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Tant que les lions n'auront pas d'historiens, les histoires de chasse tourneront à la gloire du chasseur - Le mensonge se lève très tôt mais la vérité finit par le rattraper - Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage

vendredi 3 décembre 2010

Election ivoirienne: Gbagbo proclamé vainqueur par le Conseil constitutionnel (officiel)

Dépêche AFP. Suivie du film d'une tentative de coup d'Etat électoral
(article de Phillipe Brou In le Nouveau Courrier N° 145 du Vendredi 03 décembre 2010)

vendredi 3 dcembre 2010 | AFP - "Le chef de l`Etat ivoirien Laurent Gbagbo a remporté la présidentielle du 28 novembre avec plus de 51% des voix, a proclamé vendredi le Conseil constitutionnel, invalidant les résultats provisoires de la commission électorale qui donnaient Alassane Ouattara vainqueur.
Laurent Gbagbo a été réélu président de la Côte d`Ivoire avec 51,45% des
suffrages, contre 48,55% à son rival, selon les résultats définitifs annoncés
par le président du Conseil, Paul Yao N`Dré, lors d`une déclaration devant la
presse. [...]"

Proclamation des résultats par le Pdt du Conseil Constitutionnel Paul Yao N’Dré (1 & 2) :




Présidentielle ivoirienne : Le film d'une tentative de coup d'Etat électoral



In le Nouveau Courrier N° 145 du Vendredi 03 décembre 2010 par Phillipe Brou :

Un scénario de mauvais film policier dévoilé à l’avance. Des méthodes de propagande médiatique limitées. Pourquoi le putsch de la CEI, de l’ONUCI et de la France a échoué d’avance.


Les mauvais polars se distinguent en général par une caractéristique qu’ils partagent : dès le début, on a déjà aisément deviné la fin. Le scénario dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui n’est guère surprenant. Il a été préparé avant même le premier tour par un certain nombre d’officines. Dans le cadre de leur stratégie, il était question de maquiller un coup d’Etat électoral et constitutionnel en plébiscite démocratique. Ils ont fait le point de leurs «atouts». Une commission électorale indépendante (CEI) contrôlée à 76% par l’opposition politico-militaire. Une opération des Nations Unies ayant un rôle obscur de «certification» du processus électoral. Un Etat «donneur d’ordres» (la France) membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU. Une marge de manœuvre en matière de fraude électorale rendue possible par le maintien en armes de la rébellion pro-Ouattara dans les zones CNO (Centre nord ouest). La présence à Abidjan d’une jeunesse fanatisée prête à créer le chaos, y compris en se livrant à la mort, pour augmenter le niveau d’ingouvernabilité de la Côte d’Ivoire et imposer les forces internationales comme seuls remparts au chaos.


Un complot cousu de fil blanc

Le problème est que le jeu était trop transparent et les comploteurs trop bavards. La création artificielle d’un schisme institutionnel entre la CEI (parée de toutes les vertus d’indépendance et soutenue par la «communauté internationale») et le Conseil constitutionnel (forcément méchant et pro-Gbagbo) a été annoncée depuis longtemps. Nous l’écrivons hier : un «confidentiel» de Jeune Afrique daté du 17 au 23 octobre 2010 évoquait un schéma où le Conseil constitutionnel refusait de valider les résultats donnés par la CEI. Choi, expliquait l’article, avait trouvé des «parades» et des «astucieux arguments juridiques» destinés à neutraliser l’institution ivoirienne grâce à la «certification» onusienne. Quelques jours avant le scrutin, ce schéma était dans toutes les bouches, au sein du cénacle fermé des fonctionnaires internationaux en poste à Abidjan.


Choi entre en scène

Le premier obstacle à ce «grand plan» bien ficelé s’est signalé juste après le premier tour de la présidentielle. Prenant acte des fraudes massives dans le Nord, le président Gbagbo obtient le renforcement de la présence des Forces de défense et de sécurité (FDS) au Nord et renforce la présence de ses scrutateurs électoraux dans cette zone contrôlée par la rébellion. La faiblesse de la présence des FDS déployées aura raison de l’efficacité de leur dispositif de dissuasion.
Pour éliminer les regards curieux, les rebelles se croient obligés de se livrer à des actes de barbarie inqualifiables sur les scrutateurs LMP et vont même jusqu’à séquestrer un observateur de l’Union africaine. Pour venir à leur rescousse, YJ Choi fait, dès la matinée du lundi 29 novembre, une conférence de presse pour sanctifier le scrutin et minimiser les violences (dont lui-même prendra la mesure progressivement avec les images diffusées par la majorité présidentielle et les remontées du terrain des agents de l’ONUCI qu’il garde sous le coude).
Cette «certification en amont» ayant été faite, le champ est libre pour la partie de la Commission électorale indépendante qui a une sorte de blanc-seing pour faire ce qu’elle veut. Y a-t-il des fraudes, des endroits où il y a plus d’électeurs que d’inscrits, des PV raturés où les chiffres ont été grossièrement modifiés ? Qu’importe. Ceux qui ne sont pas contents n’ont qu’à aller se plaindre au Conseil constitutionnel. Après la proclamation des résultats provisoires…
Des résultats provisoires qui doivent tout de même avoir force de résultats définitifs grâce à un certain nombre de numéros de prestidigitation diplomatiques et médiatiques, à l’invasion des rues par les militants fanatisés du RDR, et aux félicitations solennelles parvenant au «chef d’Etat élu».


