sur France Info [le 14 octobre dernier], Robert Badinter s’opposait fermement aux lois mémorielles telles que la loi Gayssot : "Les lois mémorielles, que j’appelle des lois compassionnelles, sont faites pour panser des blessures et apaiser des douleurs (...) et n’ont pas leur place dans l’arsenal législatif. (...). La loi n’a pas à affirmer un fait historique, même s’il est indiscutable. Et j’ajoute que la Constitution ne le permet pas". »(Interview ici.)

Voilà qui demande quelque explication sur la signification de cette « ferme opposition » (que Me Badinter donnera sans doute dans le livre sur le sujet qu'il annonce dans la même interview. En attendant...) : Robert Badinter, en effet, était Président du Conseil constitutionnel de 1986 à 1995. La loi Gayssot a été votée le 13 juillet 1990 — sans que le Président du Conseil constitutionnel de l'époque, Robert Badinter himself, donc, n'y ait vu quelque difficulté constitutionnelle, non plus que les deux chambres parlementaires françaises d'alors !

Ajoutons que le dernier procès de Me Badinter, avant qu'il ne devienne ministre de la Justice en 1981, est celui contre le négationniste Robert Faurisson, qu'il a fait condamner pour avoir « manqué aux obligations de prudence, de circonspection objective et de neutralité intellectuelle qui s'imposent au chercheur qu'il veut être » et avoir « volontairement tronqué certains témoignages ». Cela avant la loi Gayssot qui date donc de 1990 et qui qualifie de délit le fait de contester l'existence d'un crime contre l'humanité jugé par le Tribunal militaire international de Nuremberg.



Depuis, donc, la loi Gayssot a été votée. Elle innove par son article 9, qui qualifie de délit la contestation de l'existence des crimes contre l'humanité, définis dans le statut du Tribunal militaire international de Nuremberg, qui ont été commis soit par les membres d'une organisation déclarée criminelle en application de ce statut soit par une personne reconnue coupable de tels crimes. Cet article 9 introduit en effet dans la loi de 1881 sur la liberté de la presse un article 24 bis dont voici le premier alinéa :
"Seront punis des peines prévues par le sixième alinéa de l’article 24 ceux qui auront contesté, par un des moyens énoncés à l’article 23, l’existence d’un ou plusieurs crimes contre l’humanité tels qu’ils sont définis par l’article 6 du statut du tribunal militaire international annexé à l’accord de Londres du 8 août 1945 et qui ont été commis soit par les membres d’une organisation déclarée criminelle en application de l’article 9 dudit statut, soit par une personne reconnue coupable de tels crimes par une juridiction française ou internationale."
L'article 6 (c) - du statut du tribunal militaire de Nuremberg - définit ’Les Crimes contre l’Humanité’: "c’est-à-dire l’assassinat, l’extermination, la réduction en esclavage, la déportation, et tout autre acte inhumain commis contre toutes populations civiles, avant ou pendant la guerre, ou bien les persécutions pour des motifs politiques, raciaux ou religieux, lorsque ces actes ou persécutions, qu’ils aient constitué ou non une violation du droit interne du pays où ils ont été perpétrés, ont été commis à la suite de tout crime rentrant dans la compétence du Tribunal, ou en liaison avec ce crime".

Nous voilà obligés de constater que ce dont Me Badinter conteste la constitutionnalité, ce ne sont pas des lois comme la loi Gayssot, ou la loi Taubira (qui entrent bien dans le cadre des crimes contre l’humanité tels que rappelés à l’article 6c / Nuremberg), mais bien, tout simplement, l'idée que la loi puisse "affirmer un fait historique, même s’il est indiscutable" — et c'est effectivement bien ce qu'il dit ! Cela précisément n'a "pas de place dans l’arsenal législatif" ! Or cela, ni la loi Gayssot ni la loi Taubira ne le font ! (La loi sur les "bienfaits" de la colonisation, elle, a tenté — en vain — de le faire.)

Me Badinter ne se contredit donc pas, ni ne contredit son action de Président du Conseil constitutionnel qui ne s'est pas opposé à la loi Gayssot ! (Ce qui se confirme ici.)

Il semble donc abusif de sortir de son contexte cette citation prise sur France Info pour lui faire dire ce qui serait bien étrange de sa part ! En revanche, qu'il affirme que la loi n'a pas à dire l'Histoire, chacun peut en être d'accord !

