Lu sur Crise ivoirienne, 26 mars :
"La France et les Etats-Unis sont en passe de réussir, sous les yeux des populations africaines médusées, leur coup de maître en Afrique et au Moyen-Orient. Regarder ces acteurs du théâtre Onusien, du roi Obama au prince Sarkozy, du tartufe Ban Ki Moon aux valets de l’Union Africaine, donne l’impression d’un grand spectacle où se déclame la rhétorique de la guerre démocratique, tragédie qui va se refermer sous les rideaux rouges écarlates, éclaboussés du sang, encore une fois du sang des Africains. Mais quelle importance ? Le sang d’un Africain a-t-il seulement la même valeur que celui d’un Européen ou celui d’un Américain ? Non, assurément non aux yeux du président Sarkozy avec la bénédiction coupable du président Obama, sous le dictat des groupes financiers qui font et défont les présidents occidentaux au gré de leurs intérêts, dans le meilleur des mondes démocratiques.
Analysons donc le procédé remarquable mis en place par cette coalition occidentale au service de la gouvernance mondiale (dont les organes sont déjà en place : Banque mondiale, FMI, ONU, OTAN, etc…) en commençant par la rhétorique verbale.
Grâce à leurs médias autocensurés qui répètent mécaniquement un vocabulaire défini par les agences de presse occidentales, les dirigeants occidentaux parviennent, par une savante manipulation des mots et des concepts, à travestir la réalité et les faits. Ainsi les terroristes pro-Ouattara qui égorgent à Abobo les Ivoiriens soupçonnés de soutenir le président Gbagbo sur la seule base de leur appartenance ethnique, sont devenus des rebelles, puis des insurgés, avant d’être des civils victimes des armes lourdes de Gbagbo sur les marchés d’Abobo, dont on voudrait nous faire croire que c’est une enclave démocratique menacée par les milices d’un dictateur sanguinaire. Ces mensonges, à force d’être martelés depuis des années, annihilent tout esprit critique, et permettent de se livrer aux crimes les plus abominables sur le continent africain sans troubler la quiétude du public occidental, au nom de la démocratie et de l’ingérence humanitaire. L’idéologie démocratique agitée par Sarkozy, Obama et consort vise avant tout à créer une atmosphère soporifique pour flatter et endormir la conscience des citoyens occidentaux, et diaboliser les rares voix discordantes.
Le concept de démocratie, considéré comme une valeur universelle grâce à l’article 21 de la Déclaration Universelle des droits de l’homme peut alors être imposé aux nations dont l’expression démocratique ne convient pas à l’ONU grâce à l’ingérence humanitaire. Le concept de démocratie instrumentalisé par un matraquage médiatique mensonger, est ainsi devenu la toile de fond des politiques impérialistes occidentales, comme une araignée tisse sa toile autour de ses victimes. Drapés dans leur « idéologie démocratique », arrivés démocratiquement au pouvoir après avoir démontré à leurs parrains de l’oligarchie financière leur capacité à mentir à leurs concitoyens, au point d’être élus sur leurs éternelles fausses promesses, ces présidents sont désormais à la conquête du pouvoir absolu sous l’égide de l’ONU.
Pour comprendre la façon dont ces dirigeants impérialistes occidentaux voient le monde et les hommes, il faut faire appel à des notions de sciences humaines. Les termes utilisés par ces dirigeants doivent être décryptés au regard des objectifs qu’ils poursuivent, à savoir obtenir le pouvoir absolu. Une attitude à l’évidence opposée à la notion de démocratie dans son acception classique. En fait, comme dans les mécanismes de retournement de la pulsion en son contraire, ils retournent le mot et le concept. Ceci est un procédé bien connu des Africains car il est utilisé dans la sorcellerie qui consiste à inverser l’ordre naturel des choses. Lorsque Mr Sarkozy, l’un des plus inspirés de ce groupe, parle de démocratie et de l’aspiration légitime des populations en Afrique (dans un premier temps) entendez surtout le contraire ! Pour ces hommes assoiffés de pouvoir, la démocratie dans on acception classique est complètement incompatible avec l’exercice du pouvoir tel qu’ils l’envisagent. La pseudo-démocratie qu’ils servent à l’ONU et dans les institutions nationales et internationales, relayés par les médias complaisants ou complices qui ont surtout besoin d’assurer leur gagne pain quotidien, leur sert de faire valoir pour mettre en œuvre une véritable machine de guerre contre les citoyens et la démocratie.
