LE FEUILLETON SE POURSUIT EN DIASTOLE ET SYSTOLE
Lu dans San Finna, Hebdomadaire burkinabè
Cette crise ivoirienne, qui draine des menaces de recours à la force sur un fond d’imposture pour imposer Alassane Ouattara au pouvoir, montre avec le temps le caractère irréfragable, incompressible, insubmersible, de la vérité, donc la fragilité d’une telle ambition. Une vérité qui remonte de plus en plus en surface, montrant l’intelligence des hommes qui gouvernent ce pays mais aussi leur courage, la fidélité de ces forces de défense et de sécurité dans une fusion patriotique. Des forces prêtes, avec un Mangou à l’image de son Chef, à faire obole de leurs vies pour la dignité, l’indépendance de leur pays et de l’Afrique. Au moment où s’annonce le Sommet de l’Union africaine, il est à prévoir que cette énergie mise au service de la justice et de la vérité y résonne fortement et séduise. Des pays qui, comme l’Afrique du Sud, l’Angola, ont conquis au prix fort leur liberté, ne sauraient y dénier aujourd’hui leur fraternité à la Côte d’Ivoire engagée dans le même combat libérateur.
Par Victory Toussaint, in San Finna, Hebdomadaire burkinabè, n° 600,
du 24 au 30 Janvier 2011
du 24 au 30 Janvier 2011
I. - CETTE ELECTION A TOUT VA
JOUEE A « MALIN/MALIN ET DEMI »
Depuis qu’au sortir du deuxième tour, la Côte d’Ivoire se trouve embarquée dans une crise postélectorale dont le monde n’a jamais été témoin, tout a été dit sur les tenants et aboutissants de cette crise. Les uns et les autres, partisans de Laurent Gbagbo ou d’Alassane Ouattara, ont développé leurs thèses si bien qu’au jour d’aujourd’hui, celui qui dira qu’il n’a pas assez d’éléments sur ce différend électoral et politique, c’est qu’il n’aura pas vraiment cherché, qu’il est de mauvaise foi ou bouché à l’émeri. Il reste tout de même un point sur lequel jusqu’à présent, on n’en a pas vu beaucoup s’exprimer : c’est celui qui met la lumière sur ce poker politique auquel se sont livrés les deux adversaires de cette bataille, Alassane Ouattara appuyé par la communauté internationale et Laurent Gbagbo appuyé par les patriotes africains et les défenseurs de la primauté du Droit.
LE PARI DU COUP D’ ETAT ELECTORAL
Le premier camp, qui a la force avec lui, qui est convaincu d’avoir domestiqué les médias, la justice, pour l’aboutissement de sa « cause », a choisi, après l’échec du coup d’Etat militaire du 19 Septembre, de faire le dos rond et de tout miser sur le coup d’Etat électoral. Les Commissions électorales indépendantes qui donnent des coups de main, les fichiers électoraux bidonnés qui vous tirent d’affaire, sont maintenant des techniques bien éprouvées qui économisent en temps, en argent, en vies humaines. Pourquoi ne pas y recourir en RCI ?
Mais comment ? C’est tout bête. Il suffit de maintenir le statu quo du point de vue territorial et du point de vue des forces militaires. On garde la partition de fait, on refuse le désarmement, la réunification et on pousse aux élections. Voilà l’option qui a été prise. Evidemment, tout cela est enrobé de mièvreries, de promesses, de financement du processus, d’engagement à convaincre les rebelles de désarmer et à réintégrer la république. Et pour convaincre Laurent Gbagbo d’aller dans ces conditions aux élections, on n’oublie pas de jeter à ses trousses les médias de France et de Navarre mais aussi ceux des capitales africaines complices. Et on y allait des insultes, des moqueries : le « boulanger mouille », il sait qu’il sera complètement rétamé aux élections, c’est pour cela qu’il n’a de cesse de les reculer. Quand ça ne suffisait pas, on commandait des sondages pour lui assurer une victoire haut la main, croyant par ce subterfuge, endormir ses appréhensions.
Dans cette stratégie, étaient embarqués tous ceux qui avaient nourri, formé, aidé, encouragé les rebelles dans leur cavalcade en 2002 pour l’évincer du pouvoir mais avec cette fois en première ligne, les USA et les Nations Unies. La pression était trop forte et le temps, cette fois-ci, ne se montrait pas un allié de Laurent Gbagbo. Il lui fallait sortir coûte que coûte du piège, montrer qu’il n’avait pas les pétoches sans pour autant aller se faire étriper dans un scrutin qu’il savait bidouillé, piégé à mort, un scrutin qui se déroulerait contrairement à la Constitution avec un pays non réunifié où des rebelles avaient toujours la haute main au plan militaire et économique sur les populations qu’ils contrôlaient. Il n’y avait pas besoin (cela crevait les yeux) de forcer ces rebelles à faire un hold-up électoral en faveur de Ouattara !
LA BOTTE SECRETE DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL
Laurent Gbagbo finit par entrer dans le jeu, à si bien y entrer qu’il donne l’impression de ne pas soupçonner ce qui va venir. Il laisse faire cette Commission électorale indépendante composée à 90 % de ses opposants. Il met même à sa tête un président du RHDP. Il satisfait toutes les demandes de l’opposition pour un scrutin transparent dans le Sud mais sans qu’on y prenne garde, il bétonne le Conseil constitutionnel grâce à un N’Dri compétent et fidèle. Il se dit « à malin, malin et demi. Vous allez, se dit-il, en amont, m’en faire voir de toutes les couleurs au Nord, vous disant qu’au Sud, vous allez faire le plein de vos voix sans me permettre à moi d’y resquiller puisque les contrôles sont là, vigilants, surabondants. Au Nord, je le sais, vous allez me laminer en faisant un vote si gourmand en faveur de mon adversaire que sa victoire y sera assurée ». Mais voilà, ce que l’intelligence internationale a oublié, c’est que Laurent Gbagbo la voyait comploter à ciel ouvert, que la légitimation qu’elle voulait donner à l’homme de son choix ne pouvait s’opérer dans la méconnaissance que celle-ci, dans un Etat souverain, appartient au seul peuple souverain.