Ne pas confondre l’Histoire (qui ne concerne effectivement pas directement une Assemblée législative) et le Droit (que par fonction, définit une Assemblée légistalive) !


King Crimson / Projekct X: Hat In The Middle -
Juhani Linnovaara peintre finlandaise

samedi 16 octobre 2010

Guerlain au Congo



... Parlé par des mots...



... Au parfum empreint des senteurs coloniales...





"Je suis un vieux boudoir plein de roses fanées,
Où gît tout un fouillis de modes surannées,
Où les pastels plaintifs et les pâles [bouchers]
Seuls, respirent l'odeur d'un flacon débouché."

(D'après Baudelaire, LX Spleen, Les fleurs du mal)







King Crimson / Matte Kudasai

vendredi 15 octobre 2010

Côte d'Ivoire - investissement français : à deux semaines des élections, ça repart très fort

Alors que la campagne électorale est lancée aujourd’hui...

Quelques jours avant...

Madelaine YAO, Conseiller Spécial Chargée du Programme Economique et Financier du Ministre de l`Economie et des Finances du gouvernement de Laurent Gbagbo a reçu un prix des Partenariats Public-Prive (PPP) pour L`Afrique Mobilisée... (cf. Abidjan.net, 13 oct. 2010)








Light Construkction ...ProjeKcts...King Crimson...Live Groove...
Experimental Metamorphosis...

jeudi 14 octobre 2010

Michel Rocard en Côte d’Ivoire : "Mon vieux complice et ami Laurent Gbagbo"

Lors des événements en Côte d'Ivoire, "vous n'avez pas trop, tous, fait attention à vos communications"...

En images (RTI - JT du 14 Octobre 2010 13:00) :



*

Extrait ci-dessous - Michel Rocard sur l'Etat : "Il s'est érigé contre la théorie de prix Nobel de l'économie selon laquelle moins il y a d'Etat, mieux on se porte"... Coup de boutoir contre cette théorie au pouvoir en Côte d'Ivoire à l’époque des "Plans d'ajustement structurel" du FMI au début des années 1990 (suivez mon regard ?)...

Reportage en images :

mercredi 13 octobre 2010

Épique, épique

... Et colégram...

Épique : relatif au genre littéraire de l’épopée...

« Une épopée est un long poème d’envergure nationale narrant les exploits historiques ou mythiques d’un héros ou d’un peuple. [...]
L’épopée se rattache originellement à une tradition orale, transmise par des aèdes itinérants, griots, shamans, conteurs, bardes ou troubadours. [...] D'abord retranscription de fragments récités, parfois à partir de sources différentes, elle devient par la suite un genre littéraire en soi, l’œuvre d’un seul auteur, qui continue cependant souvent à utiliser des procédés hérités de la tradition orale. On peut ainsi distinguer épopées primaires ou populaires et épopées secondaires, également dites épopées littéraires. »

On trouve des épopées depuis les plus hautes époques jusqu’à nos jours, de l’Épopée de Gilgamesh au Western (épopée cinématographique !).



Le livre biblique de Josué est présenté aujourd’hui généralement par les spécialistes comme relevant du récit épique, genre de l’épopée... (Texte en français : ici ; et en hébreu : ici.)

Dans un article intitulé, précisément, « L'épopée israélite à l'épreuve de l'archéologie », publié dans L’Express (déc. 2005), Claire Chartier résume les approches les plus en pointe en 2005 en commençant en ces termes :
« La conquête de la Terre promise - rapportée dans le livre de Josué, successeur de Moïse, vers 1230 avant Jésus-Christ - décrit un peuple en armes, qui semble avoir effacé de sa mémoire le premier des Dix Commandements. Les combats sont sanguinaires, les chefs de guerre féroces, les victoires époustouflantes. [...] »
Une épopée des Hébreux qui, au moment de la conquête, pourtant, « étaient déjà sur place ! » écrit-elle, citant Israel Finkelstein pour lequel, « les habitants de ces villages n'étaient autres que les peuplades indigènes de Canaan, qui, petit à petit, ont fini par développer une identité ethnique que l'on peut qualifier d'israélite. »

Épique encore, tout près de nous cette fois, parmi les plus récentes œuvres se rattachant au genre de l’épopée, « le western, littéralement "[film] de l'ouest", trouve ses origines au plus profond de l'Histoire des États-Unis. Il retrace un épisode symbolique de la naissance de la nation. La rude conquête de l'Ouest, la sanglante guerre de Sécession et les guerres indiennes qui se sont déroulées au XIXe siècle témoignent de la douleur qui fut nécessaire à la construction du pays. D'après l'historien Frederick Jackson Turner, l'épopée des pionniers a forgé l'identité même du peuple américain ».