Ce qui se passe actuellement en Afrique qui, soudainement, serait saisie d’une fièvre démocratique, est à ce titre éloquent. Pour un œil averti, cela ressemble à tout sauf à des phénomènes spontanés, et obéit plutôt à une stratégie bien huilée de la « guerre révolutionnaire » à la française :
Diviser pour régner.
Une partie de la population du pays à attaquer est d’abord instrumentalisée sur la base d’anciens contentieux, et armée contre le régime à abattre. Cette population a pour vocation à devenir les « bons » civils insurgés que la communauté internationale devra protéger, à l’exclusion des « méchants » civils loyalistes qui seront rapidement qualifiés de milices.
C’est grâce à ce grossier stratagème que la France a obtenu l’autorisation de bombarder le président Libyen Kadhafi sans déclarer officiellement la guerre à la Libye, après avoir instrumentalisé l’opposition Cyrénaïque dont le monarque Idriss 1er avait été renversé par Mouammar Kadhafi en 1969. On notera que dans la rhétorique démocratique de Sarkozy et consorts, on ne parle pas de guerre mais d’établir une zone d’exclusion aérienne pour protéger les civils (les bons civils insurgés, ceux qui sont « légèrement » armés par ses soins et surtout légitimés par l’ONU) ce qui nécessite des « frappes ciblées » (le vocable « frappes chirurgicales » est décrié depuis la guerre d’Irak) contre des « objectifs militaires ».
En Côte d’Ivoire, la division du pays a été fomentée par Alassane Ouattara après son échec à prendre le pouvoir au décès d’Houphouët Boigny, auquel succéda Henri Konan Bédié. Avec la bénédiction de ses parrains occidentaux, Alassane Ouattara instrumentalisa alors le concept « d’ivoirité » de Bédié pour rallier à sa cause le Nord musulman et la population immigrée venue des pays voisins. la partition de la Côte d’Ivoire, entre le Nord globalement pro-Ouattara et le Sud globalement pro-Gbagbo, avec l’ONU et la Force Française Licorne pour assurer la division du pays en attendant l’épreuve des « élections démocratiques ». Ces élections gagnées par le président Gbagbo selon le Conseil Constitutionnel de Côte d’Ivoire, et gagnée par Ouattara selon la communauté internationale, ont abouti a une recrudescence de la violence sous l’égide de l’ONU et de la force Française Licorne, qui ont livrés clandestinement des armes aux « bons » civils rebelles pro-Ouattara, après avoir fait passer des armes en contrebande à de multiples reprises.
La victimisation des terroristes
Tandis que les montages les plus grossiers suffisent à victimiser les « civils » qui servent la cause du terrorisme pro-Ouattara à Abidjan, les crimes de ces terroristes sont occultés par les médias occidentaux. Pour que la légitime défense du pays attaqué soit illégitime aux yeux de l’ONU, il faut bien être parvenu à transformer les terroristes qui l’assaillent en civils qui s’insurgent.
Lorsque l’œuvre de désinformation est complète, un « grand » journal tel que Le Monde peut s’enthousiasmer des crimes d’un escadron de la mort appelé « commando invisible », puisque ces crimes profitent à la cause de Nicolas Sarkozy et consorts. Nous faisons donc bien face à une criminalité d’état perpétrée en toute impunité par les dirigeants des grandes nations, encouragée par les journalistes et les intellectuels, pour le contrôle et la maîtrise des matières premières et des sources d’approvisionnement énergétiques.
