Lynx.info : Comment le politologue que vous êtes décrit la Côte d’Ivoire actuelle ?
Arsène DOGBA (Photo) : La Côte d’Ivoire peut simplement être décrite comme un Etat en totale déconfiture, un état défaillant. Arrivez en Côte d’Ivoire et vous verrez qu’aucune institution ne fonctionne véritablement là-bas. Pas même le pouvoir exécutif. L’Etat ne peut même plus assurer son devoir régalien qui consiste, entre autres, à veiller sur la sécurité des biens et des personnes vivants en Côte d’Ivoire. Au plan international, le pays a cédé sa souveraineté, à tant qu’Etat indépendant, à plusieurs entités institutionnelles (Union Européenne, USA, Union Africaine) à plusieurs multinationales (Bouygues, Bolloré, Cargill, Total, etc...). Bref à l’assemble de la communauté internationale (ONU), y compris la CEDEAO. Cela me semble un cas isolé dans la vie des états modernes. Surtout en ce qui concerne les relations entre les états indépendants dans ce nouveau contexte de mondialisation.
La carte politique avec le front entre Houphouetistes, voit l’arrivée des FN de Guillaume Soro. C’est une opportunité ou une aubaine pour Alassane Ouattara ?
Opportunité ou aubaine, c’est Alassane seul qui sait ce que l’arrivée prochaine des Forces Nouvelles sur la scène politique représentera pour son parti, le RDR ou pour la coalition des Houphouetistes, le RHDP. Pour moi, les dirigeants de ce mouvement rebelle (ce n’est pas encore un parti politique) gagneraient à le dissoudre le plus tôt possible pour éviter qu’il réveille davantage les souvenirs des atrocités commises depuis 2002. Mais, si les « Forces Nouvelles » devaient se muer en parti politique légalement constitué, avec Soro Guillaume en tête, M. Alassane perdrait un allié de taille d’autant que Soro lui a servi de marche-pied dans sa longue marche vers le coup d’Etat du 11 Avril 2011 qui l’a porté au pouvoir.
Prenons les chiffres de la communauté internationale, avec 46% qui ont voté pour Laurent Gbagbo. Comment expliquez-vous qu’Alassane Ouattara semble en faire fi ?
L’agenda réel d’Alassane Ouattara me semble être autre que celui de gérer autrement la Côte d’Ivoire pour le bonheur des populations ivoiriennes. Sinon, comment comprendre qu’après l’arrestation du Président Gbagbo, le 11 Avril 2011, par les forces spéciales Françaises et sa mise en résidence surveillée dans un endroit tenu secret, la chasse aux militants, aux cadres de LMP et aux Bétés, l’ethnie de Gbagbo, continue. Je pense que l’agenda caché d’Alassane était de se venger des ivoiriens qui lui auraient dénié la nationalité ivoirienne. Pour vivre aujourd’hui sans crainte en Cote d’Ivoire qui compte 60 ethnies, il faut être Dioula (son ethnie) ou Baoulé (l’ethnie de Bédié).
Pour revenir au fond de votre question, je vous ramène à la carte électorale du premier tour de la présidentielle. Parce que les résultats représentés sur cette carte indiquent clairement la force politique de chacun des trois principaux leaders ivoiriens, notamment, Gbagbo, Bédié et Alassane. Cette carte électorale nous indique que la zone d’influence de Laurent Gbagbo part du grand Ouest (Biankouma) jusqu’au Nord-est (Tehini), aux portes de Kong, la ville d’origine d’Alassane. De l’Ouest à l’Est, cette zone d’influence LMP couvre tout le grand sud à l’exception des régions des lacs et du N’zi Comoé. Sur les 19 régions de la Cote d’Ivoire, le président Gbagbo l'a remporté dans 11 régions, ce qui représente 57.89 % du territoire national alors qu’Alassane ne l’a remporté que dans seulement 06 régions localisés dans la zone Nord sous contrôle rebelles. Ce qui représente 31.57 % du territoire. Si nous considérons les faux résultats du second tour certifiés par l’ONU, le candidat Gbagbo a obtenu à lui tout seul 2.107.055 voix soit 45,9 % des votes tandis que les 2.483.164 voix soit 54,1 % du faux gagnant, Alassane, constituent la somme des voix transférées du PDCI (3eme au 1er Tour), de l’UDPCI (4eme) et du PIT à son parti, le RDR.
Au regard de ces résultats, il n’est pas faux d’affirmer que le président Gbagbo est le leader politique le plus populaire de Côte d’Ivoire. Cette popularité a même été renforcée par la barbarie du 11 Avril dernier, les tueries et les pillages des forces de M. Ouattara. [...]
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