Bien avant dans le temps, en Europe cette fois, on trouve la chanson de geste - dont la célèbre Chanson de Roland -, qui fait entrer de plain-pied les vertus guerrières en chrétienté médiévale. Auparavant en effet, la valeur religieuse de l’héroïsme guerrier était moyennement prisée en chrétienté latine, sujet d’un véritable embarras, comme ça l’est resté en chrétienté orientale, où l’on est choqué de voir des religieux porter des armes ! Un tournant a eu lieu suite aux Croisades, tournant marqué en Occident par l'Éloge de la nouvelle chevalerie - en l'occurrence les Templiers - éloge écrit par Bernard de Clairvaux. Est alors apparue en chrétienté latine l'exaltation des vertus militaires comme vertus quasi religieuses, les inscrivant, chose difficilement compréhensible jusque là, dans la catégorie du martyre ! (Cela demeurera incompréhensible en chrétienté orientale, et choquera le fameux Manuel II Paléologue, fameux depuis que Benoît XVI a cité ses propos sur l’islam, omettant ses remarques sur le catholicisme et ses moines-guerriers qui eux aussi rebutaient Manuel II.)

Avant qu’on ne la trouve de la sorte en chrétienté latine médiévale, cette notion existe en islam, ce qui permet de recevoir comme relevant aussi du genre de l’épopée les récits guerriers que l’on y trouve, s’enracinant dans le Coran et les Hadiths - ainsi la célèbre Sira de Ibn Hichâm (m. 834), récemment traduite en français par l’historien Wahib Atallah — Ibn Hichâm, La biographie du prophète Mahomet (traduction française de Wahib Atallah, Paris, Fayard, 2004) :

« "Encore une vie de Mahomet" s’exclame en introduction [...] le professeur Wahib Attalah. Oui, "encore une" ! Mais elle manquait ! [...].
Ibn Hichâm (IXe siècle), [...] s’est attelé à [...] résumer [...] la biographie du prophète, rédigée par Ibn Ishâk un demi-siècle plus tôt, à la demande du Calife Abbasside Al Mançur. [...]
Ibn Hichâm [...] écrit [...] lui même : "j’allégerai le récit [de Ibn Ishâk] de tout ce qui ne touche pas directement le Prophète, n’a pas de rapport avec la révélation du Coran et n’apporte aucun éclairage nouveau sur ces questions"... Une méthode bien connue aujourd’hui : le sujet, tout le sujet, mais rien que le sujet. [...] », peut-on lire dans la recension donnée sur le site oumma.com.

Ibn Hichâm célèbre Mahomet notamment comme prophète guerrier en des termes étranges s'il n’a pas reçu ses sources, Coran et Sunna, comme participant aussi du genre de l’épopée... Quelques brèves citations :

Suite à la bataille de Khaybar et à la victoire musulmane contre les juifs Banû Quraydha, qui (je cite Ibn Hichâm) « étaient six à sept cents hommes. On dit huit cents et même neuf cents. [...] Le Prophète ne cessa de les égorger jusqu’à leur extermination totale. » (Ibn Hichâm, op. cit., p. 277.) Quant à leur chef Huyayy ibn Akhtab, « on le fit venir devant le prophète [...] les mains ligotées autour du cou. » Et [après une conversation chevaleresque,] « il s’assit et le Prophète lui trancha la tête. » (Ibid, p. 277-278.) Mahomet, en cela, met à exécution ses propres recommandations (toujours selon Ibn Hichâm) : « Le Prophète recommanda à ses compagnons : Tout juif qui vous tombe sous la main, tuez-le. » (Ibid., p. 232.) Si on n’est pas dans le genre épique, dans le récit de l’exploit guerrier !...

