La citation de Cioran...
"On doit se ranger du côté des opprimés en toute circonstance même quand ils ont tort, sans pour autant perdre de vue qu’ils sont pétris de la même boue que leurs oppresseurs." (Cioran, dans De l'inconvénient d'être né)...
... que j'ai donnée dans un post précédent a intrigué plusieurs lecteurs de ce blog !
... Jusqu'à faire craindre de la part de Cioran d'éventuelles prises de parti abusives, voire des décrets sur le bien et le mal - ce face à quoi j'ai tenté une explication en ces termes : "il ne s'agit pas pour Cioran de 'bien' ou de 'mal', pas même pour catégoriser un choix par défaut dans un engagement. Cioran n'est pas Sartre ! Et il ne s'agit a fortiori pas d'imaginer un 'soutien' des opprimés lorsqu'ils seraient devenus oppresseurs à leur tour. On est plus vraisemblablement face au constat de l'impossibilité de ne pas s'agiter - pour ne rien dire d'un rêve d'ataraxie : 'Le nirvâna, oui, mais pas sans café', a aussi dit Cioran (Aveux et anathèmes). Alors tant qu'à sombrer, inévitablement, dans l'action... Autant, et sans illusions, que ce ne soit pas pour en rajouter à l'oppression..."
Me revient à présent un propos talmudique, qui, en termes religieux, se rapprocherait, mutatis mutandis, de l'aphorisme de Cioran :
"Dieu prend toujours le parti du persécuté. Si un juste persécute un juste, Dieu se range du côté du persécuté. Si un méchant persécute un juste, Dieu se range du côté du persécuté. Si un méchant persécute un méchant, Dieu se range du côté du persécuté. Et même si un juste persécute un méchant, Dieu se range encore du côté du persécuté" (Middrach Rabba, Lévitique, 27).
Voilà même qui serait propre à expliquer la phrase d'un Cioran auquel le Talmud n'est pas si étranger :
"Le vrai Messie ne surgira, dit-on, qu'au milieu d'un monde 'entièrement juste' ou 'entièrement coupable'. La seconde éventualité méritant seule considération, puisqu'elle est presque en vue et qu'elle s'accorde si bien avec ce qu'on sait de l'avenir, le Messie a toutes les chances de se produire enfin et de répondre ainsi moins à une très vieille attente qu'à une très vieille appréhension." (Cioran, dans Écartèlement.)
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