Entre le marteau et l’enclume
La stratégie de la rébellion permet de déstabiliser les régimes souverainistes au nom de la « démocratie », afin de livrer leurs ressources au pillage des prédateurs transnationaux au service d’un nouvel ordre mondial.
Les présidents victimes de ces velléités impérialistes sont d’abord mis à l’index et isolés grâce à une campagne de diabolisation orchestrée par les médias occidentaux. Les « civils » armés et endoctrinés peuvent alors passer à l’offensive dans la violence ce qui place les dirigeants africains dans une situation de double contrainte. Soit le dirigeant du pays attaqué se défend comme l’a fait le président Kadhafi, et est donc amené à combattre les fameux « civils », ce qui permet à l’ONU d’obtenir un mandat d’attaque du pouvoir récalcitrant. Soit ce dirigeant abandonne, livrant ses concitoyens à toutes sortes d’exactions, comme ce fut le cas pour les citoyens du nord de la Côte d’Ivoire victimes des « rebelles » depuis 2002, tandis que le président Gbagbo tentait de négocier une paix improbable en avalant toutes les couleuvres au nom de la paix, dont la plus grosse fût d’accepter le chef de guerre Guillaume Soro comme premier ministre.
La complicité de la valetaille
Les « dirigeants » arabes et africains semblèrent tirés de leur torpeur quand, au lendemain du 19 Mars 2011, ils réalisèrent que la zone d’exclusion aérienne signifie bel et bien une déclaration de guerre en voyant les bombes de la croisade occidentale s’abattre sur la Libye. On entend bien quelques protestations ici et là, mais bien trop tard, le mal est déjà fait, et Sarkozy et Obama n’ont cure de ces jérémiades africaines. Ils ont obtenu la résolution 1973 et entendent bien aller jusqu’au bout de leurs objectifs.
Pour assurer leur place à une table afin d’y grappiller quelques miettes, les valets de l’Union Africaine, au premier rang desquels Jonathan Goodluck, le président par intérim du Nigéria qui tente de se faire enfin élire, combattent pour la « démocratie » aux côtés de Sarkozy à l’ONU. Ainsi Jonathan Goodluck et Nicolas Sarkozy concoctent-ils une résolution afin « d’exclure les armes lourdes d’Abidjan », puisque depuis les élections de Novembre 2010, le président Gbagbo est résolu à défendre envers et contre tous la souveraineté de la Côte d’Ivoire et l’intégrité du territoire national.
Avec la complicité de la CEDEAO et de l’UA, Sarkozy exige que les Forces de Défense et de Sécurité de Côte d’Ivoire se laissent massacrer sans répliquer et qu’elles renoncent à défendre la population. Pour y parvenir, il compte bien jouer l’amalgame avec la Libye.
La tactique de l’amalgame
S’il convient de diviser ceux sur lesquels on veut régner dans le sang, il est pratique d’amalgamer différentes situations dans les consciences qu’on souhaite anesthésier. Ainsi a-t-on amalgamé la légitime révolte Tunisienne à l’étonnant soulèvement Égyptien, puis au coup d’état Libyen, et il faudrait dans un même élan faire gober aux Français l’installation du gouverneur Ouattara à la présidence de la république Ivoirienne, par tous les moyens. Les « soifs de démocratie » s’amalgament comme autant de lieux communs, après l’amalgame si pratique de « tous les despotes africains corrompus ».
Loin d’éclairer les consciences de leurs clients, les médias occidentaux s’ingénient à endoctriner la population à grands coups de simplifications outrancières. « Puisqu’on est intervenu en Libye, pourquoi n’intervient-on pas en Cote d’Ivoire ? » entend-t-on ici et là. Les reportages sur la Libye et sur la Côte d’Ivoire sont systématiquement juxtaposés. [...]"
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