Épopée où ne manque pas même l'épique "repos du guerrier" : c’est encore Ibn Hichâm, dans cette même Sira du Prophète (ibid., p 399), qui faisant la liste des femmes du Prophète, nous donne jusqu'à l’âge, devenu sujet de polémique, de Aicha au moment de son mariage avec Mahomet déjà âgé, toujours sur la base des mêmes sources musulmanes : sept ans, donnée en mariage par son père Abu Bakr, premier calife, mariage consommé alors qu’elle a « neuf ou dix ans » (ibid., p. 399). (Âges qui, pour être ceux donnés traditionnellement, et suite à Ibn Hichâm, n'en sont, de nos jours, pas moins contestés.)

... Si l’on n’est pas dans le récit épique, tout cela demande quelques explications supplémentaires ! Mais en revanche, dans le genre épique, on est en terrain relativement balisé, tant en matière de virilité (selon les conceptions de l’époque !) qu’en matière guerrière (toujours selon les façons de l’époque), où on glorifie un héros en relatant ce genre d’exploits !

C'est dire l'importance de comprendre que dans tous les récits évoqués jusqu’aujourd’hui pour justifier conflits et comportements guerriers, l’on est dans le genre épique, dans des épopées relatées selon les conceptions des époques anciennes respectives. Dès lors, si l’on est fondé à trouver intérêt au souffle que dégage l’œuvre littéraire, il n’y a en revanche aucun modèle à trouver pour aujourd’hui chez les protagonistes, fussent-ils les héros de ces épopées d’antan !


King Crimson-ProjeKct X: Side Window

mardi 12 octobre 2010

Un peu de sagesse dans ce monde de brutes

« Le mystère doit rester voilé aux esprits vils
Et les secrets impénétrables aux fous.
Réfléchis à tes actes vis-à-vis des autres hommes ;
Il faut cacher nos espérances à toute l’humanité. »

(‘Omar Khayyam, Rubaiyat, Quatrain 30)






« Et la division a surgi alors que tout est un,
Et nos âmes sont vin et nos ombres sont vignes. »

(‘Omar Ibn al-Farid, Al-Khamriya)

lundi 11 octobre 2010

Quand 'Libération' donne dans l’héroïsme

... Comme à son habitude. Héroïsme dans la subversion, s’entend. En l’occurrence « subversion en charentaises » (selon une expression de Luc Ferry).

Subversion à laquelle il est de bon ton d’adhérer. Même l’UMP ne s’y est pas trompée, qui rejoint par la voix d’Etienne Pinte la ‘une’ vaillante du quotidien qui ne l’est pas moins.

Toujours cette même conviction qu’il s’agit de « briser les tabous »... Comme on enfonce les portes ouvertes. Le "tabou" du racisme (ou des "cultures") là, le "tabou" du sexe ici. Car comme l’autre "tabou", ce "tabou"-ci est toujours à l'ordre du jour, naturellement, à l’heure de l’injonction jouissive clamée dans tous les médias, moteur publicitaire incontournable.



Quand le corps de désir devient machine à disposition obligatoire, quelle remarquable subversion, quelle bravoure ! que de fondre, gauche et droite confondues, sur le maire de Paris qui fait obstacle à l’avenir de l’art, que dis-je, à l’avenir de l’humanité, en requerrant, le pudibond, des visiteurs d’une exposition au contenu « explicite » (comme s’il n’y avait ailleurs que de l’ « implicite ») d’avoir l’âge de 18 ans !

À l’heure où un taux considérable de la population tombe en dessous du seuil de pauvreté, voilà qui cause une préoccupation majeure, valant bien la ‘une’ de Libé, qui en rajoute dans le sens des prises de position similaires des autres journaux, jusqu’au Figaro... Tout ça pour n’en voir pas moins ladite ‘une’ tomber très vite dans l’oubli auprès d’un grand public qui semble avoir d’autres préoccupations quotidiennes. Décalage persistant entre l’ « élite » et ses « héroïsmes » d’un côté et le vécu de tout un chacun de l’autre.

Voilà quoiqu’il en soit une ‘une’ qui ne mange pas de pain, qui a ses allures subversives, et qui comme toute pub qui utilise les mêmes moyens, ne peut que doper les ventes.


