À ne pas confondre avec Blaise...
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« Tom Sank » comme certains l’appelaient voulait être un président différent, et incarnait un certain enthousiasme.
Il a commencé par prendre quelques mesures spectaculaires comme vendre les voitures de luxe des membres du gouvernement, et se déplaçait lui-même en Renault 5, une voiture équivalente à une Renault Twingo d’aujourd’hui. Il n’a pas hésité à reprendre à son compte certaines thèses panafricanistes de Patrice Lumumba ou Nkwame Nkrumah.
Texte de Hervé Mbouguen. Source ici.
Il a engagé une lutte contre la corruption, qui s’est traduite par des procès retransmis à la radio, mais sans condamnation à mort. Il a également entrepris une campagne de reboisement du Sahel pour stopper l’avancée du désert.
Dans un pays où l’espérance de vie atteignait à peine 40 ans, et qui avait le record mondial de décès chez les enfants de moins de cinq ans, il a développé une vaste campagne de vaccination des enfants, et de construction d’hôpitaux. Il a montré une conception moderne de la condition féminine, en condamnant la polygamie, en interdisant l’excision, et en nommant plusieurs femmes dans son gouvernement.
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Sa vision ne le limitera pas au seul Burkina-Faso puisqu’il sera très actif à dénoncer la néo-colonisation, sera un vif pourfendeur de l’apartheid, et fera sensation en s’opposant au paiement de la dette par les africains. Lors d’un sommet de l’OUA à Addis-Abeba, il s’écriera « Je dis que les Africains ne doivent pas payer la dette. Celui qui n’est pas d’accord peut sortir tout de suite, prendre son avion et aller à la Banque mondiale pour payer ».
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L’attitude de Sankara, et la grande popularité dont il jouira au sein de la jeunesse africaine finiront par lui attirer la méfiance de ses voisins, et de certains pays occidentaux, dont la France. Mais comme souvent, l’ennemi ne viendra pas de bien loin.
Des rumeurs de complot bruissent au Burkina-Faso ce pays qui, comme on l’a vu, a souvent été agité par des coups d’état. Sankara, comme tous, les entend, et on lui prête les propos suivants, difficiles à vérifier, mais qui auront contribué à augmenter sa légende après sa mort : « On peut tuer un homme, mais on ne peut pas tuer ses idées », ou commentant l’attitude de Blaise Compaoré « Le jour que vous entendrez que Blaise Compaoré prépare un coup d’État contre moi, ce n’est pas la peine de me prévenir. Car, ce serait trop tard ».
Ce qui est certain, c’est que Compaoré ignore les recommandations de Sankara, et vit dans le luxe.
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Thomas Sankara est en réunion avec des conseillers quand des bruits d’armes automatiques résonnent. Il aurait dit à ses conseillers « Restez, c’est à moi qu’ils en veulent ». Il sort du palais, en short, les mains en l’air, mais visiblement les mutins n’avaient pas pour consigne de l’arrêter, mais de le tuer, et quelques rafales mettent fin à sa vie, ainsi qu’à celle de douze de ses conseillers.
Comme pour tuer le symbole une seconde fois, il sera enterré à la va-vite, et de façon quasi-anonyme.
L’onde de choc provoquée par son décès, dans les jeunes africaines et notamment burkinabé, a poussé le régime à lui donner une sépulture plus convenable.
Son « ami » de longue date Blaise Compaoré prendra le pouvoir après sa mort, et prétendra avoir agi ainsi parce que Sankara projettait de l’assassiner, mais ses propos n’ont pas convaincu grand monde.
Interrogé par une journaliste au lendemain du coup d’Etat qui lui pose la question suivante : « Avez vous avez un regret ? » Blaise Compaoré répond : « D’avoir perdu un ami bien sûr, et un regret aussi qu’à un moment de sa vie il [Thomas Sankara] ait pensé à nous liquider. Dommage. » Cette réponse donnée il y a plus de 20 ans est une des très rares évocations publiques de l’assassinat de Thomas Sankara par Blaise Compaoré.
Dans le documentaire de Robin Shuffield, « Sankara, un homme intègre », un ex-militaire proche de Sankara, le capitaine Boukari Kaboré affirme qu’il avait demandé à ce dernier « la permission de mettre de l’ordre » c’est-à-dire d’arrêter Blaise Compaoré car ce dernier « planifiait un projet d’assassinat ». Sankara lui aurait répondu : « l’amitié ne se trahit pas, ce n’est pas à nous de trahir l’amitié, c’est à eux de la trahir ».
En 2008, Blaise Compaoré est toujours président du Burkina Faso."
(Extrait de Portrait d’un homme intègre : Thomas Sankara (1949-1987) de Hervé Mbouguen)
[... Blaise Compaoré a été réélu pour la énième fois en 2010 avec 80% des voix, dans le silence de la "communauté internationale". La semaine dernière il faisait réprimer à balles réelles une manifestation d'élèves, dans le silence de la "communauté internationale" et de ses médias. 5 morts.]
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