Ce que la communauté internationale a négligé, c’est que selon la loi des lois, selon les institutions de la Côte d’Ivoire, selon la hiérarchie des normes juridiques qui prévalent dans ce pays, la décision finale en matière électorale revient au Conseil constitutionnel.
Elle n’a pas suffisamment mis en perspective qu’elle courrait le risque de se trouver en contradiction avec elle-même en contestant la décision d’un juge suprême quand dans leurs propres pays, ses membres ne peuvent se le permettre. Voilà le carrefour auquel Laurent Gbagbo a su les amener en acceptant d’aller à une consultation qu’il savait pipée au Nord et qu’il comptait bien surmonter en aval grâce à un Conseil constitutionnel qui lui donnerait le dernier mot.
Paré pour la bataille contre une proclamation de victoire prématurée grâce à un accord signé en ce sens avec son adversaire, il n’en oubliait pas pour autant qu’il lui faudrait éventuellement savoir compter avec le temps au cas où on marcherait sur cet engagement pour déjouer le complot électoral. Nous y sommes.
Avec le temps, la lumière a jailli, imposant la vérité aux consciences et aujourd’hui, ils sont de plus en plus nombreux, les pays mais surtout les peuples, à y voir plus clair, à dénoncer le complot électoral international, à affirmer qu’on ne peut pas résoudre la crise postélectorale en RCI par la force et à convenir qu’il faut procéder au recomptage des voix ou en tout cas à une solution politique. C’est un renversement de situation qui donne raison aux plus faibles contre les plus forts car là encore, Laurent Gbagbo sait qu’il a des pièces maîtresses en main ; il sait qu’en refaisant le compte, la duplicité des uns et des autres apparaîtra au grand jour. On saura qu’il y a eu bourrage d’urnes, qu’il y a eu falsification de procès-verbaux, violences de toutes sortes, bref, qu’une association de malfaiteurs emportant bien de démocraties classées parmi les plus exemplaires du monde, a été à la base d’une méga-fraude électorale dont les conséquences, les placent véritablement dans l’antichambre de la Cour pénale internationale.
II. REUNION A BAMAKO DES CHEFS D’ETAT DE L’UEMOA :
LES LECONS A EN TIRER
La réunion des chefs d’Etat de l’UEMOA à Bamako le 22 janvier 2011 marque (tout porte à le croire) un grand tournant dans la vie de l’institution, du Franc CFA.
Les chefs d’Etat ont confirmé les décisions prises par le Conseil des ministres de l’UEMOA du 23 décembre 2010 et en conséquence ont donné tous les pouvoirs et toutes les signatures à Alassane Ouattara. Ils ont, par la même occasion, fait démissionner le Gouverneur de la BCEAO, Philippe Henri Dacoury Tabley.
Il s’agit d’une position de fermeté extrême dont on sent qu’elle n’a pu être prise qu’avec le soutien de la France qui est un partenaire-clé de la zone CFA. C’est dans la guerre des défis entre Laurent Gbagbo et la communauté internationale, l’escalade pour signifier au président ivoirien et aux siens que la bataille financière est bien lancée et qu’elle ne s’arrêtera pas.
Cette option du reste semble rencontrer un consensus au niveau de l’union beaucoup plus que celle de la guerre pour en finir avec le régime ivoirien.
Si l’on peut se réjouir des progressions enregistrées dans ce domaine du rejet de la guerre, encore que rien ne garantisse qu’elle soit à jamais conjurée, il reste que l’asphyxie économique et financière, à terme, risque de poser autant de dommages que la guerre proprement dite.
Quoi qu’il en soit, après ces décisions, le pouvoir ivoirien est au pied du mur. On attend sa réaction. Acquiescer aux décisions, c’est un signal de recul qui ne peut que déboucher sur la reconnaissance d’Alassane Ouattara auquel tous les pouvoirs sont conférés pour gérer le pays. Refuser contraint à en tirer toutes les conséquences, départ de l’UEMOA et création d’une monnaie nationale. [...]
Suite et fin : ici...
merci delugio.
RépondreSupprimeren attendant que la synthese côte d'ivoire tunisie se fasse et une fois n'est pa coutume, un peu de poésie pour les lecteurs de ce blog, qui est une de nos maisons en temps de crise
bonne journée
saper aude
Un poème d'une amie tunisienne , pour tous ceux qui luttent pour la liberté
14 Janvier
Dites-leur
Que la saison de la colère gronde
Dites-leur
Que le printemps est en avance
Dites-leur
Que le jasmin a refleuri au cœur de janvier
Dites-leur
Que les fragrances enfantent l’espérance
Dites-leur
Que nous ne sommes plus éclatés et seuls
Dite-leur que sous le pavé bourgeonnent les étoiles
Dites-leur que les déchirures, les blessures, sont semences d’éclats de rire
Dites-leur que nous avons enterré nos peurs avec nos morts
Dites-leur que nos cris bravent leurs armes
Dites-leur que nos larmes ne sont plus amères
Dites-leur que nous avons déchiré nos muselières
Dites-leur que nous avons poussé les murs de nos sables et déterré la lumière
TOUNES THABET
Merci à toi et à elle. Je l'avais lu sur ton blog. Superbe !
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