King Crimson / ProjeKct Four

dimanche 10 octobre 2010

Au pas cadastré ?

(Autre variation suite au débat commencé ici... et aux développements d’ici)

Les "peuplades" mentionnées dans le récit biblique relatant la guerre de conquête d’Israël ("Héthiens, Guirgasiens, Amoréens, Cananéens, Phérézéens, Héviens, Jébusiens", etc.), principalement au livre de Josué, semblent parfois perçues dans les deux camps du conflit actuel au moins comme référant analogique ! On n’est pas à 3000 ans près !

Or ces "peuplades" antiques disparues (quant à leur identité religieuse d'adeptes de "Baal", quoiqu'il en soit des continuités biologiques, qui ne font pas identité !) ne sauraient se confondre avec les populations qui se trouvent aujourd'hui dans cette région, et qui "se revendiquent comme descendants d’Abraham" - contrairement à celles de l'Antiquité, qui, elles, donc, ont disparu (quoiqu'il en soit des continuités biologiques) !



De ce simple fait, il devrait être facile de comprendre que les peuples actuels de la région ne sont pas concernés par le récit biblique de la conquête de Canaan ! Mieux que ça, le récit biblique inclut les peuples se réclamant d’Abraham, comme ceux d’aujourd’hui donc, dans l'espace de fraternité (espace qui n'a jamais été une "terre sans peuple" !) que signifie "la terre de la promesse à Abraham" jusque même dans son extension la plus large : "jusqu'aux deux fleuves" - expression pouvant être entendue du fleuve d’Egypte à l’Euphrate ! Or même là, c’est d’un espace de fraternité qu’il est question !

Rien d’un "cadastre" qui excluerait, donc !

Autant d'éléments qui impliquent l'urgence d'un refus d'investir ces textes (qui parlent d'une toute autre réalité historique) de l’histoire contemporaine et de ses passions. Urgence de laisser à ces textes le seul poids de fraternité dont ils portent l'espérance (par delà les terribles réalités de l'histoire, depuis la leur jusqu'à la nôtre).

Cela vaut bien sûr en outre pour les textes coraniques qui doivent être aussi situés dans leur contexte, et donc rapportés à leur temps ! D’autant plus que la façon dont ils se présentent risque d’être comprise, et hélas elle l'est trop souvent, comme appel actuel ! Les chrétiens et les juifs ("héritiers" de ceux mentionnés dans le Coran) étant toujours là !

Urgence de ne pas prendre ces appels coraniques autrement que comme référant à des situations définitivement révolues (tout comme celles du livre de Josué. Ici celles du début de l'Hégire). Cela en fonction d'une lecture tout à fait possible, même si elle n'est pas partout en vogue, loin s’en faut ! Raison de plus pour y insister, quand l’islam revendique haut et fort son statut de religion qui compte, à l’égal du judaïsme et du christianisme... et de tant d'autres religions ou courants de pensée, y compris se voulant non-religieux.

Cela ne valant pas pour autant relativisme, ni ne signifiant à l’inverse que l'on puisse tout classer dans un ordre hiérarchique, à l'aune de critères plus ou moins subjectifs, et a fortiori s’il s’agit de subjectivité collective... Les choses demeurent très complexes, et la pensée doit donc aussi prendre en compte cette complexité...


King Crimson / ProjeKct II: Improv/Sus Tayn Z

samedi 9 octobre 2010

À l’heure où not’ bon maître a rencontré son saint père...

... Pour obtenir l’absolution des péchés de la France à l’égard des Roms (entre autres) dit-on... Un peu de religion sera de mise...

(Suite d’un débat commencé ici...)

... La lecture de l'Épître aux Galates, selon laquelle (je cite) "Saint Paul oppose la Loi ancienne (celle de Moïse) maintenant obsolète, et la Loi nouvelle" ; cette lecture - voyant dans la "première loi" (je cite à nouveau) "une loi ancienne, caduque, celle issue d'Abraham et de Moïse, dont le christianisme s'est dépouillé comme le serpent de sa peau" - cette lecture, donc, est caduque dans le christianisme "officiel". Une telle lecture est considérée comme relevant de la "théorie de la substitution" (de l’Eglise à Israël), théorie rejetée comme étant au fondement de l’antijudaïsme chrétien :

"Le caractère inéluctable de l’antisémitisme chrétien se fonde sur la mort du judaïsme, ce qui induit une tentative de substitution, l’Eglise devenant le ‘nouvel Israël’" [...]

