L'organisation prématurée des élections ivoiriennes, sans le désarmement préalable exigé par les accords antécédents, a entraîné la fraude et les violences massives que l'on sait. En nier l'importance, comme a tenté de le faire la "communauté internationale", est en soi une injustice grave, dont la suite porte les conséquences, avec la situation actuelle de pré-guerre civile larvée et les violences qui en relèvent.
L'étape menace est en train de faire long feu... Même si le spectre de la guerre n'est pas encore tout à fait écarté. On n'en sait pas moins de plus en plus clairement qu'on n'arrivera à rien par la violence. On a beau inverser les rôles et attribuer à ceux qui n’appellent qu'à la paix, au dialogue et à la conciliation des intentions subversives et des comportements haineux, plus personne n'est dupe. Rien ne se construit ni ne se gagne autrement que par un comportement qui s'oppose à la violence.
Imposer aux pays d'Afrique comme normales des fraudes et violences électorales, dont ne serait-ce que le 100e vaudrait en Europe une évidente annulation et des poursuites pénales, est en soi partial et injuste.
Contre ce deux poids deux mesures quant à ce qui est acceptable, le geste de Damana Pickass, devenu célèbre dans le monde entier - froisser le texte d'une déclaration du porte-parole d'une Cei qui n'avait pu arriver à aucun résultat, - est un geste salutaire pour la démocratie réelle. La décision du conseil constitutionnel de ne pas valider le chiffre arbitraire avancé par Y. Bakayoko (donné invariablement et faussement par la plupart des médias comme "chiffre de la Cei" : la Cei n'a abouti à aucun chiffre !) est salutaire. L'investiture du Président Gbagbo, reconnu par le conseil constitutionnel, est le troisième moment salutaire pour la démocratie en Afrique : on ne pourra plus faire passer pour normales de telles élections, irrecevables dans n'importe quel pays occidental !
Quoiqu'il en soit de ce qu’auraient été les résultats avec une rébellion désarmée sans fraudes ni violences, - s'il n'y avait pas eu ces trois moments essentiels, les choses auraient pu passer comme lettre à la poste : comme l'inversion des résultats l'an dernier au Gabon, le scandale récent des élections togolaise, burkinabè, etc.
Le refus ivoirien de ce qui ne serait jamais accepté en Occident est en passe de déboucher sur ce qui se ferait partout ailleurs qu'en Afrique : recompter...
Et quoiqu'il en soit, la partialité de la "communauté internationale" ne changera rien au fait qu'un tournant a eu lieu : même si la désinformation se poursuit, elle n'est plus reçue. La partialité-même, à présent connue, se retourne contre ceux qui la promeuvent :
"Alors que les violences consécutives aux mots d'ordre de "pays mort" du Rhdp continuent d'endeuiller des familles avec mort de dizaines d'éléments de force de l'ordre, le dernier rapport de l'Ong "Human Rights Watch" est une véritable apologie à la partialité. Tout militant de droits de l'Homme que nous sommes, nous condamnons toute exaction sur un civil, sans distinction de nationalité, de sexe, de religion et de race. Mais ignorer les atrocités de Duékoué, avec une trentaine de morts, commises par les rebelles et maquillées en conflits intercommunautaires, relève d'une cécité intellectuelle qui discrédite dangereusement Human Rights Watch. On peut tuer à Issia, Lakota, etc… et molester un Préfet à Abengourou avant de mettre le feu à sa résidence, ces populations et ces autorités n'ont aucun droit!!!
Si, selon une dépêche de l'AFP, citant une source diplomatique africaine "le président ivoirien (Laurent Gbagbo) a réussi à fédérer autour de lui les pays qui sont frustrés par l`hégémonie occidentale, par idéologie anticolonialiste, mais aussi certains (…) qui ne voient pas d`un bon œil l`ordre donné à Gbagbo de partir, surtout à la lumière de ce qui se passe en Tunisie", c'est bien parce que le deux poids, deux mesures des gouvernements occidentaux agacent énormément et desservent Alassane Ouattara. […] A l'ère des autoroutes de l'information que crée l'Internet, les occidentaux n'ont toujours pas compris que le monde a changé et que les canaux traditionnels de manipulation des peuples par les médias ont désormais leurs limites." (Sékou Assegoué Godpeace, "Quand l`injustice agace", Le Nouveau Courrier, vendredi 28 janvier 2011)
L'Afrique est en passe de tirer les conséquences de la "crise ivoirienne" en matière de justice électorale : le Gabon déjà ne marche plus ; la Centrafrique exige des élections justes...
Quelque chose a déjà changé...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire