Eric Laurent demande à H.K. Bédié : "Quand on examine la situation économique de la Côte d'Ivoire, en 1993, le tableau était tout à fait sombre : déficit colossal des finances publiques, baisse dramatique de l'activité économique, accroissement du chômage, découragement des investisseurs, baisse des investissements privés, qui constituaient pourtant un facteur déterminant de la croissance. Vous attendiez-vous à trouver une situation aussi dégradée?"
Réponse de H.K. Bédié : "Par la force des choses, j'étais assez bien informé de l'évolution de la situation. Nous étions sur une pente descendante et le revenu par habitant ne cessait de décliner, jusqu'en 1994 [Bédié est alors au pouvoir] où les indicateurs se sont redressés de façon spectaculaire. Je pense qu'en politique, il faut aussi avoir de la chance. En un an la croissance est redevenue positive et les facteurs favorables se sont accrus, nous offrant des moyens plus importants pour agir rapidement en vue de l'élévation du niveau de vie des populations. Enfin la conjoncture semblait mieux disposée à notre égard : hausse des prix des produits agricoles payés pour le coton, le café, le cacao, l'hévéa, le régime de palme, etc. Nous avons su en profiter pour nous engager vers une reprise durable." (Henri Konan Bédié, Les Chemins de ma vie, Entretiens avec Éric Laurent, Plon, 1999, p. 159-160.)
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...Et une question, pour en venir à l'actualité : puisque "le coton, le café, le cacao, l'hévéa, le régime de palme, etc." ont été évoqués, quid du fruit financier de leur production d'aujourd'hui au nord du pays, en zone CNO ? On voit régulièrement les débatteurs ouattaristes de la campagne électorale présente demander des comptes à Gbagbo pour la gestion de la zone non-occupée - gestion qu'il a été contraint de partager à 75 % par les mêmes questionneurs Rhdp ! -, quid de la zone à laquelle il n'avait pas accès, quid des milliards de francs générés par "le coton, le café, le cacao, l'hévéa, le régime de palme, etc.", sans compter le diamant, l'or, les ressources minières : quels investissements, quelles constructions, quelles institutions scolaires et universitaires, quelles institutions de santé, en huit ans d'occupation du nord ? Ou, si rien n'a été fait, où est passé l'argent ?...
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