"Jusqu’à sa prise de conscience consécutive à la [2e] guerre [mondiale], l’Eglise [catholique principalement] s’en tient à la théologie de la substitution, selon laquelle la Nouvelle Alliance rendrait caduque l’Ancienne et selon laquelle le ‘Verus Israël’ serait à présent constitué par les Chrétiens, les Juifs étant disqualifiés par leur aveuglement et leur obstination à ne pas reconnaître le Sauveur. Désormais l’Eglise, dans un revirement spectaculaire qui ne fera que se confirmer dans les différents textes qu’elle publie, renonce à la théologie de la substitution" [...]

Last but not least, la "théorie de la substitution" et les lectures du Nouveau Testament qui vont avec ont été dénoncées par Jean-Paul II disant, on ne peut plus explicitement : "l’alliance avec Israël n’a jamais été révoquée par Dieu" [...]



Lectures rejetées et redoutables, car on a en outre, dans ces lectures, une des sources de la violence qui prend pour prétexte la religion (je dis prétexte car la violence, fondamentale à l’homme, sait très bien se passer de ces prétextes ! – l’histoire du XXe s. pour ne prendre que cet exemple l’a abondamment montré...).

Cette source de violence-là consiste à prendre pour prétexte les religions ultérieures, fût-ce avec le mot « amour » à la bouche, pour faire violence aux religions antérieures (jugées dépassées par les religions ultérieures – substitution, donc)...

Et ici en matière de théorie de la substitution, l'islam connaît à l'égard du judaïsme et du christianisme les mêmes travers que ceux qu'a connus, et que connaît encore (malgré le travail que j'ai mentionné ci-dessus) le christianisme à l'égard du judaïsme.

En on peut citer nombre de textes coraniques appelant à la violence contre les juifs et les chrétiens – face auxquels on peut aussi produire nombre de textes bibliques qui ne sont pas tendres non plus (Josué, Nombres, Deutéronome, entre autres...).

Car auparavant, et par la suite (cf. "Nouveau monde" et autres colonies - ex. reconnu : Namibie), on ne s’est pas gêné non plus pour se substituer aux « peuplades antérieures » (dont les Roms dans les années 1940)(Où les "rationalismes", "agnosticismes", et "athéismes", ultérieurs aux religions, ne se sont pas gênés non plus pour jouer de la substitution à l'égard des religions - non-séculières s'entend)...

Il faut noter toutefois, parlant des textes bibliques en question (Josué, etc.), se présentent comme déroulement d'un récit, plutôt que comme exemple à reproduire ! - : les spécialistes placent ces récits dans le genre littéraire épique (comparable à la chanson de Roland, fendant le Maure en deux - et on trouve l'équivalent côté musulman !). De ce fait, le danger de violence qui peut ressortir pour aujourd'hui de ces textes bibliques (devant en principe être assumés aussi par l’islam), ce danger, même s'il n'est pas exclu, est relativement faible : les peuplades mentionnées dans les livres de Josué, Nombres ou Deutéronome, ayant disparu, les situations en question sont donc révolues !

Les textes coraniques doivent être aussi situés dans leur contexte, et donc rapportés à leur temps ! Cela dit la façon dont ils se présentent peut aussi être comprise, et hélas elle l'est trop souvent, comme appel actuel ! Les chrétiens et les juifs ("héritiers" de ceux mentionnés dans le Coran) sont toujours là !

Voilà qui me semble devoir déboucher du coup sur des interpellations aux musulmans : ne pas prendre ces appels coraniques autrement que comme référant à des situations définitivement révolues (tout comme celles du livre de Josué. Ici celles du début de l'Hégire). Cela en fonction d'une lecture tout-à-fait possible, même si elle n'est pas partout en vogue : raison de plus pour y insister !

Du chemin reste à faire ! En attendant not’ bon maître aura peut-être obtenu, à défaut d’absolution électorale (mais qui sait ?), celle de son seigneur sa sainteté du Saint-Siège...


King Crimson / Heavy ConstruKction

vendredi 8 octobre 2010

"Un fichier ethnique sur les Roms" !

