C'est ce que dit Aziz Pahad, ancien vice-ministre des Affaires étrangères d'Afrique du Sud.
À l'heure où la vérité a éclaté, suite à une enquête de l'UA que refusait de toute force la "communauté internationale" du Golf, de Ouattara à Ban Ki-Moon : la "communauté internationale" a raté un coup d'Etat électoral - la déclaration d'Aziz Pahad scelle définitivement cet échec.
Motif incontournable de la résistance aux pressions, alors que pour la première fois un tel coup d'Etat (assez banal jusque là - sauf dans la forme) est déjoué : "dans l’intérêt de l’Afrique et de nos efforts à consolider le processus électoral sur le continent, il est vital que nous ne succombions pas à des projets anti-démocratiques venant de l’extérieur de notre continent." (A. Pahad)
L'enjeu est crucial et explique pourquoi, alors que la vérité va bientôt être publiée, les violences des ennemis de la vérité se multiplient, étant systématiquement et médiatiquement (en boucle) attribuées aux victimes et à ceux qui les défendent : l'ordre légal et les Fds. La guerre médiatique fait rage, faisant en sorte que personne ne se demande : "à qui profite le crime ?"
Aziz Pahad, ancien vice-ministre des Affaires étrangères : “L’Afrique du Sud a résisté à toutes sortes de pression” :
"La persistance de la crise et la menace d’une guerre civile en Côte d’Ivoire pourraient constituer une sérieuse menace pour la paix et la stabilité dans la région ouest-africaine toute entière. Cette situation aura, à n’en point douter, un impact négatif et des conséquences sur l’ensemble du continent y compris l’Afrique du Sud. Il est donc vital pour l’Afrique du Sud et pour l’Afrique d’agir par principe et d’une manière décisive afin d’aider à stabiliser la situation et à créer les conditions idoines pour une paix durable, pour la stabilité et la démocratie.
Malheureusement, les media sud-africains ont failli à leur devoir d’informer correctement et objectivement l’opinion publique sud-africaine sur les causes et la complexité de la crise actuelle. Ils se sont contentés de rendre textuellement les rapports, dépêches et analyses des média et des agences de presse occidentaux.
La situation a été décrite de manière simpliste comme une lutte entre Ouattara le «démocratiquement élu» et Gbagbo le «despotique candidat malheureux» qui refuse de céder le pouvoir et qui doit y être forcé.
De Grandes puissances ont embouché la même trompette et le Secrétaire Général des Nations Unies, la CEDEAO, le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine ont subi d’intenses pressions afin d’accepter ce diktat.
Quelle est la vérité ?
Selon tous les accords signés par les parties ivoiriennes après la guerre civile de 2002, et entérinés par le Conseil de Sécurité des Nations Unies et de l’Union Africaine, il a été clairement affirmé qu’aucune élection ne devait avoir lieu dans le pays sans le Désarmement, la Démobilisation et la Réinsertion (DDR) de toutes les forces en armes et sans la réunification complète du pays.
Malgré le fait que le processus du DDR ait connu très peu de progrès, les Etats-Unis et la France ont mobilisé d’intenses pressions gouvernementales et non-gouvernementales pour forcer le Président Gbagbo à organiser les élections ceci en violation des prescriptions contenues dans les accords signés.
Des observateurs indépendants, au fait du dossier ivoirien, ont tiré la sonnette d’alarme en affirmant qu’une manigance pour «un changement de régime» était en cours en Côte d’Ivoire.
Les élections présidentielles ont eu lieu le 31 octobre 2010. Aucun des candidats n’ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, un second tour, selon les lois ivoiriennes, devait opposer le Président Gbagbo au candidat Ouattara. Ce second tour s’est tenu le 28 novembre 2010.
Selon les Lois de la République de Côte d’Ivoire, la Commission Electorale Indépendante (CEI) a un délai de 72h pour déclarer les résultats provisoires. Le Conseil Constitutionnel, après avoir examiné les procès verbaux, tous les documents électoraux y compris les requêtes des candidats, proclame les résultats définitifs.
La CEI n’a pas été en mesure de proclamer les résultats provisoires dans les délais prescrits par la Constitution. Cette forclusion lui indiquait de transmettre le dossier au Conseil Constitutionnel qui devait continuer et achever le processus.
Au lieu de transmettre les documents électoraux au Conseil Constitutionnel comme le recommande la loi fondamentale du pays pour lui permettre d’achever le processus, le Président de la CEI est allé, seul, au QG de Ouattara pour y annoncer que ce dernier a gagné les élections.
Les autres membres de la CEI qui attendaient au siège de l’institution pour terminer la réunion qui avait été ajournée la veille ont tous été surpris d’apprendre que le Président de la CEI venait d’annoncer des résultats à une chaîne de télévision française.
