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Tant que les lions n'auront pas d'historiens, les histoires de chasse tourneront à la gloire du chasseur - Le mensonge se lève très tôt mais la vérité finit par le rattraper - Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage

vendredi 15 avril 2011

Abidjan, la perle des lagunes, a basculé dans l’horreur...


Lu sur "Crise ivoirienne". Extraits :

"Au bord de la route, des hommes. Ils attendent comme on ferait la queue pour aller au cinéma. Mais ils attendent anxieux. Au bout de la file, un gamin en tongs, short kaki. Les yeux rouges, la drogue sans doute. C’est pour passer devant lui que tous les hommes attendent. C’est lui qui décidera de leur vie. Ce qui lui confère l’autorité n’est pas son nouveau titre de « Forces Républicaines de Côte d’Ivoire » après voir porté celui de « Forces Nouvelles », mais la kalachnikov qu’il porte en bandoulière. C’est elle l’ultime argument, c’est elle qui a toujours raison. 


Les hommes, ou plutôt tous les habitants du quartier de sexe masculin et de plus de quinze ans, doivent donc s’aligner en plein soleil pour savoir s’ils verront un jour de plus. Ou plutôt pour savoir s’ils iront un peu plus loin dans la longue nuit des exactions. Tout dépendra de leur papier d’identité, et surtout de l’humeur de celui qui tient la « kalach ». Celui là veut faire du zèle. C’est à cause du journaliste accroupi au check point, aux aguets du scoop de la semaine comme une hyène devant une bête mourante. Alors le jeune homme à la kalach a barré la route d’une herse hérissée de lames de scie, même si les seules voitures qui roulent encore sont aux mains de ses acolytes.

Zoom sur la carte d’identité. Le patronyme est le viatique, il signe l’origine, distingue la « bonne » ethnie de la « mauvaise ». [...]

Abidjan, la perle des lagunes, a basculé dans l’horreur. Là où la liberté de la presse était telle qu’on pouvait écrire tout et n’importe quoi à l’encontre du supposé dictateur Laurent Gbagbo, la liberté ne s’exprime plus que par la fantaisie des jeunes bourreaux à se harnacher d’acier, et à tuer qui bon leur semble. Sous couvert d’importer sa démocratie, la France a réussi à importer le chaos qui lui permettra de piller impunément les ressources pétrolières en off-shore, tout en donnant une bonne leçon aux dirigeants africains assez fous pour revendiquer la souveraineté de leur pays."
[...]

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