Lu sur Rue89 | 07/10/2010, article de Julien Martin :

"Rue89 publie des documents internes à la gendarmerie réalisés grâce aux chiffres recensés dans le fichier illégal Mens.

La circulaire stigmatisant les Roms, émise le 5 août par le ministère de l'Intérieur, n'était pas un accident. La France mène depuis plusieurs années une chasse ethnique aux Roms, ce qui est contraire à toutes les lois françaises et européennes.

Une nouvelle preuve en est la révélation ce jeudi par Le Monde de l'existence d'un fichier sur les Roms, constitué par l'Office central de lutte contre la délinquance itinérante (OCLDI). Existence niée à la fois par le ministère de l'Intérieur et par la Gendarmerie nationale.

Comme LeMonde.fr, Rue89 s'est cependant procuré des documents internes à l'OCLDI, issu d'un PowerPoint datant de 2004, qui démontrent la réalité de ce fichier baptisé Mens (Minorités ethniques non sédentarisées). Dans le premier, sont distingués, parmi « les groupes à risques », les « manouches » et les « gitans », qui sont des groupes ethniques." Suite ici.



Troublant...

Sinon, bonne arrivée sur les blogs Nonobs à Hélène Larrivé déjà auteur, sur les Roms, du blog http://tziganes2.blogspot.com/

Et pour Ulysse - qui comme on sait, a fait (comme les Roms...) un beau voyage... L'ice cream ne paie pas :

jeudi 7 octobre 2010

"Pleure doucement"...

Santana toujours actif en 2010...



Santana / India.Arie & Yo-Yo Ma / 2010
While My Guitar Gently Weeps

D'après The Beatles (1968), chanson de George Harrison


Les paroles :

I look at you all see the love there that’s sleeping
While my guitar gently weeps
I look at the floor and I see it need sweeping
Still my guitar gently weeps

I don’t know why nobody told you how to unfold you love
I don’t know how someone controlled you they bought and sold you

I look at the world and I notice it’s turning
While my guitar gently weeps
With every mistake we must surely be learning
Still my guitar gently weeps

I don’t know how you were diverted you were perverted too
I don’t know how you were inverted no one alerted you

I look at you all see the love there that’s sleeping
While my guitar gently weeps
I look at you all
Still my guitar gently weeps



"Pour 'While my guitar gently weeps', George Harrison s'inspire de la philosophie du Yi Jing : il décide d'écrire une chanson en partant des premiers mots qu'il lirait en ouvrant un livre au hasard, de telle sorte que le texte qu'il écrirait serait relié à cet instant précis [...] La première chose qu'il voit est 'gently weeps' ('pleure doucement')."

Pensée complexe : "Le Yi-King ou Livre des transformations de l'archaïque magie chinoise apporte l'image la plus exemplaire de l'identité du Génésique et du Génétique. La boucle circulaire est un cercle cosmogonique symboliquement tourbillonnaire par le S intérieur qui à la fois sépare et unit le Yin et le Yang. La figure se forme non à partir du centre mais de la périphérie et naît de la rencontre de mouvements de directions opposés. Le Yin et le Yang sont intimement épousés l'un dans l'autre, mais distincts, ils sont à la fois complémentaires, concurrents, antagonistes. La figure primordiale du Yi-King est donc une figure d'ordre, d'harmonie, mais portant en elle l'idée tourbillonnaire et le principe d'antagonisme. C'est une figure de complexité." (Edgar Morin, La Méthode 1. La Nature de la Nature, p. 228, Seuil, Paris, 1977.)

Voir aussi : "Pourquoi le 'Disque Blanc' des Beatles est-il blanc ?", par Bernard Gensane, ici et ici.

mardi 5 octobre 2010

La loi Taubira garante de l’irréductibilité de la Shoah

Le sacré relève de la métaphysique, mais pas de l'histoire. Quand on use de ce que le mal ultime touche au sacré pour reléguer le négationnisme de la Shoah dans le domaine du blasphème, on joue de la confusion entre l’histoire et la métaphysique. Assimiler le négationnisme (qui relève de l'histoire) au blasphème (qui est de l'ordre de la métaphysique) est un sophisme, qui relève de la confusion de ces deux ordres.

