Avec six points d'écart entre le vainqueur Gbagbo, 38 %, et le second Ouattara, 32 %, la configuration du second tour se dessine entre un Gbagbo largement "transethnique" (terme de l'AFP), et un Ouattara qui a rassemblé essentiellement autour d'un vote plus localisé (cf. aussi l'AFP).
Voir les résultats.
... Ce que l'AFP résume à sa façon :
"le président-candidat - de l'ethnie bété, minoritaire - semble profiter d'un vote "transethnique" des nombreux jeunes urbains.
[...] M. Ouattara reste maître dans le nord, terre des "dioulas" comme lui (une des principales ethnies, majoritairement musulmane).
M. Bédié règne dans le centre, fief des akan, importante ethnie dont il fait partie."
Les chiffres donnés sur la carte en une de L'inter (cf. aussi ici) soulignent encore cette réalité (plus nuancée concernant Bédié) : Ouattara obtient des chiffres astronomiques dans le Nord-Ouest (dignes des dictatures à parti unique !) lui rapportant l’essentiel de ses voix et témoignant d'une plus faible implantation dans le reste du pays.
Gbagbo est largement majoritaire, d'une façon équilibrée dans la plupart des zones, ou faiblement minoritaire en plusieurs endroits des "fiefs" de ses adversaires, sauf dans les cœurs durs de ces "fiefs", de plus en plus réduits géographiquement.
Se confirme la prise de conscience citoyenne du pays autour de Gbagbo, dans un étrange silence des médias français, apparemment embarrassés, tandis que plusieurs de ceux qui se prononcent le font pour commencer d'emblée la campagne de Ouattara, tel (entre autres) Libération qui depuis plus de dix ans soutient étrangement et avec constance l'homme des plans d’ajustement structurels (... et de la revendication "ethnique") contre le socialiste universaliste invariablement dénigré !...
La campagne du second tour doit évidemment délaisser ces prises de parti et positionnements irrationnels par lesquels les médias internationaux parisiens ont versé jusque là tant d'huile sur un feu qui ne demandant pas à naître. La campagne du second tour devra être politique, programme face à programme !
Très bon papier.
RépondreSupprimerPour compléter ton analyse je rajouterai que la vitoire du PDCI dans le Bas Sassandra s'explique par la présence d'une très forte présence Baoulé "immigrée" dans cette région...ce qui confirme tes dires.
Autre précision, Ouattara n'obtient pas l'essentiel de ses voix dans le Nord-Ouest,faiblement peuplé d'ailleurs.
RépondreSupprimerADO bénéficie du nomadisme de son ethnie d'origine, les dioulas, qui sont massivement implantés sur toute l'étendue du territoire (au détriment de leur région peut être?). Les 500 000 voix d'ADO dans la région des Lagunes l'illustrent. La victoire d'ADO dans la Région de Bouaké (QG de la rébellion), traditionnellement Baoulé et PDCI, aussi.
Mais les dioulas ne sont pas majoritaires dans les régions où ils sont allogènes. Ainsi les militants du RHDP ne comprennent toujours pas pourquoi Anyama, banlieue abidjanaise majoritairement dioula a basculé dans la LMP. Ils oublient en effet qu'Anyama, à l'origine commune attié, est entouré de villages de cette ethnie qui a massivement voté pour Gbagbo.
ADO a donc une importante implantation sur l'ensemble du pays contrairement à ce que tu écris.
Ce que j'ai voulu dire concernant ADO, c'est que ses taux astronomiques (en zones effectivement peu peuplées) expliquent par contre-coup ses taux beaucoup plus raisonnables ailleurs, et connotent très fortement "ethnique", plus même que Bédié, bénéficiant sans doute aussi de la force d'inertie de l'héritage de l'implantation plus large du PDCI (à nuancer aussi par tes précisions pour le Bas Sassandra). Tandis que le vote Gbagbo (c'est le constat - obligé - de l'AFP) ne peut pas s'expliquer d'autre façon que comme adhésion "trans-ethnique" - y compris peut-être à l'appui de certains réputés par leur origine comme "clients" d'ADO. Je n'exclue pas l'"effet conviction" s'ajoutant à l'"effet attié" que tu soulignes justement dans le "basculement" de la zone Anyama...
RépondreSupprimerAvec toutes les nuances que tu apportes, cela me semble un élément important de ce qui se passe (contraignant même l'AFP) : une nouvelle étape du passage de la CI à sa dimension citoyenne, renforcé par les 80 % de participation... Le tout surprenant tout le monde.
C'est peut-être autant d'éléments d'explication du silence radio dans lequel on semble plongé.