Le Conseil Constitutionnel après avoir examiné tous les documents électoraux, les requêtes et les rapports des observateurs internationaux et nationaux, a déclaré le Président Gbagbo vainqueur du second tour de l’élection présidentielle.
Il est important d’indiquer que le Conseil Constitutionnel est la plus haute juridiction du pays ayant le pouvoir de proclamer les résultats définitifs des élections présidentielles. C’est cette procédure qui a été observée au premier tour et acceptée par toutes les parties.
C’est alors qu’une campagne nauséabonde de dénigrement et de calomnie est orchestrée localement et sur le plan international contre le Président du Conseil Constitutionnel, le Professeur Paul Yao Ndré, une autorité très respectée dans la région et en Afrique.
L’on a refusé d’admettre que le Président du Conseil Constitutionnel, en déclarant que les résultats proclamés par le Président de la CEI, tout seul, au QG du candidat Ouattara après sa forclusion étaient nuls et non avenus, a agi en accord avec les prérogatives constitutionnelles de l’institution qu’il dirige.
Malgré de sérieuses contradictions dans les résultats annoncés par le Président de la CEI et sans tenir compte des graves violations de la Constitution et des lois ivoiriennes ainsi que des procédures des Nations Unies, les Grandes puissances, telles que la France, les Etats Unis, le Représentant Spécial du SG des Nations Unies M. Choi, dans une précipitation sans précédent, ont soutenu que Ouattara avait gagné les élections.
En effet, le Représentant Spécial des Nations Unies qui n’a aucun mandat de cette institution ou de l’Union Africaine, a agi en violation flagrante de tous les accords signés par toutes parties ivoiriennes. Ces accords entérinés par l’Union Africaine et les Nations Unies indiquent clairement que le rôle du Représentant Spécial des Nations Unies est de s’assurer que les élections ont été «libres, démocratiques et transparentes» et non de proclamer des résultats. Son acte est sans précédent dans l’histoire des Nations Unies.
La CEDEAO a ensuite soutenu cette position suivie du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine. Certains Hommes politiques africains ont, d’une façon peu caractéristique, lancé comme des militants, des appels irréalistes pour l’usage de la force en vue de faire partir le Président Gbagbo du pouvoir.
Par la suite, il est apparu clairement que ceux-ci n’avaient pas bien mesuré les implications des résultats conflictuels annoncés. La CEI et le Représentant Spécial des Nations Unies ont déclaré Ouattara vainqueur en violation de la Constitution du pays. Le Conseil Constitutionnel qui était dans son bon droit a déclaré le Président Gbagbo vainqueur.
Il est important de noter que les Grandes puissances telles la France, les Etats-Unis, et ’Union Européenne, le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine et la CEDEAO ainsi que les media internationaux, y compris ceux de l’Afrique du Sud, ont ignoré les rapports des observateurs crédibles du continent africain.
Le Rapport des 200 observateurs de la mission de l’Union Africaine, conduite par l’ancien Premier ministre togolais, Joseph K. Koffigoh relève ce qui suit :
«La mission a relevé avec regret, des actes de violence graves notamment des pertes en vies humaines, des atteintes à l’intégrité physique, des intimidations, des séquestrations, des tentatives d’enlèvement et de dégradation du matériel électoral. Autant d’éléments qui devraient faire l’objet d’une appréciation minutieuse de la part des organes compétents afin de déterminer leur impact sur le scrutin…».
La mission de l’UA a enregistré «de sérieuses irrégularités» dans plus de 70 bureaux de vote dans le nord du pays. Le rapport note que «ces évènements extrêmement graves démontrent que le scrutin à Bouaké, Korhogo,Ferkéssédougou, Samatiguila, et Mankono et dans d’autres lieux de cette région du pays n’a pas été transparent…» et que par conséquent, le scrutin ne pouvait pas garantir l’honnêteté des résultats».
Une mission indépendante d’observateurs ouest africains dénommée Observatoire de la Société civile Africaine pour la Démocratie et l’Assistance Electorale (OSCADAE) a, au cours d’un point de presse, soutenu avoir visité 620 bureaux de vote où la mission a enregistré des actes de violence et de violations sérieuses et flagrantes du Code Electoral. La mission a confirmé que «la crédibilité du scrutin a été fortement mise en cause en certains endroits visités».
Dans un autre rapport, M. Ngongjibangte du Cameroun, Chef de la mission des observateurs venus du Cameroun, du Sénégal, du Bénin, du Mali, du Maroc, du Gabon et du Togo dit ce qui suit :
« Suite aux échanges de points de vue convergents avec d’autres groupes d’observateurs nationaux et internationaux, les Observateurs de la Coordination des Experts Electoraux Africains constatent également que le scrutin présidentiel du 28 novembre 2010 en République de Côte d’Ivoire a été entaché, dans les circonscriptions électorales ( Korhogo, Bouaké, Séguéla, Tortiya, Garango) d’irrégularités majeures telles : vol des urnes, séquestration des représentants et délégués du candidat Gbagbo, vote multiple, refus systématique de la présence des observateurs internationaux dans certains bureaux de vote à l’heure du dépouillement des bulletins et pertes en vies humaines.