Que dans l'horreur, on touche d’une certaine façon au sacré me paraît difficilement contestable : quand le mal est indicible, on bascule dans le métaphysique (cf. Hans Jonas, Le concept de Dieu après Auschwitz). Mais, et c'est là que se glisse le sophisme, ce basculement métaphysique n'implique en aucun cas que l’événement historique qui entraîne ce basculement n'ait pas eu lieu !

Dès lors, aussi sacré soit le "plus jamais ça" qui se fonde en cet événement, il est incohérent de s'autoriser de cela pour classer dans le blasphème l'événement historique (ce dont use Ahmadinejad pour assimiler le mal ultime à des caricatures !!!). L'horreur étant de l'ordre de la métaphysique, l'événement historique restant de l'ordre de l'histoire, le négationnisme d'un événement historique ne peut en aucun cas s’assimiler au blasphème.

Cela signifie en outre que l’investigation historique est ouverte, contrairement à ce qu’il en serait dans le cas d’une confusion des deux ordres. Avec, au cœur de l’investigation historique, cette question : comment en est-on arrivé là ? Question qui fait pendant à la sanction juridique : comment qualifier ce qui est advenu ? Le tribunal de Nuremberg a posé la qualification : « crime contre l’humanité », sur la base d’un concept remontant au combat anti-esclavagiste, et pour la France à la loi Schoelcher. C’est cela que souligne pour la France la loi Gayssot : crime contre l'humanité.



L’investigation historique remonte vers les mêmes origines, à l’époque où apparaît le concept de crime contre l'humanité. Aimé Césaire donne les étapes récentes qui ont conduit de l’esclavage et de ses dérivés coloniaux à la Shoah, par la mise en place d’attitudes devenues banales :

« Chaque fois qu’il y a eu au Viêt-nam une tête coupée et un œil crevé et qu’en France on accepte, une fillette violée et qu’en France on accepte, un Malgache supplicié et qu’en France on accepte, il y a un acquis de la civilisation qui pèse de son poids mort, une régression universelle qui s’opère, une gangrène qui s’installe, un foyer d’infection qui s’étend et [...] au bout de tous ces traités violés, de tous ces mensonges propagés, de toutes ces expéditions punitives tolérées, de tous ces prisonniers ficelés et “interrogés”, de tous ces patriotes torturés, au bout de cet orgueil racial encouragé, de cette jactance étalée, il y a le poison instillé dans les veines de l’Europe, et le progrès lent, mais sûr, de l’ensauvagement du continent.
Et alors un beau jour, la bourgeoisie est réveillée par un formidable choc en retour : les gestapos s’affairent, les prisons s’emplissent, les tortionnaires inventent, raffinent, discutent autour des chevalets.
On s’étonne, on s’indigne. On dit : “Comme c’est curieux ! Mais, Bah ! C’est le nazisme, ça passera !” Et on attend, et on espère ; et on se tait à soi-même la vérité, que c’est une barbarie, mais la barbarie suprême, celle qui couronne, celle qui résume la quotidienneté des barbaries ; que c’est du nazisme, oui, mais qu’avant d’en être la victime, on en a été le complice ; que ce nazisme-là, on l’a supporté avant de le subir, on l’a absous, on a fermé l’œil là-dessus, on l’a légitimé, parce que, jusque-là, il ne s’était appliqué qu’à des peuples non européens. »
 (Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme.)

C'est ici que la loi Taubira, loin de poser une concurrence des mémoires, devient au contraire le garant soulignant, en l’enracinant dans l’histoire, la spécificité métaphysique de la Shoah dans son enracinement historique !



En l’enracinant dans l’histoire, en permettant de distinguer radicalement donc, l’histoire en laquelle s’enracine l’événement et la métaphysique qui dit l’irréductibilité du mal advenu dans l’histoire, la loi Taubira rend impossible l’assimilation du négationnisme au blasphème.

L’événement a eu lieu, la désuhumanisation de l’humanité a commencé dans l’ancrage raciste de l’esclavage pour déboucher en Europe sur les conséquences ultimes du mal indicible : ça a eu lieu, dans l’histoire, on peut en lire les tenants et les aboutissants historiques, mais c’est d’une nature telle, indicible, que cela relève aussi de la métaphysique, à un tout autre plan.


King Crimson / Deception Of The Thrush