Le dos du nageur

Le problème est que le polar est mal ficelé et que LMP «voit le dos du nageur». Un nageur qui a commis quelques erreurs. Au premier tour, à cause de violences dans la région parisienne, la CEI a invalidé tous les résultats de la France. Même scénario dans la ville de Sinfra. Rebelote au second tour pour ce qui est de la France. Si la CEI a un pouvoir d’invalidation, elle doit aussi statuer sur les endroits où des violences autrement plus importantes que celles que l’on a vues en France ont eu lieu. Blocage, dans une institution dont le mode opératoire exige le consensus. Bamba Yacouba, porte-parole de la CEI issu de la rébellion, tente le passage en force. Il réussit avec la proclamation des résultats de la diaspora, qui n’est pas passée par la phase incontournable de la «consolidation» par les commissaires. Le camp adverse réagit : par mesure de précaution, le personnel de la RTI désinstalle le dispositif qui permet de faire des directs, pour éviter une éventuelle proclamation par surprise et une sorte de prise en otage du personnel, donc de la télévision. Il n’empêche : Bamba Yacouba proclamera les résultats devant les médias qui le voudront bien, mais pas en direct sur la RTI. A voyou, voyou et demi. Damana Pickas et Véi Tokpa Etienne, commissaires proches de la majorité présidentielle, créent le clash et la crise, dénonçant une tentative de «hold-up électoral». La méthode est médiatiquement désastreuse, mais politiquement efficace. La question du consensus et du mode opératoire revient sur le devant de la scène. Mercredi, dans une déclaration télévisée, Youssouf Bakayoko rassure : la règle du consensus sera respectée. Dès lors qu’il le dit, l’on sait très bien que les résultats provisoires ne seront pas rendus publics et que le Conseil constitutionnel devra trancher. Or, le «plan» a absolument besoin de cette diffusion des résultats provisoires, qui doivent mettre en branle un certain nombre de «forces de légitimation», dans la mesure où tout le monde sait que le Conseil constitutionnel invalidera ce qu’il faut invalider.


La nébuleuse balbutie

Le point de presse de Paul Yao N’Dré s’autosaisissant du dossier électoral fait paniquer la «nébuleuse». Dans des conditions étranges, Youssouf Bakayoko, qui n’est accompagné d’aucun de ses commissaires, annonce des résultats provisoires donnant ADO vainqueur. C’est le branle-bas de combat. France 24 prend ses airs les plus solennels pour magnifier le moment d’Histoire, traite le président Gbagbo de tous les noms en le jetant dans les poubelles de l’Histoire, imagine des schémas, parle du premier gouvernement d’ADO… Aux environs de 17 heures, car il n’y a plus que deux heures pour orchestrer les manifestations de joie «spontanées» ! Au final, après quelques heures d’excitation, le couvre-feu entre en vigueur. A part quelques poches de résistance, les militants RHDP rentrent à la maison. Après le coup d’éclat, le retour à la réalité. Paul Yao N’dré, président du Conseil constitutionnel, vient faire sa mise au point à la RTI, que les médias internationaux, qui ont «saboté» son point de presse, sont bien obligés de couvrir. Dans le doute, tout le monde est donc obligé de retourner à la Loi fondamentale. En effet, l’ONU et l’Union africaine, dans leurs textes, condamnent toute prise de pouvoir «par des moyens anticonstitutionnels ». Or, la Constitution ivoirienne est claire. Le Conseil constitutionnel, dont la «nébuleuse» veut éviter l’arbitrage, ne peut pas être mis à l’écart. En son article 39, la Constitution ivoirienne dit : «Dans les quarante huit heures de la proclamation définitive des résultats, le Président de la République élu prête serment devant le Conseil constitutionnel réuni en audience solennelle.» En résumé, il ne peut avoir prestation de serment sans la proclamation définitive des résultats – que la «nébuleuse » veut éviter. De plus, ADO n’est pas président s’il ne prête pas serment devant Paul Yao N’dré et les autres membres de son institution. Le serpent se mord la queue. Si le porte-parole du Conseil de sécurité peut faire des déclarations rapides, l’institution elle-même entendra la version des autorités ivoiriennes – qui restent les mêmes. Ni les Etats-Unis, ni la Chine, ni la Russie n’accepteront la mise entre parenthèses de la Constitution ivoirienne. Comme la France a échoué à imposer la dissolution de l’Assemblée nationale ivoirienne en 2006, et pour les mêmes raisons, elle échouera à créer un «nouvel ordre constitutionnel» en Côte d’Ivoire. Ne restera plus à la «nébuleuse» que l’arme de la guerre civile, qu’elle tentera d’instrumentaliser, pour crier au «génocide » et au «devoir d’ingérence». Mais la tactique a été essayée mille fois en Côte d’Ivoire. Mille fois elle a échoué.

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