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Tant que les lions n'auront pas d'historiens, les histoires de chasse tourneront à la gloire du chasseur - Le mensonge se lève très tôt mais la vérité finit par le rattraper - Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage

mercredi 25 août 2010

Entrer dans l'Histoire... Et en sortir

Tout le monde connaît la formule : "n'être pas assez entré dans l'Histoire" et la référence : "Discours de Dakar", prononcé de le Président actuel de la République française lors de sa première visite en Afrique comme tel.

Tous ont reconnu - ou cru reconnaître, puisque le supposé rédacteur du discours nie cette source-là - Hegel, La raison dans l'Histoire. Le rédacteur renverrait, semble-t-il, plutôt à Senghor, lequel toutefois, sur ce point n'est pas vraiment sorti... de l'Histoire hégélienne !, l'Histoire étant, pour le philosophe de Iéna, le déploiement de la Raison. Or pour Senghor, on le sait, la Raison est européenne ("hellène"), tandis que "l'émotion" concerne l'Afrique...

Pas entrée dans l'Histoire, l'Afrique, "pas assez entrée"... Voire !

Et si c'était l'inverse ? Plus tôt sortie. Comme toutes les civilisations, et déjà à présent l'Europe, en sortent par excès de civilisation, fatigue, et "à quoi bon ?"... remplacées par les frénétiques qui ne connaissent pas leur désespoir et le malheur qu'ils sèment.

Sagesse que de sortir, malheur que de sortir trop tôt, désarmé face aux excités et autres frénétiques incultes et agités.



L'Empire romain sous les coups de boutoir des barbares, bien sûr, mais bien avant... l'Afrique, dont les civilisations "noires", égyptienne et méroïtique s'épanouissaient beau temps avant la Grèce, pour ne rien dire de Rome. Quand un Hellène comme Aristote affirme recevoir les mathématiques comme inventées par les Égyptiens "qui sont noirs et crépus", ce qu'Hérodote a confirmé, quand parmi les sagesses des peuples mûrs, le stoïcisme a pour inventeur un noir, Zénon, de Phénicie, surnommé pour la couleur de sa peau, "le palmier d'Égypte"...

Quand Hannibal, avec ses éléphants, s'arrête devant Rome comme pris d'un "à quoi bon ?", n'assiste-t-on pas à une sorte de sortie de l'Histoire ?... Une sortie bientôt prise dans l'oubli, qui verra les "blancs" du XIXe siècle incapables d'accepter que les productions architecturales du Zimbabwe antique, ou la maîtrise du travail du métal du Nigeria, aient pu être africaines !!

Sagesse du "à quoi bon" pour une sortie de l'Histoire qui oublie bientôt comme inutiles les gadgets techniciens du passé, lesquels, démultipliés, reviendront par de nouveaux agités, qui depuis le XVe siècle, pour ceux qui viennent d'Europe (les agités du monde arabe, auparavant, n'ont pas manqué), forcent leur entrée dans l'Histoire avec son cortège de malheurs.

Et quand la sagesse choisit l'oralité vivante contre la vaine monumentalité de l'écrit, comme l'ont fait aussi les druides... On ne connaît le passé qu'à l'aune de la relecture qu'impose l'écrit de ceux qui ont écrit, le plus souvent les frénétiques de l'entrée dans l'Histoire : la Guerre des Gaules de Jules César nous renseignant sur la Gaule, ses druides et leur tradition orale ("les lions n'ayant pas d'historiens, les histoires de chasse tournent à la gloire des chasseurs"). "Un vieux qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle" (A. Hampâté Bâ).



C'est ainsi que face à tant de bibliothèques qui ont brûlé, les Jules César de toute engeance nous ont bâti une histoire de l'esclavage les déculpabilisant sur le dos d'un passé que l'on ne connaît pas. À défaut de documents, rien de plus simple que d'inventer une "offre" provoquant la "demande" ! Peu opportun pour les Jules César d'envisager la situation inverse : l'influence de la mondialisation esclavagiste sur les relations internes au continent "traité" et "sous-traité"... "Sous-traitement" établi, du coup, par des textes plus tardifs (cf. Harris Mémel Foté).

Sortie de l'Histoire comme effet d'une sagesse advenant en premier dans l'antique berceau de l'humanité, trop tôt,... mais trop tard aussi. Après que la frénésie du pouvoir y ait prospéré, atteignant aussi les femmes initiant les dynasties féminines antiques du Soudan. Gageons que c'est là l'origine de l'excision, qui s'est répandue plus tard via d'autres frénétiques plus tardifs, musulmans : elle n'a jamais atteint l'Afrique intérieure, au-delà du Sahel. Origine par le pouvoir et des dynasties féminines ? Le philosophe juif égyptien du Ier siècle ap. JC, Philon Alexandrie, explique cette fonction de la circoncision : diminuer le plaisir et le désir masculin (sic), en vue de tourner l'homme vers les choses de l'esprit, et donc de la politique. Que des dysnasties féminines aient conçu la même idée, et la perpétuation de l'excision par les femmes s'explique aisément. Ce qui vient du pouvoir se répand invariablement vers le peuple.

À cette époque, la part sud-sahélienne, elle, a déjà opté pour les "à quoi bon" de l'agitation ! Et on n'y trouve donc pas d'excision, mais souvent des cités matrilinéaires, qui ont fini par voir mâtiner la sagesse de leur structure par l'influence des frénétiques du patriarcat, musulmans, puis européens, qui, agités non seulement du glaive, mais aussi de la plume, viendront expliquer que leurs convictions machistes "recoupent merveilleusement" l'ancienne tradition africaine... dont on n'a aucune trace écrite !

Si l'on laisse la frénésie hégélienne du XIXe siècle européen, si l'on conçoit que l'excès de culture et de civilisation débouche invariablement sur des sorties de l'Histoire (cf. Cioran), on comprend aisément le problème du continent le plus ancien en humanité...

Sagesse ? "Ne soit pas sage à l'excès, pourquoi te détruire ?" dit l'Ecclésiaste (ch. 7, v. 16)...

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