Par conséquent, les observateurs internationaux de la Coordination des Experts Electoraux Africains considèrent que l’élection présidentielle dans ces circonscriptions électorales ne répond pas aux critères, et aux normes d’une élection libre, transparente et équitable».
Au fur et à mesure que les faits et la vérité apparaissaient, beaucoup de gouvernements africains commencèrent à se poser des questions sur le processus électoral au second tour des élections. Cependant, les Gouvernements français et américain ainsi que le Secrétaire Général des Nations-Unies ont intensifié leur campagne de mise à l’écart du Président Gbagbo. Le 20 décembre 2010, le porte-parole de la Maison Blanche, soutient au cours d’une conférence de presse «qu’il était temps pour Gbagbo de quitter le pouvoir».
Le 21 décembre 2010, le Département d’Etat des Etats-Unis annonce avoir imposé des sanctions restrictives de voyage contre le Président Gbagbo et 30 alliés.
Le 22 décembre 2010, le Département d’Etat des Etats-Unis annonce que la victoire de Ouattara est irréfutable et réitère l’injonction faite par les USA au Président Gbagbo de quitter le pouvoir.
Face à l’impasse, le Président Gbagbo propose la mise en place d’un panel composé de représentants de l’Union Africaine, de la CEDEAO, de l’Union Européenne, de la Ligue Arabe et des pays membres du Conseil de Sécurité des Nations-Unies. Ce panel se chargera de faire une évaluation complète du processus électoral et des résultats qui en découlent. Le panel rendra public les résultats de ses investigations. Ses conclusions devront être imposables aux deux candidats. Ouattara a rejeté cette proposition.
La situation s’est alors détériorée et la violence s’est accentuée. Chaque camp restant campé sur sa position. Il apparait clairement que sans une solution complète à cette crise, le pays pourrait à nouveau connaitre la guerre civile.
C’est ainsi que le Président de la Commission de l’Union Africaine a demandé à l’ancien Président Mbeki, d’interrompre sa mission au Soudan et de se rendre en Côte d’Ivoire pour faire une évaluation de la situation et proposer une solution à la crise post-électorale. M. Mbeki y est allé, a rencontré tous les acteurs de la crise et soumis un rapport détaillé à l’Union Africaine. Au lieu d’examiner le rapport du Président Mbeki ou ceux de l’Union Africaine et des autres missions d’observateurs pour envisager la voie de sortie de la crise post-électorale, nous assistons plutôt à d’intenses pressions sur les Gouvernements africains en vue de les amener à «durcir» leur position contre le Président Gbagbo.
Des émissaires sont envoyés dans plusieurs capitales africaines pour demander aux Gouvernements de ces pays d’adopter la «bonne» position. C’est à dire : «Gbagbo doit partir». Malheureusement, encore une fois, certains media sud-africains ont accepté de participer à cette campagne.
Le Gouvernement sud-africain, pour sa part, a constamment pris la meilleure position en insistant que l’Union Africaine, au regard des résultats conflictuels, se devait de ne pas prendre de décision sans examiner toutes les pièces du dossier.
Le Gouvernement sud-africain a résisté à toutes sortes de pression parce qu’il est engagé à une résolution durable de la crise en Côte d’Ivoire et reste opposé à un projet de changement de régime dans le pays.
Les pressions se sont surtout accrues avant le sommet de l’Union Africaine qui s’est tenu du 29 au 31 janvier 2011 à Addis-Abeba.
Malgré les pressions des Grandes puissances, du Secrétaire Général des Nations-Unies, le sommet de l’Union Africaine a refusé de cautionner le projet de changement de régime que souhaitait l’extérieur.
Le sommet a mis en place un panel de Chefs d’Etat (les Présidents Zuma d’Afrique du Sud, Blaise Compaoré du Burkina Faso, Kikwete de Tanzanie, Abdel de Mauritanie et Déby du Tchad) dont la mission est de trouver une solution politique à la crise. Leur mandat exige qu’ils rendent les conclusions de leur travail dans un délai d’un mois. Ces conclusions seront contraignantes pour toutes les parties.
L’indépendance et la souveraineté de tous les Etats africains se jouent ici dans la gestion de la crise post-électorale en Côte d’Ivoire. C’est pourquoi, dans l’intérêt de l’Afrique et de nos efforts à consolider le processus électoral sur le continent, il est vital que nous ne succombions pas à des projets anti-démocratiques venant de l’extérieur de notre continent."
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